Féris Barkat : « Nous ne sommes pas des cartes électorales ambulantes »

féris barkat : « nous ne sommes pas des cartes électorales ambulantes »

Féris Barkat : « Nous ne sommes pas des cartes électorales ambulantes »

En ces temps de chaos politique, rencontrer Féris Barkat est un défi en soi. Déjà au bord de l’explosion en temps normal, l’agenda de ce Strasbourgeois de 22 ans s’est encore alourdi depuis le 9 juin et l’annonce surprise de la dissolution de l’Assemblée nationale.

Féris Barkat ne brigue pourtant aucun mandat et n’est donc pas en campagne électorale. Mais il s’est donné pour mission de convaincre un maximumde jeunes des quartiers populaires de voter. « Avec le Rassemblement national aux portes du pouvoir, je ne me voyais pas rester les bras croisés », retrace le jeune homme, quand on le rencontre à Paris, gare de l’Est, entre deux trains, exténué par le contre-la-montre dans lequel il s’est lancé et les incessants allers-retours qu’il s’impose entre sa ville natale et la région parisienne.

Pour y parvenir, il compte sur son solide réseau dans les quartiers, construit grâce au minutieux travail qu’il mène depuis des mois avec son association Banlieues Climat, qui vise à sensibiliser les habitants des quartiers populaires aux enjeux écologiques. Mais il mène aussi des actions originales, comme ce barbecue organisé dimanche dernier au milieu des tours de Hautepierre, un quartier de Strasbourg, pour inviter les plus jeunes à s’emparer des questions politiques, et poste sans relâche, sur son compte Instagram aux 71 000 abonnés, des vidéos engagées dépassant parfois le million de vues.

François Gemenne : « Une victoire du RN serait un désastre pour l’écologie »

Dans l’une d’elles, publiée à cinq jours du vote, défilent les témoignages de Yasmine, Tourpal et Sofiane. Leur point commun ? Ils résident en France depuis des années mais, parce qu’ils ne sont pas naturalisés, ou qu’un de leur proche ne l’est pas, ils craignent de voir leur famille déchirée en cas de victoire de l’extrême droite en raison du risque d’expulsion hors du territoire français. « Ce sont eux qui vont subir directement la politique du Rassemblement national et pourtant ils sont invisibles dans l’espace médiatique », regrette Féris Barkat.

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Instagram - Féris Barkat on Instagram: "Épisode 3 - une histoire de papier Ce sont eux qui vont subir directement la politique du RN et pourtant ils sont invisibles dans l’espace médiatique. J’en ai rencontré beaucoup pour cette vidéo et ils font tout pour mobiliser leurs proches. Quand est-ce qu’on raconte leurs histoires? L’histoire d’une maman qui est la seule de sa famille a ne pas avoir été naturalisée. L’histoire de son fils, qui a peur que sa mère soit expulsée. L’histoire de ces français pour qui on ira tous et toutes voter. Merci à Yasmine, Sofiane, Tourpal ainsi qu’aux autres pour les témoignages. 🎥 @arnaud_h"

« On est invisibilisé 364 jours par an »

Comment mobiliser pour les législatives ? Le Strasbourgeois ne prétend pas avoir la recette magique. Mais « les appels moralisateurs au vote sont contre-productifs », assure-t-il en référence aux discours culpabilisants entendus dès le soir du 9 juin, attribuant aux seuls abstentionnistes la responsabilité du score élevé du Rassemblement national (RN). Convaincu que « ce ne sont pas les habitants des quartiers populaires qui se sont éloignés de la politique, mais la politique qui s’est éloignée d’eux », il déplore des programmes en profond décalage « avec ce que l’on vit dans les quartiers », « portés par des gens qui ne nous ressemblent pas ». Et invite les responsables politiques à l’introspection.

« Quand on est invisibilisé 364 jours par an, comment s’étonner que l’on ne réponde pas présent le jour du vote ? Nous ne sommes pas des cartes électorales ambulantes. »

Les partis,Féris Barkat les tient pour l’instant à distance, refusant de dévoiler son vote et prenant bien soin de fuir toute tentative de récupération. Interrogé sur le Nouveau Front populaire (NFP) dans l’émission « C ce soir », sur France 5, le Strasbourgeois a préféré mettre en garde les forces de gauche : « Bien sûr que le Front populaire porte nos idées, mais est-ce qu’il le fait pour nous ou avec nous ? La question de l’identification est presque plus importante que celle du projet. »

Twitter - C Ce Soir on Twitter / X

Surpris d’avoir vu son nom sur une liste de personnalités de la société civile susceptibles de s’engager pour les législatives, qui a circulé sur les réseaux sociaux, il jurene pas avoir été approché et ne nourrir aucune ambition politique :

« Ma démarche est désintéressée. Je ne suis pas là pour donner de la force à un parti mais pour offrir à des jeunes aujourd’hui dépolitisés des leviers d’émancipation. »

Premières victimes du changement climatique

Unsujet qu’il connaît mieux que personne : originaire de Koenigshoffen, un quartier prioritaire de la ville (QPV) en périphérie de la capitale alsacienne, Féris Barkat arpente depuis un an et demi ces territoires relégués aux marges des grandes villes, aux côtés de Sanaa Saitouli, Abdelaali el Badaoui et le rappeur Sefyu, avec qui il a fondé Banlieues Climat. Leur objectif : démocratiser les connaissances sur l’environnement et la transition écologique, et, surtout, battre en brèche l’idée que leurs habitants seraient indifférents au dérèglement climatique.

