Sylvain Tesson, parrain du Printemps de Poètes : les défenseurs de l’écrivain donnent de la voix

Sylvain Tesson, parrain du Printemps de Poètes : les défenseurs de l’écrivain donnent de la voix

La polémique sur la nomination de Sylvain Tesson au titre de parrain de la 25e édition du Printemps des poètes a d’ores et déjà eu un impact : il remémore l’existence de cet événement fondé il y a quatre décennies par Jack Lang. Pour le reste, pour et contre s’affrontent encore.

Dans une tribune publiée par « Libération » jeudi 18 janvier, 1200 personnalités, notamment du monde de la littérature, ont dénoncé le choix de l’auteur de « Par les chemins noirs » pour incarner cet événement qui a pour vocation de sensibiliser à la poésie sous toutes ses formes, notamment dans des écoles, médiathèques, librairies et festivals.

Les soutiens de l’écrivain ont à leur tour fait entendre leur voix. La ministre de la Culture Rachida Dati a tweeté pour défendre le choix de Sylvain Tesson : « Sylvain Tesson fait partie de ces écrivains qui ont le désir de partager avec tous l’amour des mots. Je suis heureuse que le Printemps des poètes célèbre partout en France cette vision de la poésie, ouverte, libre et populaire ».

Twitter – Rachida Dati ن on Twitter / X

Elle a été rejointe lundi par sa prédécesseure Rima Abdul-Malak qui a partagé un post plein d’ironie :

Twitter – Rima Abdul Malak on Twitter / X

Jack Lang s’est aussi fendu d’un tweet de soutien à l’auteur de « Dans les forêts de Sibérie » mais aussi à la directrice de la manifestation qu’il a lui-même créée sous François Mitterrand.

Toujours du côté des politiques, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire en appelle à « la France des Lumières, de la raison et de l’esprit libre », Eric Ciotti ou encore Valérie Pécresse ont également pris la défense de l’écrivain.

Twitter – Bruno Le Maire on Twitter / X

Soutien plus étonnant, celui de l’écrivain aux idées solidement ancrées à gauche : Nicolas Mathieu. « Le monde est assez détestable et le serait d’autant plus qu’on y admettrait pas d’autres horizons que le sien », a pour sa part jugé le prix Goncourt 2018, Nicolas Mathieu, penseur de gauche, sur son compte Instagram.

« J’ai durant toute ma vie admiré le travail d’auteurs de droite, de réacs, voire même de salauds, et n’ai jamais pensé qu’il fallait aligner ni la littérature ni mes goûts sur mon appétit de progrès »

, a-t-il poursuivi.

«Â Il faut craindre autant que le mal les moyens que l’on met à favoriser l’avènement du bien », a conclu Nicolas Mathieu.

Houellebecq, Moix, Tesson… une « extrême droite littéraire » selon François Krug

Lundi 22 janvier, une nouvelle tribune en réponse à celle de « Libération », a été publiée dans « Le Point »« au nom de l’imprescriptible liberté de parole et de pensée ». Ce texte, à l’initiative du philosophe Daniel Schiffer et signé par des personnalités comme Pascal Bruckner ou Luc Ferry, dénonce les pensées d’« illustres inconnus » qui sombrent, « de manière aussi inconsidérée, pour ne pas dire pitoyable, dans les pernicieux travers du terrorisme intellectuel tout autant que la dictature morale, ces deux dangereux vecteurs idéologiques du totalitarisme ! »

Les signataires de la tribune de « Libération », parmi lesquels les auteurs Baptiste Beaulieu et Chloé Delaume, estiment que le choix de Sylvain Tesson comme parrain de cette manifestation annuelle vient « renforcer la banalisation et la normalisation de l’extrême droite dans les sphères politique, culturelle, et dans l’ensemble de la société ». Les pétitionnaires reprochent au prix Renaudot en 2019 pour « La Panthère des neiges », d’être une « figure de proue de l’extrême droite littéraire ». Il a notamment préfacé plusieurs romans de Jean Raspail, écrivain monarchiste et catholique traditionaliste, admiré par les identitaires, décédé en 2020.