POINT DE VUE. « Une nouvelle ère de liberté et d’égalité en Iran et dans le monde »

Iraniennes dans une rue de Téhéran, le 13 septembre 2023. Pour le premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, qui a conduit à des manifestations dans tout le pays contre la loi sur le code vestimentaire obligatoire (Hijab), certaines femmes retirent leur foulard en signe de défi aux autorités.

Politologue iranien et militant des droits de l’Homme, Hamid Enayat l’affirme avec certitude, « l’aube de la liberté et de l’égalité entre hommes et femmes en Iran a commencé. »

«Ã‚ Une nouvelle ère est en train de se dessiner en Iran. Le changement de l’état actuel et la fin de l’obscurité et de la violence de cette époque, dont les femmes sont les principales cibles, sont inévitables grâce à la détermination et à la certitude des femmes. Un nouveau monde peut et doit être construit sur la base de la liberté et de l’égalité des sexes. La liberté sans égalité des sexes est incomplète.

Sans aucun doute, le chemin vers l’égalité des sexes sera ouvert par le soulèvement des femmes et des hommes iraniens contre la vision médiévale et mercantiliste préalable des femmes. Sans aucun doute, un jour, la vision des femmes comme un bien commercial, comme l’esclavage, sera honteuse. Dès lors, la femme sera vue comme un être humain qui possède son existence et son destin.

En Iran, des dizaines de milliers de femmes ont déjà subi les tortures les plus sauvages. Dans les prisons, elles ont été placées dans une cage ou un cercueil pendant des jours et des semaines, mais cela n’a pas ébranlé leur volonté et leur détermination à briser la contrainte aveugle du fondamentalisme en Iran. Et maintenant, en tant qu’unités de résistance en Iran, elles s’avancent pour reléguer un régime médiéval dans l’histoire.

Car la révolution iranienne pour l’égalité des sexes et la liberté bénéficie d’une force immense et motrice nommée femmes. Cette force libérée ne se voit pas comme partenaire du pouvoir masculin, mais souhaite changer la nature du pouvoir et transformer les gouvernances et dominations masculines – bien sûr violentes – en gouvernance humaine. Des pouvoirs où la paix et l’égalité sont inévitables. Les femmes iraniennes ont acquis ce pouvoir de changement en traversant les couloirs de la mort et les salles de torture.

Une force immense

Après la révolution antimonarchique, une force immense de femmes iraniennes a été libérée, et des dizaines de milliers de femmes ont rejoint les rangs de la lutte pour la liberté dans des organisations progressistes et les Moudjahidines du peuple, se levant contre la force terrifiante du fondamentalisme.

En 1981, Ayatollah Khomeyni, fondateur de la République islamique d’Iran, a exécutées nombre de filles de douze ans et d’étudiantes sans identification. Pendant le massacre des prisonniers politiques durant l’été chaud de 1988, trente mille prisonniers politiques, dont beaucoup étaient des femmes, ont été exécutés.

Depuis lors, les femmes ont de plus en plus occupé des postes de commandement dans les rangs de la résistance iranienne. Et nous avons vu ce phénomène en particulier lors du soulèvement de 2022, où les femmes ont mené les gens à la révolte et au soulèvement contre la contrainte aveugle du fondamentalisme. Elles ont enduré des tortures inhumaines dans les prisons, et sont maintenant renforcées dans les rangs des unités de résistance, encerclant le bastion du fondamentalisme à Téhéran.

Elles ont sonné les cloches de la chute pour le régime iranien. C’est pourquoi le guide suprême de l’Iran, Ali Khamenei, s’est lancé dans une aventure mortelle au Moyen-Orient dont les principales victimes sont les enfants et les femmes. Mais il ne faudra pas longtemps avant que cette agitation se retourne contre lui.

«Ã‚ On peut et on doit »

Depuis de nombreuses années, l’appareil de renseignement du régime iranien mène d’énormes campagnes de désinformation pour discréditer la résistance iranienne et en particulier les femmes, afin d’empêcher les gens de se tourner vers cette résistance. La regrettée Danielle Mitterrand disait qu’elle était familière de la résistance depuis sa jeunesse, quand elle-même avait été « considérée comme’’terroriste’’ pendant l’occupation nazie. »

Les femmes de la résistance iranienne résument leur expérience dans le slogan « on peut et on doit » éliminer le fondamentalisme mortel en Iran et dans la région. Elles ont quitté le monde de la jalousie et de la compétition pour entrer dans le monde du sacrifice pour d’autres femmes. Elles sont pionnières dans l’acceptation de lourdes responsabilités de leadership dans la société, dotées du pouvoir d’écouter les autres pour des relations humaines supérieures. Elles ont appris que l’injustice et l’inégalité ne sont pas leur destin inévitable et qu’elles peuvent changer ce destin.

Dans un monde de liberté et de progrès, le progrès des hommes et des femmes n’est pas en opposition, mais est nécessaire et complémentaire. Et ainsi, la nature du pouvoir change. Nous pouvons donc dire avec certitude que l’aube de la liberté, et de l’égalité entre hommes et femmes en Iran a commencé avec la force immense libérée des femmes déterminées à établir une république démocratique et laïque. »

(*) Politologue iranien et militant des droits de l’Homme.