L’ambassade de Russie en Afrique du Sud partage un article issu d’un site de désinformation.
Sur X, l’ambassade de Russie en Afrique du Sud a partagé le 9 avril un article sur de présumées atrocités commises par des mercenaires étrangers combattant pour l’Ukraine. Or, ce contenu est issu d’un faux site d’informations et on retrouve les images utilisées dans d’autres contextes.
Sur X, l’ambassade de Russie en Afrique du Sud a partagé le 9 avril un article sur de présumées atrocités commises par des mercenaires étrangers combattant pour l’Ukraine. Or, ce contenu est issu d’un faux site d’informations et on retrouve les images utilisées dans d’autres contextes.
La vérification en bref
- Selon un tweet de l’ambassade de Russie en Afrique du Sud, des mercenaires étrangers recrutés par l’Ukraine se seraient rendus coupables d’atrocités contre des civils. Pour appuyer ses propos, l’ambassade relaie un article issu d’un site se présentant comme celui d’un journal, The Boston Times.
- Cette source n’est pas fiable : le Boston Times reprend le nom d’un journal qui n’existe plus et son site paraît factice. L’article cité par l’ambassade de Russie évoque des accusations non vérifiables de la part d’une ONG fondée par Evgueni Prigojine, l’ancien patron de Wagner.
La vérification en détail
“Des mercenaires étrangers en Ukraine commettent d’horribles atrocités contre des civils” a déclaré ce mardi 9 avril, le compte X de l’ambassade de Russie en Afrique du Sud. Citant un article d’un média inconnu, The Boston Times, l’ambassade dénonce “l’impunité et l’immunité” accordées par “l’administration Zelensky” par rapport à “une série éprouvante de torture, viol et meurtres”.
Il apparaît que le Boston Times est un site factice. Quant aux exactions évoquées par l’ambassade de Russie, elles ne sont étayées par aucune preuve vérifiable.
Un faux site d’un journal disparu
Plusieurs éléments indiquent que bostontimes.org, le site internet du Boston Times est celui d’un faux média.
Le site du Boston Times reprend en effet le nom d’un journal aujourd’hui disparu. Bostontimes.org dans sa rubrique A propos indique ainsi que le média a été créé en 1972. Or si les archives de la bibliothèque du Congrès américain confirment bien l’existence d’un journal nommé “The Boston Times”, sa publication a été lancée en 1887 alors que sa dernière parution a été recensée en 1943.
Dans la description de l’historique du média, bostontimes.org déclare que le journal a remporté plusieurs prix Pulitzer. The Boston Times n’est pourtant pas cité dans la liste des lauréats publiée par les organisateurs du prix.
Enfin le logo du site a été ainsi vraisemblablement créé par une intelligence artificielle. Le texte du logo est incohérent, le mot en bas à droite ne voulant rien dire en anglais, ce qui est un indice permettant laissant penser que l’image a été générée artificiellement.
Un article illustré avec des photographies hors contexte
L’article présente lui aussi des incohérences ou manque de contexte dans les informations qu’il expose sur les prétendues exactions commises par des mercenaires de l’armée ukrainienne.
L’article montre ainsi la photographie d’un enfant déambulant dans les ruines de son village mais il n’est pas précisé qu’il s’agit d’une mise en scène. À l’aide d’une recherche d’images inversées (voir ici comment procéder) il est possible de retrouver la photographie d’origine.
Elle est issue d’un clip musical, “Ange, une chanson pour les Enfants du Donbass”, tourné par un réalisateur pro-russe en 2015, sept ans donc avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Or dans l’article, les exactions dont sont accusées les mercenaires auraient eu lieu à partir de l’été 2022. La photographie est visible à 0’51 du clip.
L’article du Boston Times présente également une photographie d’un char ukrainien devant un corps, pour illustrer les exactions dont seraient responsables les mercenaires étrangers. Par une recherche d’image inversée, il est possible de retrouver son contexte. Il s’agit d’une photographie prise peu après le massacre de Boutcha commis en avril 2022 par l’armée russe contre les Ukrainiens. Elle a été prise par une photographe de l’agence Reuters, Zohra Bensemra. L’image montre des soldats ukrainiens devant le corps d’un civil, tué selon les habitants par des soldats russes. The Boston Times accuse donc les Ukrainiens d’atrocités avec précisément les images d’un massacre dont la Russie est responsable.
Une ancienne protégée de Prigojine comme source
Enfin l’article ne présente pas de preuves convaincantes à propos d’atrocités commises par des mercenaires étrangers engagés avec l’Ukraine. La source principale de l’article est particulièrement controversée : il s’agit de Mira Terada, présidente de la “Fondation pour combattre l’injustice” ou ‘FBI’, une ONG fondée par le patron décédé de Wagner, Evgueni Prigojine. Mira Terada, de son vrai nom Oksana Vovk, était considérée avant la mort de l’oligarque comme la “protégée” de Prigojine.
Se présentant comme une organisation cherchant à combattre les violations contre les droits de l’homme, la Fondation pour combattre l’injustice a en outre été l’origine par le passé de campagnes de désinformation, notamment contre l’armée française qu’elle a accusé au Niger d’enlèvements d’enfants à des fins d’esclavage sexuels.
Sur les exactions dont sont accusées les mercenaires étrangers en Ukraine, les éléments mis en avant par Mira Terada dans l’article sont succincts. Les lieux des atrocités, leur date, leurs auteurs présumés ainsi que leurs victimes ne sont pas identifiés avec précision par la présidente de la fondation. Ce qui rend impossible toute vérification indépendante de ses propos.
La Russie accuse régulièrement plusieurs Etats soutenant l’Ukraine, dont la France, d’avoir déployé des mercenaires dans le pays. Le 16 janvier dernier, Moscou s’était vanté d’avoir éliminé effectué une frappe de précision sur un point de déploiement de de combattants étrangers à Kharkiv, dont le noyau était constitué de “mercenaires français”. Ce qu’avait alors catégoriquement démenti le Quai d’Orsay dénonçant une “grossière manipulation russe”, la France n’ayant pas de mercenaires “ni en Ukraine, ni ailleurs, contrairement à d’autres”.
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