Retraite : pourquoi les classes moyennes sont de plus en plus inquiètes pour leur pension

Moins d’un retraité sur deux considère que sa pension lui permet de vivre correctement

D’après une étude, les classes moyennes sont particulièrement inquiètes pour leur future retraite. Pour se rassurer, elles se tournent vers des produits d’épargne comme l’assurance vie ou le Livret A.

Seulement un tiers. C’est la proportion des personnes qui estiment pouvoir vivre correctement à la retraite avec leur pension, d’après l’étude «Les Français, l’épargne et la retraite», réalisée par Amphitéa (association d’assurés partenaire d’AG2R la Mondiale) et le Cercle de l’épargne et dévoilée ce jeudi 27 juin. Pire, en 2024, moins d’un retraité sur deux (47%) considère que sa pension lui permet de vivre correctement, un pourcentage en baisse de 7 points (54%) par rapport à l’année dernière.

Parmi les explications de ces chiffres peu rassurants, l’inflation mais aussi la dernière réforme des retraites, qui est loin d’avoir convaincu les retraités actuels comme futurs. Et principalement les classes moyennes (gagnant entre 2 000 et 4 000 euros par mois), de moins en moins confiantes dans notre système par répartition qui fait que les actifs d’aujourd’hui cotisent pour les retraités. «On constate un mouvement des classes moyennes pour mettre de l’argent dans les produits d'épargne et une inquiétude plus grande sur les perspectives de la retraite», relève Jérôme Jaffré, directeur du Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique (Cecop), qui a mené l’enquête auprès de plus de 1 000 personnes.

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Assurance vie, Livret A et PER en tête

Alors pour tenter de se rassurer et espérer augmenter leur future pension de quelques centaines d’euros par mois, les classes moyennes cherchent à épargner. «Elles ont le sentiment qu’elles vont devoir faire plus d’efforts pour maintenir leur niveau de vie à la retraite et que la société française assure moins bien leur avenir qu’avant», analyse Jérôme Jaffré. Un constat qui se retrouve clairement dans les chiffres de l’étude. Ainsi en 2024, 66% des personnes ayant un revenu compris entre 2 000 et 3 000 euros par mois épargnent pour leur retraite, soit une hausse de 9 points en un an. La tendance est la même pour les actifs gagnant entre 3 000 et 4 000 euros par mois. Ils sont 69% à épargner pour leur retraite en 2024, contre 59% en 2023.

Sans surprise, ces actifs se tournent vers des produits d'épargne plutôt classiques comme l’assurance vie, le Livret A ou encore le plan d’épargne retraite (PER). Ils sont un peu moins attirés par l’investissement locatif - l’achat d’un bien pour le louer - ou encore les actions. Des placements sûrs qui doivent leur permettre d’appréhender l’avenir avec un peu plus de confiance, ce qui est loin d’être gagné. «D’après le Conseil d’orientation des retraites, pour la première fois depuis des années, le niveau de vie relatif des retraités est inférieur à celui des actifs, note Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne. Mais l’on constate que depuis la réforme de François Fillon en 2003 (qui allonge notamment la durée de cotisation nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein, NDLR) et la succession de réformes qui a suivi, il y a réellement une rupture avec les classes moyennes qui se disent que leur pension ne leur permettra pas de vivre correctement. Cette angoisse est maintenant installée», constate-t-il. Une crainte qui, de manière beaucoup plus large, crée une véritable défiance envers les pouvoirs publics et leur capacité à garantir une pension de retraite jugée suffisante.

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