Tennis de table: comment différencier Alexis et Félix Lebrun avant les JO de Paris 2024?

Lors du dernier rassemblement de l’équipe de France de football, Marcus Thuram a apprécié de ne pas être interrogé sur son champion du monde de père Lilian. Très connus dans le monde du tennis de table mais encore assez méconnus du grand public, les frères Alexis et Félix Lebrun continuent eux de briller raquette à la main. Mais cette célébrité grandissante et commune n’empêche pourtant pas que certains téléspectateurs ou nouveaux suiveurs du ping les confondent encore régulièrement malgré leurs vraies chances de médailles lors des Jeux olympiques de Paris durant l’été (du 26 juillet au 11 août).

En marge du WTT Champions d’Incheon (Corée du Sud)- compétition actuellement diffusés en exclusivité sur les chaînes Twitch RMC Sport et YouTube RMC Sport – le consultant et vice-champion du monde par équipe (1997) Christophe Legout a expliqué comment ne plus se tromper entre l’aîné de 20 ans (Alexis) et le cadet de 17 (Félix)… qui sont également ses neveux.

Alexis reste plus “massif” et Félix plus “juvénile”

Moins bien classé des deux frangins avec sa 22e place mondiale, Alexis vient pourtant de s’offrir un beau doublé aux championnats de France. Vainqueur du double avec son frère Félix, l’aîné de la fratrie l’a finalement battu pour la deuxième année consécutive en finale du simple.

Une opportunité en or de lui de rappeler qu’il restait le grand frère et que malgré les performances remarquables de ‘Féfé’ sur le circuit international, il ne le laisserait pas s’emparer de la couronne nationale aussi facilement. Comme le rappelle volontiers Christophe Legout, les trois ans d’écart se font encore sentir sur le plan physique pour le moment.

>> Tous les tournoi du circuit WTT de tennis de table sont à suivre la chaîne Twitch RMC Sport

“Alexis est encore un peu plus grand, je crois. Et surtout il est beaucoup plus massif. C’est-à-dire que, déjà au niveau des jambes il a de cuisses beaucoup plus imposantes”, détaille ainsi le consultant RMC Sport. “Même au niveau de la largeur du torse. Mais je pense qu’il n’y a pas grand-chose d’autre qui peut les différencier. C’est surtout ça.”

Et le cinquième du double aux JO 2000 à Sydney d’ajouter sur d’éventuels marques distinctives sur le visage: “Félix a trois ans de moins, il a encore un visage beaucoup plus juvénile qu’Alexis. Je pense que ce sont les trois traits caractéristiques.”

Félix plus “travailleur” et Alexis plus “chambreur” et “fantasque”

Pas toujours facile de distinguer physiquement Alexis de Félix lorsque les deux frères jouent l’un contre l’autre ou ensemble. Surtout s’ils portent la même tenue pendant une compétition. Outre leur gabarit, certaines attitudes peuvent aussi permettre de faire la différence entre les deux Lebrun. Plus âgé, peut-être un peu sûr de lui en tant que jeune adulte, Alexis est plus expansif pendant les compétitions ou sur les plateaux de télévision. Le grand frère n’hésite pas à prendre le leadership pour répondre aux questions ou pour éventuellement dérider un peu Félix.

“Alexis va plus brancher mais c’est parce qu’il est un peu plus vieux. Mais non ils sont… je ne sais pas s’il faut dire fusionnels mais ils ont toujours vécu ensemble. Ils ont toujours joué ensemble, ils jouent en double ensemble”, confirme ainsi Christophe Legout au sujet du caractère de ses deux neveux.

Pas forcément très différents- sinon sur certaines attitudes ou quelques gestes bien précis – pendant les tournois, Alexis et Félix Lebrun ne sont pourtant pas des clones.

“Je pense que Félix est sans doute plus travailleur. C’est dur à dire comme ça mais il n’a pas de mérite dans le sens où il adore tellement ça que c’est comme quelqu’un qui adore faire des matchs et qui n’a pas de mérite à faire des exercices de maths entre midi et deux heures”, analyse aussi l’oncle des deux phénomènes du ping français. “Lui est vraiment capable d’essayer de passer des heures à trouver des trucs.”

“Alexis est plus fantasque et va plus essayer de faires des nouvelles choses. Il va plus switcher d’un coup à un autre. C’est ce qui fait aussi son charme quand il joue et c’est pour ça qu’il est difficile de jouer contre Alexis, au-delà de sa puissance. Et Félix, il sait tout faire très très bien.”

Un service “essuie-glace” pour Alexis, Félix le “Chinois” blond

Après l’aspect physique et l’attitude, un autre élément majeur aide à ne plus se tromper entre Alexis et Félix pendant un match: leur style de jeu. Frères mais rivaux sur le circuit WTT, les Lebrun ont chacun des armes bien différentes pour mettre à mal leurs adversaires pendant les tournois.

“Au niveau du jeu ça va être beaucoup plus simple”, rassure d’emblée Christophe Legout. “Il y en a un qui tient sa raquette comme tout le monde en France et il y en a un qui tient sa raquette comme, avant, tout le monde en Chine. C’est-à-dire en prise porte-plume, comme si on tenait un stylo. C’est là vraiment où on est sûr de pouvoir les différencier. Mais sinon, ils sont droitiers tous les deux.”

Et l’ancien pongiste et oncle des frères Lebrun de préciser en quoi le cadet possède un jeu si spécial: “Pour Félix c’est le fait qu’il joue de cette façon, en prise porte-plume. C’est le seul européen non-Chinois, parce que le champion d’Europe allemand Qiu Dang joue comme ça mais il est d’origine chinoise (ses deux parents ont été formés au tennis de table en Chine, ndlr). Comme en plus Félix est blond avec des lunettes, c’est vraiment atypique de jouer de cette façon-là.”

En plus de leur manière différente de tenir leur raquette, Félix et Alexis ont des jeux différents. Si le cadet fait parler sa vitesse d’éxécution et sa vivacité pour se déplacer, l’aîné enchaîne les efforts et fait parler sa puissance physique.

“Félix, avec sa prise porte-plume va plus jouer en toucher. Il prend la balle très très tôt, il va plus caresser la balle et jouer sur les effets”, souligne encore Christophe Legout pour RMC Sport. “Alexis est beaucoup plus puissant même si, forcément, il y a toujours aussi des effets et tout…Il va plus être dans le contact à courir partout dans l’aire de jeu, à en imposer physiquement et à jouer de ça en fait. Cela va être beaucoup plus du on/off en jouant court puis d’un coup jouer très fort. Alors que Félix va beaucoup plus jouer sur la vitesse en prenant la balle très tôt et en se servant de la vitesse adverse.”

Et puis, quand la puissance physique ne suffit pas à faire plier un rival, Alexis possède aussi une arme fatale avec un service si surprenant que même les meilleurs défenseurs du circuit éprouvent des difficultés pour bien le retourner.

“Alexis, là où il est totalement différent c’est qu’il fait un service un peu essuie-glace”, s’enthousiame enfin Christophe Legout. “C’est le seul à le faire au monde et c’est un peu sa marque de fabrique.” Le genre de botte secrète qui peut faire plier n’importe qui… et même son frère Félix qui le connait pourtant si bien.