Législatives 2024 : La France a-t-elle connu la plus forte baisse du pouvoir d’achat de ces quarante dernières années ?
Le candidat du Nouveau Front populaire a affirmé lors du débat des législatives sur TF1 que le pouvoir d’achat des Français avait fortement baissé, avant d’être contredit par Gilles Bouleau. 20 Minutes fait le point
Manuel Bompard a affirmé que les Français avaient connu une baisse historique de pouvoir d’achat sur les quarante dernières années, lors du débat face à Gabriel Attal et Jordan Bardella diffusé hier sur TF1. (illustration)
fake off - Le candidat du Nouveau Front populaire a affirmé lors du débat des législatives sur TF1 que le pouvoir d’achat des Français avait fortement baissé, avant d’être contredit par Gilles Bouleau. 20 Minutes fait le point
Lors du débat l’opposant à Gabriel Attal et Jordan Bardella, le porte-parole de la France Insoumise Manuel Bompard a affirmé : « Les Français ont vu ces dernières années la plus forte baisse de pouvoir d’achat de ces quarante dernières années. »
Le journaliste Gilles Bouleau, animateur du débat aux côtés d’Anne-Claire Coudray, intervient quelques instants plus tard pour contredire son propos : « Ce que vous dites est factuellement inexact. Le pouvoir d’achat, en moyenne, c’est l’Insee et la Banque de France qui nous le dise, a augmenté de 26 % ces 24 dernières années. C’est beaucoup plus que dans la zone euro. » Il ajoute par la suite que ce dernier « a baissé en 2013 et en 2022, uniquement deux années, dans ces dix dernières années ».
Manuel Bompard lui répond alors : « Le salaire mensuel de base, ces trois dernières années, a baissé. C’est-à-dire le salaire des Français, rapporté à l’augmentation des prix. Les Français ont vu leur pouvoir d’achat baisser ces trois dernières années ».
FAKE OFF
Comme l’affirme Gilles Bouleau, le pouvoir d’achat a effectivement augmenté de 26 % sur ces 25 dernières années. Ce chiffre est notamment mentionné dans la Lettre au président de la République du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, datant d’avril 2024. On peut y lire que « le pouvoir d’achat du revenu disponible par habitant a significativement progressé en France, de 26 % en cumulé depuis 1999, contre 17 % seulement dans l’ensemble de la zone euro ». La Banque de France explique notamment cette évolution par « transferts sociaux [c’est-à-dire les prestations sociales] – et donc des déficits publics – qui restent plus importants que chez nos voisins, et par des salaires réels dynamiques ». Le pouvoir d’achat est défini par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) comme le « volume de biens et services qu’un revenu permet d’acheter ».
Toutefois, il est également vrai que le pouvoir d’achat a chuté au cours de ces quatre dernières années. On peut le constater via les données de l’Insee disponibles en ligne. Comme l’indique également l’Insee sur X (Twitter), en réponses à des publications mentionnant les chiffres donnés par Manuel Bompard : « entre 2018 et 2023, le pouvoir d’achat du revenu disponible des ménages par unité de consommation [c’est-à-dire ramené au niveau individuel] s’est replié de 0,4 % en 2020 et 2022. »
En revanche, la plus forte baisse du pouvoir d’achat de ces 40 dernières années, a eu lieu en 2013, où le pouvoir d’achat par unité de consommation a chuté de 1,7 % par rapport à l’année précédente.
Sur le salaire réel, Bompard a raison
Enfin, comme le mentionne Manuel Bompard à la fin de l’échange, on peut aussi se référer au salaire mensuel de base « réel », c’est-à-dire celui qui tient compte de l’inflation, pour évaluer le pouvoir d’achat. Il est vrai que celui-ci a baissé ces dernières années. D’après les données de l’Insee, le salaire mensuel de base réel a reculé de 1,9 % en 2022, et 0,6 % en 2023.
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Dans un article publié par le média Alternatives Economiques en novembre 2023, Mathieu Plane, directeur adjoint du département Analyse et prévision de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) expliquait notamment à propos de ces données que « les salariés ont encaissé une perte historique de pouvoir d’achat » sur les deux dernières années. Il indiquait par la suite que « la baisse récente du salaire réel n’a pas d’équivalent au cours des dernières décennies ». En cause : la trop forte augmentation de l’inflation par rapport à celle du salaire mensuel de base, « largement insuffisante pour couvrir la hausse du coût de la vie ».
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