«Â C’est au discours écolo dominant – qui parle d’empreinte carbone, de petits gestes individuels et d’arrêter les voyages en avion – qu’ils sont imperméables », défend le militant associatif. Fustigeant une approche « aveugle aux problématiques sociales », trop centrée sur la consommation et la responsabilité individuelle,il ajoute :

« On ne peut pas demander à des gens déjà privés de beaucoup de choses, de se priver encore davantage. »

Lui propose, au contraire, de sensibiliser les habitants à ces enjeux en leur parlant de leur quotidien : mauvaise qualité de l’air, déficit d’espaces verts dans les zones urbaines, alimentation…

« A chaque canicule, on vit un confinement bis » : à Aubervilliers, le calvaire de la chaleur

Car s’ils sont peu émetteurs de CO₂, ces habitants sont en revanche les premiers touchés par les impacts du changement climatique et les pollutions industrielles. Pour Féris Barkat, deux chiffres résument la situation : la canicule de 2003, particulièrement meurtrière en Seine-Saint-Denis, avec une surmortalité estimée à +160 %, et l’écart d’espérance de vie – « six ans ! » – entre un cadre et un ouvrier. « Dans les quartiers populaires, des injustices complètement dingues ont été banalisées !, dénonce le jeune Alsacien, dont le père, d’origine algérienne, trime depuis vingt-cinq ans dans une usine agroalimentaire. L’écologie permet de faire entrer par effraction la question sociale dans les débats. »

D’autant que, à ses yeux, ces inégalités perdurent. L’installation d’« aspirateurs à pollution » dans le village olympique, en Seine-Saint-Denis, en raison de la proximité d’autoroutes et du périphérique parisien, l’a récemment indigné :

« On purifie l’air des athlètes, mais pas celui des habitants. La pollution n’est pas un problème quand il n’y a que nous qui la respirons… »

« Echapper aux déterminismes »

En l’espace d’un an et demi, Féris Barkat et Banlieues Climat ont abattu un travail considérable. Bagnolet, Cergy, Les Mureaux, Strasbourg, Grigny… Plus de 300 personnes ont déjà été formées par l’association, qui espère même ouvrir à la rentrée une école de l’écologie populaire à Saint-Ouen. Et les sollicitations, y compris médiatiques, pleuvent désormais sur son cofondateur. « J’ai un rythme de vie en décalage avec ce que je prône : je cours partout, alors qu’il faudrait plutôt que nos vies ralentissent », résume le jeune homme, dont le regard ne cesse d’être happé par les notifications qui inondent son smartphone jour et nuit.

Symbole de cette ascension folle, Féris Barkat a fait l’ouverture du festival écolo We Love Green, fin mai, au bois de Vincennes.« J’ai 22 ans et rien ne me prédestinait à être devant vous », a-t-il lancé à la foule,subjugué de se retrouver devant des milliers de personnes, son portrait projeté sur les écrans géants disposés de part et d’autre de la scène.

Féris Barkat sur la scène du festival We Love Green, au bois de Vincennes, à l’est de Paris, le 31 mai 2024. (WE LOVE GREEN)

L’écologie, Féris Barkat y est venu sur le tard, sensibilisé par des associations étudiantes lors de son passage à la prestigieuse London School of Economics (LSE), après l’obtention de son bac. La maladie de sa mère, emportée par une tumeur au cerveau l’année dernière, l’a poussé ensuite à s’intéresser aux liens entre santé humaine et environnement, sur lesquels il est maintenant intarissable.

Comme beaucoup de camarades de sa génération, Féris Barkat n’a pas échappé à l’éco-anxiété. Mais il a trouvé dans l’action un moyen de conjurer ses angoisses – du manque d’eau aux fragilités du système de santé, dont il redoute « l’effondrement ».

« Démo-anxiété » et « déflagration psychique » : le peuple de gauche en plein ascenseur émotionnel

Face à l’éventualité de l’arrivée au pouvoir du RN, il avoue être incapable de se projeter au-delà du 7 juillet, entièrement focalisé pour le moment sur l’enjeu de la mobilisation. « Il n’est pas facile de se construire comme jeune homme dans une société où tant de gens ont de la haine contre toi, fait-il simplement remarquer. Ce parti a déjà fait beaucoup de dégâts en imposant ses mots et sa rhétorique. » A quelques jours du premier tour, il refuse encore d’envisager le pire, espérant un sursaut.

« Sur le papier, ma génération a tout pour être gagnée par la résignation et le sentiment d’impuissance. Mais j’ai envie de croire que l’on peut échapper à ces déterminismes. Et même que l’on est capable de faire preuve d’intransigeance dans des combats essentiels comme la lutte pour le climat et la démocratie et contre les oppressions. »

Les législatives anticipées ont chamboulé son agenda, mais pas sa détermination à déjouer les pronostics.

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