L’Allemagne et la France travaillent sur un nouveau char qui sera au cœur du système de combat terrestre Main Ground Combat System (MGCS).
Beaucoup n’y croyaient plus. Lancé en 2012, le programme franco allemand MGCS (“Main Ground Combat System”, en français le Système principal de combat terrestre) avec au cœur de ce système un char ultramoderne est enfin sur la rampe de lancement.
“Après plusieurs mois d’intenses négociations nous pouvons maintenant présenter un résultat (…) Les groupes de travail (entre les deux pays) ont élaboré un document que nous signerons ensemble vendredi à Paris”, a déclaré le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius dans une interview publiée jeudi dans le quotidien FAZ.
Lancé en parallèle de l’avion du futur, il aura fallu des années pour que la France et l’Allemagne arrivent à définir leurs besoins et que les industriels des deux pays s’accordent sur leur rôle. Aujourd’hui, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, et Boris Pistorius, ministre allemand de la Défense, signent l’accord sur la première phase de ce programme qui vise à créer le futur de l’armée de Terre.
Le MGCS, c’est quoi?
Lancé en 2012, comme le Scaf (l’avion du futur) ce programme semble désormais en bonne voie. Mais le MGCS est bien plus qu’un blindé. Il s’agit d’un système de combat dans lequel seront connectés les engins de combats terrestres des armées française et allemande.
Non seulement ceux pilotés par des humains (Serval, Griffon, Jaguar, Leclerc), mais aussi des drones terrestres et aériens avec une intelligence artificielle (IA) pour aider les soldats dans la prise de décision. Ce dispositif sera connecté à des satellites pour que les informations de combat soient partagées par les armées de l’Air et la Marine des pays partenaires.
Le char du futur au cœur de ce système
Un nouveau char est au cœur du MGCS, tout comme le NGF (New Generation Fighter) et au cœur du Scaf. Pour l’heure, le blindé n’a pas de nom. Destiné à devenir opérationnel à partir de 2035, il doit succéder au Leopard 2 allemand et au char Leclerc français. Comme l’avait expliqué à BFM Business le général Schill, chef d’État-major de l’armée de Terre, ce char du futur sera connecté au MGCS via un cloud de combat.
À quoi va-t-il ressembler, quels seront ses points forts? C’est ce que devront définir les patrons des armées de Terre française et allemande et les industriels dans la première phase du projet. Pour le général Schill, ce sera un compromis entre la puissance de feu, la protection, la mobilité et la furtivité.
Le financement
Financé à parts égales par les deux pays et mené sous direction allemande, ce programme, à l’origine conduit par KNDS, une entité créée pour l’occasion entre le Français Nexter et l’Allemand KMW qui fabrique le Leopard 2, a vu l’irruption en 2019 du fabricant allemand Rheinmetall. Et cela a longtemps déstabilisé l’édifice et les répartitions envisagées entre industriels.
Quels industriels en lice?
Les spécialistes français et allemands des blindés seront évidemment les piliers de ce programme avec KNDS France (Nexter), Krauss-Maffei Wegmann et Rheinmetall. Comment vont-ils se répartir les tâches? Ce sera l’objet de la phase 1A que les ministres français et allemand doivent signer ce vendredi.
Mais le saut technologique de ce char impliquera aussi de nombreuses PME ou ETI de la BITD (Base industrielle et technologique de défense) ainsi que les géants français du secteur comme Thales, Safran ou MBDA.
Qui fera quoi?
Il y a un mois, les deux pays étaient parvenus à débloquer le dossier en se mettant d’accord sur la répartition des tâches industrielles. Le partage des responsabilités et des tâches a été conditionné à l’accord du Scaf dans lequel c’est le Français Dassault Aviation qui a la maîtrise d’œuvre du programme. Pour le MGCS, ce sera donc l’Allemagne qui notifiera les contrats aux entreprises allemandes et françaises qui se répartiront les travaux à 50/50.
Les huit piliers du MGCS
Le chantier du MGCS sera réparti en huit piliers, contre sept pour le Scaf. Ils sont dédiés à la plateforme, à l’armement classique (tourelle et canon), à l’armement innovant (lasers anti-drones, drones, robots terrestres, munitions télé-opérées…), aux systèmes de communications, aux données sur le Cloud, aux capteurs ou à la simulation. Il n’y a pas de piliers “intelligence artificielle” puisque l’IA sera au cœur de tous les éléments du char.
Quels autres pays en plus de la France et l’Allemagne?
D’autres pays pourraient rejoindre le binôme franco-allemand. L’Italien Leonardo se montre intéressé et occupe actuellement un poste d’observateur. En parallèle, le constructeur italien a noué avec Krauss-Maffei Wegmann une “alliance stratégique” en vue de “créer un véritable groupe européen de défense”. Les Pays-Bas ont également affirmé leur intérêt pour participer au programme du char du futur.
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