Qui est Georges-Louis Leclerc, le scientifique Français qui avait un siècle d’avance sur Darwin ?

Qui est Georges-Louis Leclerc, le scientifique Français qui avait un siècle d’avance sur Darwin ?

Tout le monde connaît Charles Darwin, le célèbre naturaliste britannique qui bouleversa la perception traditionnelle chrétienne du monde avec sa célèbre théorie de l’évolution et de la sélection naturelle. Mais si nous vous disions que 100 ans avant lui, un aristocrate français du nom de Georges-Louis Leclerc avait déjà mis au point un principe permettant d’expliquer l’évolution des espèces ?

Dans les impressions ultérieures de son œuvre maîtresse L’Origine des espèces publiée en 1889, Charles Darwin (1809-1882) faisait une étonnante confession. “Des pages entières [de son livre] ressemblent ridiculement aux miennes”, écrit le naturaliste anglais, s’adressant à un ami. L’homme qui semble faire rougir le père de la théorie de l’évolution par sélection naturelle est un mathématicien, philosophe et encyclopédiste français du XVIIIe siècle. Tout comme Darwin, Georges-Louis Leclerc (1707-1788), devenu comte de Buffon par la grâce de Louis XV, est un naturaliste. Un siècle les sépare. La notoriété de Darwin est infiniment plus grande, bien que les idées pionnières et révolutionnaires de Georges-Louis Leclerc le précèdent. Elles viennent d’être remises en lumière par l’auteur américain Jason Roberts dans son nouveau livre, Every Living Thing.

Georges-Louis Leclerc, précurseur de la théorie de l’évolution

Bien avant que Darwin ne révolutionne la biologie, Georges-Louis Leclerc dit “Buffon” a permis de répondre à de nombreuses questions que se posaient les naturalistes de son époque. Interrogé par le journal britannique The Guardian le 7 avril dernier, Jason Roberts développe : “Buffon fut l’un des tout premiers à postuler le changement des espèces au fil du temps. Il n’a pas appelé cela l’évolution – ce mot a été inventé plus tard — mais il a été l’un des premiers à en parler et à suggérer l’existence d’une sorte de système”. Les mécanismes en question sont détaillés par Buffon dans les années 1740 dans l’ouvrage Histoire Naturelle, que les spécialistes considèrent comme l’une des plus importantes contributions scientifiques du Siècle des Lumières. L’aristocrate français y avance notamment l’idée que les animaux étaient en voie d’extinction à une époque où la plupart des spécialistes des sciences naturelles croyaient que “Dieu ne permettrait jamais qu’une espèce disparaisse ou réapparaisse au fil du temps”, souligne Roberts, qui rappelle que le concept d’extinction était très controversé au XVIIIe siècle.

De l’Académie des Sciences à l’Académie française

Né à Montbard (Bourgogne-Franche-Comté) dans une famille de la noblesse de robe, Georges-Louis Leclerc Buffon entre à l’Académie des sciences comme “adjoint- mécanicien” à l’âge de 27 ans. Puis en 1753, l’Académie française ouvre ses portes à celui que Louis XV nomma Intendant du Jardin du roi. Ces expériences successives lui permettent de se spécialiser en botanique, biologie, chimie et géologie, s’intéressant non pas seulement aux espèces qu’il décrit dans son Histoire naturelle, mais aussi à leur environnement et leur histoire. Ses travaux ont également permis d’anticiper la découverte de l’ADN, comme l’explique Jason Roberts dans son livre : “Il a suggéré qu’il devait y avoir une sorte de mécanisme de formation interne – que la vie existe au niveau cellulaire organique et qu’il doit y avoir une sorte de recette ou de ‘moule interne’ pour que la reproduction s’ensuive, pour assembler les éléments constitutifs des cellules dans un type particulier d’organisme”.

“Le premier écologiste au monde”

Héritant d’une fortune colossale après le décès de ses parents, Buffon a saisi cette opportunité financière pour transformer un parc de 40 hectares en un “laboratoire environnemental”, lui permettant d’observer la libre évolution de la nature. “Il a en fait été décrit comme le premier écologiste au monde, car il a été la première personne à réellement étudier une espèce dans son propre environnement, et pas seulement un spécimen d’organisme mort”, précise Roberts, qui ajoute que Buffon s’inquiétait même de l’impact du changement climatique provoqué par l’homme, au risque d’en déconcerter plus d’uns. Aujourd’hui, l’écrivain américain espère que son livre contribuera à réhabiliter Buffon et son héritage colossal. “L’indignation qui accueillit Darwin en 1859 est bien connue, a-t-il rappelé, Imaginez si ces idées avaient été affirmées en 1759”.

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