Ukraine : Kiev sème le chaos et de coûteux ravages dans la base aérienne russe de Dzhankoi, en Crimée occupée

De multiples (et très coûteux) systèmes russes détruits ou très endommagés.

L’Ukraine, qui souffre mais devrait bientôt à nouveau recevoir une aide massive des États-Unis, a détruit de nombreux appareils et très coûteux systèmes radars et de défense en frappant de ses missiles la base aérienne de Dzhankoi, ou Djankoï, en Crimée.

Ce mois d’avril 2024 sera peut-être, pour l’Ukraine et pour sa survie face à son rugissant envahisseur russe, un moment charnière. Sur le terrain, elle souffre. Sevrée de munitions, elle souffre notamment sur le front de l’est, comme l’a signalé le commandant en chef de ses forces armées, Oleksandr Syrskyi, et ainsi que l’a rapporté Politico notamment.

Tchassiv Iar (ou Chasiv Yar), dans le Donbass, est le lieu d’une âpre bataille que Moscou pourrait gagner, comme l’a résumé Courrier International. À terme et comme l’a expliqué Newsweek, le pays se prépare même à une possible tentative d’assaut massif pour une reconquête Kharkiv, déjà pilonnée quotidiennement par les troupes du Kremlin.

Une petite musique commence même à se faire entendre, à Kiev comme dans les médias occidentaux. Ces derniers jours, l’Ukraine ne songe plus à la reconquête des territoires occupés par les armées de Vladimir Poutine mais évoque à mots découverts, comme l’ont expliqué le Los Angeles Times ou Business Insider, la possibilité d’une défaite totale, dès cette année.

Ce qui pourrait la sauver, sans doute un peu plus in extremis qu’elle ne l’aurait souhaité ? Le déblocage, enfin, de l’aide militaire américaine, envisagé dans les prochains jours avec le vote provoqué à la Chambre par son speaker Mike Johnson, et qui pourrait lui apporter un énorme bol d’air moral et matériel – et très probablement de très précieux missiles à longue portée pour ses ATACMS.

Mais avant que ces obus, missiles, blindés ou (vitaux) systèmes de défense aérienne ne puissent voir le sol ukrainien et requinquer les forces armées du pays, Kiev a besoin de jolis coups pour son moral, et retrouver un peu d’optimisme pour l’avenir.

Et c’est précisément ce qu’elle semble avoir réussi en frappant massivement et de manière très spectaculaire, dans la nuit de mardi à mercredi, la base aérienne russe de Dzhankoi (ou Djankoï), dans le nord de la Crimée occupée, où elle semble avoir causé de très importants et coûteux dégâts.

30 morts, 80 blessés et de très, très gros dégâts

Comme souvent, les rapports de l’attaque ont d’abord fleuri sur les réseaux sociaux, où d’impressionnantes vidéos d’explosions massives ont été diffusées. Ces feux d’artifice multiples et dantesques ne trompaient pas : l’Ukraine avait fait mouche, et sans doute détruit au passage de nombreux appareils ou engins russes.

La pluie de missiles et peut-être de drones qui s’est abattue sur la base de Djankoï, considérée comme un hub logistique majeur pour l’effort de guerre russe, n’a pas fait que des dégâts matériels : selon Newsweek et des témoignages publiés sur Telegram, une trentaine de soldats russes au moins auraient été tués, et plus de quatre-vingt auraient été blessés.

Un peu plus tard, lors de son allocution quotidienne, le président ukrainien Volodymyr Zelensky félicitait ses troupes et leur commandant pour cette frappe réussie, sur laquelle il n’a en revanche pas offert plus de détails, comme l’explique The Kyiv Independent.

Quelques-uns des nombreux hélicoptères – et notamment les terribles et si mortels Ka-52 “Alligator” – qu’abrite (ou tentait d’abriter) la base russe ont peut-être été fauchés dans ces vastes explosions.

Deux salves de missiles pour détruire radars et systèmes S-300 et S-400

Mais ce sont d’autres matériels fauchés par les projectiles ukrainiens qui frappent la Russie le plus durement. La frappe, expliquent certaines sources russes relayées par The War Zone, se serait faite en deux temps.

Une première salve de missile se serait chargée des systèmes de défense antiaérienne, nombreux, nombreux et surtout très coûteux, qui équipaient la base. Certaines sources russes, photos de débris à l’appui, indiquent que ce sont des projectiles tirés depuis un MGM-140 “Army Tactical Missile System” (le fameux et redoutable ATACMS) qui ont plu, en nombre, sur les S-300 et S-400 de Djankoï.

Glanées au lendemain de l’attaque, des photos des dégâts subis par les systèmes ne laissent que peu de doute : la frappe a été massive et sans pitié, et les systèmes en question ont été en grande partie ravagés. Selon des sources ukrainiennes, ce sont entre trois et cinq de ces S-300 et S-400 qui auraient été touchés – lanceurs de missiles ou radars attenants.

Une fois ces défenses annihilées ou très affaiblies, une seconde salve de missiles se serait ensuite abattue sur d’autres parties de la base de Djankoï, peut-être les hélicoptères mentionnés plus tôt, mais aussi et surtout un centre de réparation de l’armée russe.

Un important dépôt de munitions aurait aussi pu être détruit, ce qui expliquerait certaines des explosions secondaires aperçues sur les vidéos de l’attaque. Ainsi que le rapporte Newsweek, qui précise cependant clairement que l’information ne tient que de la rumeur invérifiable, certains racontent que ces dépôts contenaient notamment des missiles Zircon, l’un des plus récents dont dispose la Russie, et projectile hypersonique bien sûr présenté comme redoutable.