Deux femmes ont accusé récemment Dino Scala de les avoir violées en 1987. Celui que l’on appelle le « violeur de la Sambre » a déjà été condamné à vingt ans de prison
Dino Scala (en médaillon) a été condamné en juillet 2022 à vingt ans de prison pour 54 viols et agressions sexuelles commis entre 1988 et 2018 à proximité de la rivière Sambre.
enquete – Deux femmes ont accusé récemment Dino Scala de les avoir violées en 1987. Celui que l’on appelle le « violeur de la Sambre » a déjà été condamné à vingt ans de prison
C’est un souvenir enfoui datant de 1987, presque oublié, qui a ressurgi brusquement. Et qui est venu bousculer le présent de Sylvie*. Le 27 février 2018, la presse annonce l’arrestation de Dino Scala. L’homme de 57 ans est alors soupçonné d’être le « violeur de la Sambre », un prédateur sexuel dont le terrain de chasse s’étend le long de cette rivière qui traverse la frontière franco-belge et le bocage de l’Avesnois, dans le Nord. Cet ouvrier, qui travaille pour Jeumont Electric, avoue en garde à vue avoir violé ou agressé sexuellement des dizaines de femmes durant trente ans. Il agissait souvent au petit matin, le visage dissimulé, et attaquait ses victimes dans le dos, parfois en les immobilisant avec des cordelettes.
En apprenant la nouvelle de cette arrestation, Sylvie* est troublée. Elle repense à cette froide matinée de janvier 1987. A cet homme qui l’a agressée vers 7 heures, alors qu’elle allait prendre le bus, à Aulnoye-Aymeries, pour se rendre au lycée, à Avesnes-sur-Helpe. Lui aussi est arrivé par-derrière, le visage pour partie caché sous un bonnet. Alors âgée de 17 ans, elle était parvenue à fuir et avait déposé plainte. Les policiers qui pensaient que son agresseur allait récidiver ont bien tenté de le retrouver. En vain. Et les jours suivants, Sylvie est allée en cours avec la boule au ventre.
Des dossiers écartés un peu rapidement
Le mode opératoire, le lieu, l’horaire, etc. Trente-et-un ans ans plus tard, Sylvie « comprend tout de suite que Dino Scala était son agresseur, elle en est persuadée », confie à 20 Minutes son avocat, Me Emmanuel Riglaire. Il y a environ un mois et demi, elle s’est décidée à contacter le pénaliste lillois pour lui raconter cette histoire qu’elle gardait jusque-là pour elle. Le traumatisme de cette agression « est encore très présent en elle », poursuit-il.
Depuis, une autre femme a indiqué à la police judiciaire lilloise avoir elle aussi été victime d’une agression sexuelle en 1987, à Aulnoye-Aymeries. Elle a fait « un éventuel rapprochement avec Dino Scala » après la diffusion d’un reportage dans Sept à huit sur TF1 et de la série Sambre sur France 2, a indiqué la procureure de Valenciennes, Christelle Dumont.
La justice étudie ces deux nouveaux signalements qu’elle pourrait éventuellement joindre à l’information judiciaire en cours concernant le « violeur de la Sambre ». Dino Scala, a été condamné en juillet 2022 à vingt ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté des deux tiers, pour une série de 54 viols, tentatives de viols et agressions ou tentatives d’agression sexuelles. Mais la liste de ses victimes pourrait encore s’allonger. A la suite de son procès, un juge d’instruction a été saisi en mars 2023 pour réexaminer une quinzaine de faits commis entre 1988 et 2009. Des dossiers écartés un peu rapidement par les policiers qui enquêtaient à l’époque sur Dino Scala mais qui pourraient finalement bien porter sa signature.
Un « chiffre noir très important »
«Ã‚ On sait qu’il y a plein d’autres victimes. Je suis persuadé qu’il avait commencé avant 1988. Dino Scala a lui-même évoqué des agressions dont on n’a jamais identifié les victimes », explique Me Riglaire. Mais, ajoute-t-il, « certaines laisseront toujours tout ça sous le tapis. A l’époque, la mentalité n’était pas la même. Et certains parents de ces femmes relativisaient la gravité des faits ». Il y a aussi celles qui « entre-temps se sont mariées et n’en ont jamais parlé àleur mari ».
«Ã‚ Le chiffre noir des victimes de Dino Scala est très important », assure également Me Caty Richard**, qui en a défendu plusieurs lors de son procès. La pénaliste estime qu’il existe deux catégories de femmes qui pourraient encore se manifester pour dénoncer une agression : « il y a d’abord toutes celles qui n’ont jamais déposé plainte, qui n’ont pas osé ou qui ont culpabilisé. Certaines ont aussi essayé àl’époque de s’autopersuader que les faits n’étaient pas si graves. Pourtant, une grande partie d’entre elles subissent encore aujourd’hui un retentissement psychologique important. »
« Elle peut s’exprimer tranquillement »
Les autres ont « peut-être déposé plainte à l’époque ». « Mais ces agressions avaient été largement minimisées par les services de police. Souvent, les faits ont été requalifiés autrement, en vol ou en tentative de vol avec violence. Son mode opératoire rendait parfois compliqué une analyse objective de ses intentions. Elles seules savent que ce qu’elles ont subi était bien plus grave. » A toutes ces victimes silencieuses, « le procès de Dino Scala a pu permettre d’ouvrir les yeux », analyse Me Richard.
Sylvie, elle, a suivi attentivement le déroulé de l’affaire, de l’arrestation du « violeur de la Sambre » à son procès. « Elle a vu que ça avait bien marché, même pour d’autres femmes dont le dossier avait été perdu ou dont les faits avaient été mal qualifiés juridiquement à l’époque », explique Me Riglaire. « Elle a vu que la justice prenait soin d’elles et les écoutait, qu’il avait été condamné. Lui derrière les barreaux, elle peut désormais s’exprimer tranquillement. » La parole d’une femme décidée aujourd’hui à demander justice pour l’adolescente qu’elle était. Et qui espère obtenir réparation dans le futur, lors d’un éventuel nouveau procès pour Dino Scala.
*Le prénom a été changé
** « Crimes, délits et vies brisées », de Caty Richard (avec Catherine Siguret), janvier 2024, éditions Albin Michel
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