15 à 20°C de moins en quelques jours: le retour du froid et du gel inquiète les arboriculteurs

Depuis maintenant plusieurs semaines, les exploitants redoutent les oscillations de températures, du très chaud au très froid, qui provoquent d’importants dommages dans leurs exploitations.

Des variations de températures qui posent problème. En l’espace de quelques jours, les températures ont drastiquement chuté en métropole à tel point que dans certaines zones du pays entre 15 et 20°C ont été perdus. Une situation qui interroge, et surtout qui préoccupe fortement dans le monde agricole, en particulier les arboriculteurs en première ligne face à ces grands écarts saisonniers.

Un arboriculteur constate les conséquences du gel dans son exploitation, avril 2024

Comme l’explique Météo France, au printemps, la végétation est “en pleine croissance”, ce qui la rend plus sensible au gel: les arbres fruitiers et la vigne peuvent en particulier “subir des pertes conséquentes”.

Risques d’énormes pertes

Mickaël Mazenod est arboriculteur à Saint-Paul-en-Jarez dans le département de la Loire. Dans son exploitation de plusieurs dizaines d’hectares, il constate que le débourrage de ses végétaux, la montée de sève qui permet l’apparition des bourgeons et une floraison des arbres, s’est fait bien trop tôt.

“Des pommiers comme ceux-ci, aujourd’hui, on devrait être en tout début de fleurs. Toutes les fleurs devraient être comme celles-ci”, constate-t-il à BFMTV, pointant une fleur à peine ouverte voisine d’autres bourgerons à l’éclosion déjà bien avancée.

Or, ces fleurs sont désormais à la merci de nouvelles gelées, potentiellement dramatiques pour ses futures récoltes. “Si les fruits sont gelés, ils ne repoussent pas derrière. Il faudra attendre l’année prochain pour avoir une nouvelle floraison et donc de nouveaux fruits.”

Même topo chez Grégoire Côté, arboriculteur à Loire-sur-Rhône, dans le Rhône, qui constate déjà les effets dévastateurs de ces variations de températures. “On voit bien qu’il y a deux abricots sur une branche de 50 centimètres, ça ne fait vraiment pas beaucoup”, déplore-t-il, désignant une branche de son verger.

“Il y a celui-ci qui va grossir normalement, et celui-ci qui a une mauvaise pollinisation, il va tomber et il n’y aura pas d’abricot. De partout, on voit des cicatrices, il y avait une fleur ici et la pollinisation n’a pas réussi”, détaille encore l’arboriculteur.

Investissements et doutes

Afin de se prémunir des caprices météorologiques, des solutions existent. Jérôme Morin, également à la tête d’une exploitation d’abricotiers, a décidé d’utiliser des bougies antigel qu’il dispose aux pieds des arbres.

“J’en ai mis à peu près 1.200 je pense. C’est simplement de la paraffine, on allume et ça réchauffe autour. Ça peut remonter jusqu’à 4 ou 5 degrés quand on en met à peu près 400 hectares”, signale-t-il.

Maurice Andral, arboriculteur à la tête d’une culture de prunes à Moissac, dans le Tarn-et-Garonne, a pour sa part fait le choix d’investir dans des ventilateurs géants. “C’est un moteur six cylindres qui fait 180 chevaux qui fait tourner une carlingue et qui fait tourner l’hélice en haut. Ça ramène l’air chaud d’en haut sur le bas et ça remonte les températures froides de 3 degrés”, dit-il.

Las, de nombreux exploitants font le choix d’également changer leur mode de production et de se tourner vers la culture sous serre, qui limite les risques de gel.

“On ne sait plus trop quoi cultiver en fait. Moi qui cultive des fruitiers, tous les fruitiers sont sujets au gel, c’est assez stressant tout au long de l’année, on n’a jamais l’esprit serein”, conclut Jérôme Morin, qui voit les mêmes problèmes revenir depuis 2016 sur son exploitation.

Pour ce jeudi, Météo France indique que de faibles gelées seront possibles près des massifs, on attend entre 0 et 4°C de l’Auvergne au nord-est et jusqu’en Normandie. Des prévisions également valables d’ici la fin de semaine.