Santé mentale : les femmes plus impactées que les hommes après un divorce
Les femmes auraient davantage de mal à se remettre émotionnellement d’un divorce ou d’une séparation que leurs homologues masculins, révèle une récente étude. Un constat qui se traduit par une plus grande consommation d’antidépresseurs, juste avant et après la rupture, et qui perdure même après une éventuelle remise en couple. Explications.
Après un divorce, la consommation d’antidépresseurs des femmes est plus élevée et ne diminue que légèrement et brièvement après la remise en couple, rapporte une étude.
(Copyright: PeopleImages / Getty Images)
Vieillissement de la population oblige, les “divorces gris” – qui touchent les personnes âgées de plus de 50 ans – sont de plus en plus nombreux, tout comme les secondes noces. Mais hommes et femmes ne seraient pas impactés de la même façon par ces ruptures à un âge avancé. Ce sont les conclusions d’une étude, menée par une équipe de chercheurs internationaux, et centrée sur l’impact psychologique d’un divorce, d’une rupture, d’un deuil ou d’une nouvelle relation, via le recours aux antidépresseurs. Publiés dans la revueJournal of Epidemiology & Community Health, leurs travaux révèlent que les femmes ont davantage de mal à se remettre d’une telle épreuve, et ce même après une nouvelle rencontre.
Pour parvenir à ce constat, les chercheurs ont suivi l’évolution de la consommation d’antidépresseurs de plus de 228.000 Finlandais âgés de 50 à 70 ans, entre 1996 et 2018, confrontés à un divorce, une séparation, ou le deuil d’un partenaire, dont certains se sont remis en couple. Dans le détail, plus de 85.000 participants ont vécu l’épreuve d’un décès, plus de 75.000 d’un divorce, et plus de 68.000 d’une rupture, et plus de 53.000 d’entre eux ont entamé une nouvelle relation dans les deux à trois ans qui ont suivi cet événement douloureux. Les chercheurs précisent que les secondes unions concernent davantage les hommes, notamment après un deuil ou une rupture, tandis qu’aucune différence significative n’a été observée entre les deux sexes après un divorce.
La rupture, plus difficile pour les femmes
Premier enseignement de l’étude, la consommation d’antidépresseurs a augmenté de 5% chez les hommes et de 7% chez les femmes dans les six mois qui ont précédé un divorce, puis a diminué à la suite de l’épreuve pour les deux sexes avant de se stabiliser au bout d’une année – tout en restant plus élevée qu’avant le divorce. La consommation d’antidépresseurs a deux fois plus augmenté chez les femmes que les hommes (+3% contre +6%) au cours des quatre années qui ont précédé une rupture, et elle n’a pas suivi la même trajectoire pour les deux sexes à la suite de l’événement. Chez ces messieurs, elle a diminué en l’espace d’une année pour retomber au niveau où elle se situait douze mois avant la rupture, puis s’est stabilisée, tandis qu’elle n’a que légèrement baissé immédiatement après la rupture chez les femmes, avant de remonter dès la première année.
“Le rétablissement partiel et l’augmentation continue de la consommation [d’antidépresseurs] semblent soutenir le modèle des ressources conjugales qui […] suggère que la perte du partenaire peut entraîner des changements stressants dans les circonstances de la vie (par exemple, diminution du revenu du ménage, perte du soutien social) qui persistent ou s’accumulent au fil du temps”, estiment les auteurs de ces travauxdans un communiqué. Et la remise en couple n’a que très peu changé la donne, puisque la consommation d’antidépresseurs a légèrement baissé avant de remonter au niveau observé avant cette nouvelle union.
“L’augmentation plus importante de la consommation [d’antidépresseurs] associée à la dissolution de l’union chez les femmes de notre étude peut en effet être liée au fait que le poids de [cette] dissolution sur la santé mentale est plus lourd pour les femmes que pour les hommes”, expliquent les chercheurs. Et de conclure : “Les baisses moins importantes de la consommation [d’antidépresseurs] associées à la remise en couple chez les femmes que chez les hommes peuvent être liées au fait que le mariage bénéficie davantage à la santé mentale des hommes qu’à celle des femmes, et les hommes plus âgés sont plus susceptibles que les femmes de rechercher un soutien émotionnel dans la remise en couple”.
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