« Sur le front pour 1970 euros bruts par mois » : l’insoumise Sophia Chikirou relaie une infox sur les offres d’emploi de l’armée française

«Ã‚ Sur le front pour 1970 euros bruts par mois » : l’insoumise Sophia Chikirou relaie une infox sur les offres d’emploi de l’armée française

Un gros raccourci pour tacler Emmanuel Macron sur ces propos sur l’Ukraine. En dénonçant des offres d’emploi de l’armée de terre, la députée de La France insoumise (LFI) Sophia Chikirou a créé la controverse. Elle fait notamment un lien, à tort, entre les offres et la guerre en Ukraine. Une désinformation relayée auparavant par des comptes complotistes.

Des déclarations qui ont fait réagir ce jeudi 28 mars le ministre de l’Armée, qui a rendu hommage aux soldats et dénoncé « des propos [qui] ne sauraient atteindre leur dignité et leur sens de l’engagement ». Retour sur cette polémique en trois questions.

• Qu’a écrit Sophia Chikirou ?

Mercredi 27 mars après-midi, sur son compte X (ex-Twitter), la députée LFI Sophia Chikirou publie une capture d’écran d’une offre d’emploi de l’armée de terre intitulée « Combattant Engins Blindés ». Elle mentionne le ministre de l’Armée Sébastien Lecornu et écrit :

«Ã‚ Qui est prêt à aller sur le front pour 1970 euros bruts par mois ? Cette offre est publiée dans de nombreux départements. L’État créé des emplois avec la guerre. Citoyens français : n’allez pas mourir pour des industriels ! Refusez la guerre ! Ne répondez pas ! »

Twitter – Sophia Chikirou on Twitter / X

Elle publie à la suite trois autres posts dans lesquels elle glisse des liens vers les offres d’emploi : une identique sur le site de France Travail (ex-Pôle Emploi) et le site de recrutement HelloWork, et une autre indiquant « Combattant Infanterie ».

• Pourquoi ses propos prêtent à confusion ?

Si les offres d’emploi partagées sont bien réelles, le texte de la députée prête, lui, à confusion pour plusieurs raisons. D’abord sur le fait d’« aller sur le front pour 1970 euros bruts par mois ». En effet, les offres d’emploi ne mentionnent que le fait d’aller « régulièrement en opérations extérieures », ce qui comprend aussi bien des missions sur des théâtres de guerre, que sur des lieux ayant subi une catastrophe naturelle par exemple. La mention du salaire est également fausse puisque s’il s’agit bien du revenu de base, l’offre précise que « la rémunération en opération extérieure peut être multipliée jusqu’à 2, 5 ». Soit près de 5 000 euros bruts par mois.

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Enfin, la dénonciation du fait que « l’Etat créé des emplois avec la guerre » sous-entend que ces offres – qui datent des 18 et 19 mars – sont liées à la guerre en Ukraine. Et que par conséquent, les nouveaux embauchés seraient envoyés sur le front ukrainien, possibilité évoquée par Emmanuel Macron il y a plusieurs semaines. Mais ces publications ne font jamais mention de la guerre en Ukraine et font en fait partie d’une campagne bien plus vaste de recrutement, classique pour l’armée. Il est d’ailleurs possible de retrouver les offres d’emploi mentionnées par la députée insoumise sur le site www.sengager.fr qui indique que « l’armée de terre recrute et forme 16 000 postes et 5 000 réservistes ». Il manquerait en effet 2 500 militaires à l’armée de terre, selon « Le Figaro », auxquels il faut ajouter les remplacements et les nouveaux postes créés par la loi de programmation militaire votée l’été dernier.

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Au-delà du gros raccourci réalisé pour s’opposer au président de la République, les propos de Sophia Chikirou relayent surtout de la désinformation déjà présente sur les réseaux sociaux, comme le rappelle le Huffpost.

• Qu’a répondu le ministre des Armées ?

Mentionné dans le premier post de Sophia Chikirou, le ministre des Armées lui a répondu ce jeudi matin sur X : « Je veux rendre hommage à celles et ceux qui choisissent la voie des armes pour défendre les intérêts de la France. Ces propos ne sauraient atteindre leur dignité et leur sens de l’engagement », a-t-il écrit.

Twitter – Sébastien Lecornu on Twitter / X

Plus incisive, la secrétaire d’Etat auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, Patricia Miralles, a ironisé : « Guess what [devinez quoi NDLR] : les Armées recrutent ! » Et de s’adresser directement à Sophia Chikirou : « Vous insultez à la fois les jeunes qui s’engagent aujourd’hui pour la France et ses valeurs ainsi que tous ceux qui l’ont fait dans le passé. »