Une percée inédite du RN dans le Rhône, terre macroniste
Dans la 10e circonscription, de tradition centre droit, le député sortant Thomas Gassilloud (Agir) sauve les meubles (32,5 %) en ballottage face au RN (31,2 %) et en triangulaire avec le NFP (23,6 %).
Le Rhône a assurément changé de visage électoral. Et les efforts de Gabriel Attal n’auront pas suffi. C’est auprès des députés Ensemble du territoire que le Premier ministre a achevé, vendredi, sa tournée de soutien du premier tour, en se rendant à Lyon et à Ternay, au sud de la métropole. Berceau de la macronie – en tout cas l’un de ses ancrages régionaux favoris – ce département de tradition social-démocrate avait accueilli comme une bénédiction le «en même temps» prêché en 2017 par Emmanuel Macron. En 2022, la majorité présidentielle a continué d’y obtenir parmi ses meilleurs résultats, s’arrogeant la moitié des députés, une moindre consolation après avoir remporté douze des 14 circonscriptions en jeu cinq ans plus tôt.
La percée du Rassemblement national est inédite sur ce territoire où le parti d’extrême droite n’a jamais fait élire de député. Il arrive en tête dans la majorité des zones rurbaines et rurales, notamment les terres viticoles assez aisées. Ainsi, dans la 8e circonscription (nord-ouest de Lyon), le RN récolte 33,5 % des suffrages et affrontera en quadrangulaire le Nouveau Front populaire (22,8 %), Ensemble (21,2 %) et Les Républicains (20,7 %).
Dans le Beaujolais (9e circonscription), où l’extrême droite a dépassé les 50 % aux européennes, le candidat Reconquête Patrick Louis, proche de Marion Maréchal ralliée au RN, totalise 35,4 % des voix et fera face en triangulaire au député sortant LR Alexandre Portier (25,4 %) et au candidat socialiste du NFP (23,3 %). Dans la 11e circonscription, Jean-Luc Fugit, député sortant Ensemble (26,9 %), est largement devancé par le LR-RN parachuté Alexandre Humbert-Dupalais (36,8 %), seul candidat du département issu de l’alliance d’Eric Ciotti avec l’extrême droite. Ils retrouveront au second tour le candidat communiste du NFP (22,9 %).
La nouvelle patronne départementale du RN en tête dans la 13e circonscription
Ce dimanche, aucun des députés sortants du camp macroniste n’était parti avec l’assurance d’une présence au second tour. Dans les Monts-d’Or (5e circonscription), le nord-ouest huppé de la métropole de Lyon, Blandine Brocard, députée Modem pour Ensemble, émerge en tête avec 32,2 % des voix, devant le candidat NFP Fabrice Matteucci, premier secrétaire fédéral du PS dans le Rhône (26,5 %) et le RN (25,2 %). Dans les monts du Lyonnais (10e circonscription), de tradition centre droit, le député sortant de la majorité présidentielle Thomas Gassilloud (Agir) sauve in extremis les meubles (32,5 %) en ballottage face au RN (31,2 %) et en triangulaire avec le NFP (23,6 %).
Dans la 12e circonscription (sud-ouest de Lyon), le député sortant Modem Cyrille Isaac-Sibille est devancé avec 29 % des voix par Lucie Gaillot, issue de la société civile, militante écologiste investie par le NFP (30 %). Ils retrouveront au second tour le RN (25 %). Dans la 13e circonscription, la députée sortante Ensemble Sarah Tanzilli n’arrive qu’en troisième position (24,2 %), devancée de peu par le candidat écologiste du NFP (26,2 %), tous deux loin derrière Tiffany Joncour (36,4 %), la nouvelle patronne du RN dans le Rhône. Elle n’a jamais exercé de mandat électif, à l’instar de l’intégralité des candidats de l’extrême droite dans le Rhône.
Ancrage à gauche des grandes villes
Le score des lepénistes est pondéré par l’ancrage à gauche de la ville de Lyon et de Villeurbanne, qui met en difficulté les deux députés de la majorité présidentielle Thomas Rudigoz (29,7 %) et Anne Brugnera (31 %), ex-fidèles de Gérard Collomb devancés dans les 1re et 4e circonscriptions par les candidates du NFP, Anaïs Belouassa-Cherifi (42,4 %), insoumise proche de Mélenchon, et la socialiste Sandrine Runel (38 %), adjointe de la majorité du maire écologiste de Lyon Grégory Doucet, pour deux triangulaires avec le RN (18,1 % et 17,9 %). Sans grande surprise, les 2e et 3e circonscriptions restent également favorables au NFP après leur reconquête par la Nupes en 2022.
Dans la 2e circonscription, le désistement de Hubert Julien-Laferrière (ex-PS devenu LREM, passé à Génération écologie durant son second mandat), mis en cause dans une procédure judiciaire, a profité au candidat de la société civile propulsé par Les Ecologistes, Boris Tavernier (49,8 %), président de l’association Vrac, loin devant Ensemble (25,1 %). Dans la 3e circonscription, la députée sortante Les Ecologistes Marie-Charlotte Garin conserve un très large avantage (51,5 %) face au parti de la majorité présidentielle (21,5 %). Les deux candidats du NFP évitent une triangulaire, tout comme Idir Boumertit dans la 14e circonscription (Vénissieux, Saint-Fons, Feyzin) où le député sortant LFI se place largement (48,8 %) devant le RN (28,2 %).
Enfin, à Villeurbanne (6e circonscription), l’insoumis Gabriel Amard, fidèle du clan Mélenchon, caracole sans difficulté en tête (46,3 %) en l’absence d’un candidat Ensemble. Ce qui lui permet d’éclipser la dissidence embarrassante de Jean-Paul Bret, maire durant des décennies de ce bastion socialiste et réfractaire au NFP, qui parvient à récolter près de 20 % des voix.