"Un phénomène climatique qu'on redoutait": des dégâts visibles et du gel encore attendu dans les Alpes du Sud

Les températures ont atteint -5°C vers Théus ou encore dans le Sisteronais. Le gel a causé des dégâts ces derniers jours dans les Alpes du Sud.

Les dégâts visibles du gel de ce mois d’avril 2024 dans les Alpes du Sud

Un nouveau coup de froid est survenu dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 avril dans les Alpes du Sud. Le gel a causé des dégâts ces derniers jours et les prochains sont d’autant plus à craindre.

“Les arboriculteurs ont passé la nuit à protéger leurs vergers, mais on est face à un phénomène climatique qu’on redoutait”, estime Éric Lions, président de la chambre d’agriculture des Hautes-Alpes.

“Un tiers du vignoble est touché à 50%”

Le constat n’est pas des meilleurs en ce début de semaine. “On a encore un épisode qui devrait arriver dans la nuit de mercredi à jeudi. Après on repartirait vers une hausse des températures et ce n’est que dans quelques jours qu’on fera un bilan plus exhaustif”, ajoute Éric Lions.

Néanmoins, les dégâts causés par le gel sont déjà visibles. Si, dans les vergers, l’aspersion a permis de limiter les pertes, dans les vignes les dégâts sont déjà importants.

“On estime pour le moment qu’un tiers du vignoble est touché à 50%, donc c’est conséquent”, explique le président de la chambre d’agriculture haut-alpine. Il poursuit: “les cultures qui ont le plus souffert sont les vignes parce qu’il n’y a pas de moyens de lutte efficace. Et compte tenu du climat de l’hiver doux, la végétation est très en avance lorsqu’il y a du gel et les cultures souffrent”.

“Des feuilles qui gèlent plus facilement”

Jusqu’à -5°C à Théus ou encore -2°C à Pierrevert ont été relevés. Là aussi, plusieurs secteurs ont été touchés, comme notamment les domaines en bord de Durance. Au domaine de Régusse, à Pierrevert, ce lundi 22 avril, on fait pour le moment état de 20% de perte sur l’ensemble des vignes. Mais lorsqu’on arrive, il ne faut pas longtemps pour se rendre compte que les feuilles flétries contrastent avec celles d’un vert éclatant qui ont tant bien que mal résisté aux assauts du froid.

“On a eu un hiver pluvieux, ce qui est très bien. Mais on a des feuilles qui sont pleines d’eau et qui gèlent plus facilement”, explique Jean-Pierre Vachier, chef de culture au domaine de Régusse.

“Il y a des domaines qui utilisent des bougies pour réchauffer l’atmosphère. Sur 3 ou 10 hectares, c’est jouable. Mais nous on a 170 hectares: il faudrait un personnel énorme et ça a un coût faramineux. C’est 9 euros la bougie et il faut en mettre 600 par hectare”, détaille Jean-Pierre Vachier.

Ce dernier est déjà présent sur le domaine depuis une vingtaine de printemps et constate que les dernières années sont plus compliquées: “c’est récurrent, tous les printemps depuis cinq ans, on a des petits coups de gel. Mais là cette année, c’est assez violent”.

“Le pire est à venir”

D’autres cultures, comme les fourrages sont désormais à l’arrêt. Dans le monde agricole, la crainte des prochains jours est bien présente, mais cette situation pèse aussi lourdement sur le moral de tous les acteurs du monde agricole.

“Les deux nuits qui arrivent, on annonce des ressentis à -4°C, ça va être catastrophique et à force, on ne va plus tenir”, souffle Frédéric Esmiol, président de la chambre d’agriculture 04.

Un avis partagé par Thierry Gaudin, élu à la chambre d’Agriculture 04. “On pensait que c’était fini, mais le pire est à venir, d’autant plus que certains agriculteurs n’ont pas les moyens de s’assurer”.

Dans toutes les Alpes du Sud, jusqu’à la fin de la semaine, le monde agricole va donc surveiller ces épisodes de froid en espérant qu’ils laissent derrière eux le moins de nouveaux dégâts possibles.