Shota Arveladze, meilleur buteur de l'histoire de la Géorgie : « À l'étranger, vous êtes le visage de votre pays »

Shota Arveladze est toujours le meilleur buteur de la sélection géorgienne. (C. Yurttas/AFP)

Shota Arveladze, le meilleur buteur de l'histoire de la Géorgie, évoque ce rôle d'ambassadeur d'un petit pays, en club comme en sélection, aujourd'hui dévolu à Khvicha Kvaratskhelia, avant le huitième de finale historique contre l'Espagne à l'Euro 2024, ce dimanche à 21 heures.

Il a marqué 26 buts (en 61 sélections, entre 1996 et 2008), personne n'a fait mieux sous le maillot de la Géorgie, même si Khvicha Kvaratskhelia (16 buts en 33 sélections) et Georges Mikautadze (13 buts en 28 sélections), tous deux âgés de 23 ans, devraient le dépasser un jour. Il a connu le succès à l'Ajax (1997-2001) ou aux Glasgow Rangers (2001-2005) et ce même devoir de bien représenter son (petit) pays, peuplé d'à peine 3,7 millions d'habitants. Attablé au Stamba Café, un endroit en vogue de la capitale Tbilissi, Shota Arveladze (51 ans) nous a dressé le parallèle entre son rôle de joueur majeur en sélection, à l'époque, et celui de « Kvara », star actuelle du Napoli.

Peu de temps avant l'Euro, il avait même prédit une possible qualification de la Géorgie pour les huitièmes de finale, parmi les meilleurs troisièmes de groupe : « Un tournoi, ce n'est pas un marathon, il faudra être bon sur une grosse quinzaine de jours. Nous possédons un bon milieu de terrain, la Turquie (1-3) est une équipe très émotive et peut avoir de mauvais jours, les Tchèques (1-1) sont bien organisés mais ne font pas partie des favoris et le dernier affrontement pourrait être face à un Portugal déjà qualifié (2-0)... »

lire aussi

Willy Sagnol (Géorgie) : « Nous avons beaucoup appris de la défaite 7-1 contre l'Espagne »

Avez-vous endossé, lorsque vous étiez joueur et comme Khvicha Kvaratskhelia désormais, ce rôle d'ambassadeur d'un petit pays ?

Complètement, je le ressentais. On me sollicitait, lorsqu'il y avait un problème à résoudre, les gens savaient qu'ils pouvaient passer par moi. Un écrivain a dit : "à l'intérieur de vos frontières vous êtes ambassadeur de votre famille, à l'étranger vous êtes ambassadeur de votre pays". Vous en êtes le visage.

Est-ce une pression de devoir représenter son pays à l'étranger ?

La pression n'est pas liée aux buts que vous devez marquer, c'est votre métier et la raison pour laquelle vous avez été recruté. J'étais trop jeune pour la ressentir à l'époque mais vous essayez de vous comporter sous votre meilleur jour, en étant plus gentil, plus calme, plus généreux que vous ne l'êtes en temps normal.

Vous reconnaît-on encore dans la rue ?

Bien sûr, on m'arrête : "Ah Shota, c'est fantastique, ce que tu as fait, tu es héros, un chouette type." On m'apostrophe aussi : "pourquoi tu as dit ça, la dernière fois, pourquoi tu as agi comme ça ?". La célébrité n'est pas toujours simple à gérer, même pour Messi c'est difficile.

Quel est votre avis sur ce qu'accomplit Kvaratskhelia (auteur de l'ouverture du score contre le Portugal) ?

C'est compliqué pour lui aussi de porter tant d'espoirs sur ses épaules. C'est un joueur incroyable, très talentueux, une bonne personne. C'est le héros de sa génération, il motive des millions de gens, et c'est assez phénoménal à son âge.

Est-ce délicat d'être la star au sein d'une sélection un peu moins forte ?

Quand tu enfiles le maillot de clubs comme le Real, le Barça, l'Inter, par exemple, tu mets ton nom si haut que cela nourrit beaucoup d'espérance dans ton pays. Khvicha a été élu meilleur joueur de Serie A (en 2023) alors, forcément, les gens attendent plus de lui."

lire aussi

Toute l'actu de l'Euro 2024