Le Brésil de la top Zaya Guarani

Marche en forêt, recettes d’açaï, justice pour le climat, cosmovisions… La top model et actrice activiste indigène Zaya Guarani affiche un parcours fulgurant, dominé par son combat pour préserver et célébrer la culture des peuples autochtones d’Amazonie.

Née à Porto Velho et élevée dans une communauté au cœur de la forêt amazonienne, dans l’État de Rondônia, Zaya Guarani restera aux yeux du monde la première indigène brésilienne à réaliser son rêve : percer en tant que mannequin et célébrer la beauté et la sagesse des cultures autochtones d’Amazonie. Arrivée à Rio de Janeiro seule, à 15 ans, cette descendante d’une lignée de chamans a appris l’anglais en sept mois. Devenue l’égérie de marques éthiques et engagées mondialement, cette gardienne de la biodiversité de 23 ans, alliée fidèle de Mère Nature, porte désormais sa voix jusque dans les plus hautes sphères internationales. Lors de la dernière Fashion Week, on lui a demandé de nous livrer quelques adresses brésiliennes qu’elle affectionnait avant son récent déménagement à New York.

Harper's Bazaar : Quelle est l’ethnie de tes ancêtres ?

Zaya Guarani : J’ai hérité de la puissante ethnie Kamurape du côté de ma grand-mère maternelle, chamane, mais j’ai été élevée dans des communautés et des cosmovisions différentes. Ainsi, je me reconnais aujourd’hui comme Guarani-Mbya.

En débarquant à Rio, tu as dû faire face à une autre réalité…

Nous avons quitté la forêt pour déménager à Porto Velho, la capitale du Rondônia, quand j’avais 7 ans, et c’était pire. Grâce à une bourse, j’ai pu partir à Rio et étudier. Au début, j’étais un peu perdue, mais j’ai pu retrouver le “goût de ma terre” dans la nourriture. Une cantine proche de mon école qui ne proposait que des plats typiques du Nord et des plats d’açaï cuisinés avec du crabe, du poisson ou de la farine de mandioca, est devenue mon QG.

Y avait-il d’autres endroits réconfortants ?

J’adorais aller au Parque Lage (un parc public, ndlr), grimper au sommet de la montagne, écouter le chant des oiseaux… Marcher et méditer dans la forêt, c’est comme savourer un gâteau.

Ton hôtel préféré à Rio ?

L’hôtel Janeiro. Un lieu plein de vie proche d’Ipanema, qui reflète l’esprit écoconscient, artisanal et 100% green de son propriétaire, fondateur de la marque carioca Osklen.

Tu déménages à Sao Paulo à 17 ans, avec un rêve : devenir mannequin. Mais les portes sont restées longtemps closes…

C’était violent. J’ai découvert que dans un pays composé d’une multitude d’identités, il n’y avait aucune représentativité indigène. J’ai commencé à utiliser ma voix pour montrer du doigt cette absence de visibilité. J’étais vue comme une activiste et non pas comme un mannequin… Mais je voulais devenir cette référence qui inspire les générations futures à se sentir belles et bien dans leur identité.

Avais-tu des alliés ?

Je me suis liée d’amitié avec la styliste militante Dayana Molina, pionnière de la mode indigène avec sa marque Nalimo. Ensemble, on a lancé le hashtag #descolonizeamoda et cofondé le collectif Indígenas na Moda BR en faveur d’une industrie créative inclusive. Notre mouvement a fait bouger les lignes. Désormais, toute une génération d’artistes urbains descendants d’ethnies indigènes s’active pour modifier les regards, notamment Eunice Baia ou Zahy Tentehar…

Un refuge green à conseiller à Sao Paulo ?

Le bar-restaurant de l’hôtel Rosewood à la Cidade Matarazzo, une oasis écoconçue dans d’anciens bâtiments revitalisés du quartier de Bela Vista, mêlant art de vivre et héritage architectural.

Des recommandations pour voyager dans ta région d’origine en Amazonie ?

Je ne conseillerais pas l’endroit où je suis née, qui est au cœur de la déforestation. Mais Manaus est un parfait point de chute pour rayonner dans les territoires où vivent de nombreuses communautés indigènes. L’accès est parfois difficile, ce qui laisse le temps de s’immerger dans ces paysages à la beauté intacte.

Une leçon d’exotisme ?

C’est vrai, nous avons des rituels, nous portons des noms de fruits et nous peignons notre visage… [Elle rit.] Mais notre connexion à la nature est bien plus profonde qu’une couleur de peau. Elle est liée à des connaissances et des sagesses ancestrales qui vont bien au-delà du visible.

Carnet d'adresses

Rio de Janeiro

Hôtel Janeiro : 100 % green avec vue sur l’Océan.

janeirohotel.rio

Tacacá do Norte : le meilleur açai.

instagram.com/tacaca_do_norte

Amazônia Soul : une cantine avec cuisine typique du Nord.

instagram.com/amazoniasoul

Parque Nacional da Tijuca : une forêt dans la ville.

parquenacionaldatijuca.rio

Sao Paulo

Cidade Matarazzo : c’est dans cet ensemble architectural que niche l’hôtel Rosewood et bientôt le premier Soho House d’Amérique du Sud.

cidadematarazzo.com.br

Nalimo : la griffe de mode éthique de la styliste militante Dayana Molina.

instagram.com/oficialnalimo/

Manaus

Banzeiro : le meilleur de la scène culinaire de la ville, primé aux 50 Best Restaurants.

linktr.ee/banzeiro

Échappées

Aldeia Multiétnica : à la rencontre des communautés dans des villages multiethniques du parc national de la Chapada dos Veadeiros.

aldeiamultietnica.com.br

Kubenkrãnkenh : séjour dans un village de l’ethnie kayapó (au sud de l’État du Pará), organisé par des créateurs de voyages brésiliens.

amzprojects.com

Instituto Inhotim : un musée à ciel ouvert où art et nature cohabitent en harmonie, à Brumadinho. inhotim.org.br/