Argentine: privée de fonds, la province de La Rioja crée sa propre monnaie

Le gouverneur de la Rioja, Ricardo Quintela (au c.) avec l’ancien président argentin, Alberto Fernandez (à g.), le 12 juin 2020.

En Argentine, la province de la Rioja s’apprête à créer sa propre monnaie, en parallèle du peso. Privée de fond par le « choc d’austérité » décrété par Javier Milei, cette province du nord-ouest du pays gouvernée par l’opposition péroniste émettra une monnaie locale, le Bocade, afin de payer les salaires de ses fonctionnaires.

Comme lors de la grande crise économique de 2001, la province de La Rioja s’apprête à émettre sa propre monnaie. Le Parlement local de cette région agricole andine du nord-ouest de l’Argentine, parmi les moins peuplées du pays avec ses 385 000 habitants, a approuvé hier l’émission de l’équivalent de 26 millions de dollars en une nouvelle devise locale, rapporte notre correspondant à Buenos Aires, Théo Conscience.

Cette monnaie est baptisée Bocade, pour la contraction de « bono de cancelacion de deuda », c’est-à-dire bon de recouvrement de dette. Ces bons émis par le gouvernement provincial seront utilisés pour payer les salaires des très nombreux agents de la fonction publique, et pourront ensuite servir de moyen de paiement.

Selon son gouverneur Ricardo Quintela (parti justicialiste), la province a été « obligée » de créer sa propre monnaie à cause de la « cruauté » de l’ajustement budgétaire décidé par Javier Milei. Afin d’éliminer le déficit fiscal, le président ultralibéral a notamment décidé de couper drastiquement dans les transferts de ressources de l’État vers les provinces. Une mesure qui s’inscrit selon Quintela dans un plan destiné à « déstabiliser les gouvernements provinciaux ».

Aucun délai n’a été avancé à ce stade pour le lancement du Bocade, ni précision sur son caractère virtuel, ou également physique. L’exécutif doit d’abord s’accorder avec la banque publique provinciale et diverses entités bancaires et du secteur privé sur les modalités d’usage.

Le président Javier Milei a ironiquement célébré l’initiative de La Rioja, en rappelant qu’il avait toujours défendu la concurrence entre les monnaies, et averti que l’État central ne viendrait pas à la rescousse en cas d’insolvabilité de la province.

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(et avec agences)