Nikos dans sa barque, dans le delta de l’Evros, près de la frontière entre la Grèce et la Turquie, ou il vit avec son épouse Artemis depuis 42 ans. Photographie de Polyvios Anemoyannis / Hans Lucas.
Dans le delta de l’Évros, au nord de la Grèce, une petite population tente de survivre dans une zone par laquelle transitent des migrants en route vers l’Europe de l’Ouest.
Delta de l’Evros. Correspondance
La barque glisse dans le dédale des canaux du delta de l’Évros, zone protégée de 190 km2 du nord-est de la Grèce. Les bambous qui forment une haie d’honneur, se reflètent sur l’eau lisse comme un miroir.
Sur les îlots éparpillés du fleuve, des vaches vivent en autarcie. Dans le ciel, des pélicans blancs récemment arrivés d’Afrique du nord volent en formation. Ils vont construire des nids éphémères sur ces terres d’accueil où ils vont passer la moitié de l’année.
Dans ce delta à la frontière orientale de l’Union Européenne, une quinzaine de pêcheurs vivent dans des cabanes en bois construites en pilotis. Des drapeaux grecs sur les pontons rappellent que ce fleuve est la frontière naturelle entre la Grèce et la Turquie dont les pêcheurs s’autoproclament les défenseurs depuis la crise migratoire des années 2000.
Nikos (G), Artemis et Yannis leur neveu nettoient des filets de pêche sur la jetée de leur cabane, dans le delta de l’Evros, près de la frontière entre la Grèce et la Turquie, où le couple vit de pêche depuis 42 ans. Photographie de Polyvios Anemoyannis / Hans Lucas.
Des habitations illégales
On accoste sur la jetée de la cabane d’Artemis et de Nikos, un couple de septuagénaires qui vit ici depuis 42 ans. Yannis, leur neveu, la cinquantaine, aide son oncle en attendant de retrouver du travail. Car à cet âge, on t’embauche plus
. Tous les trois, ainsi que 12 chats et un chien, vivent de la pêche et de la petite retraite du couple.
L’air marin est saturé d’iode. Le drapeau de la Grèce flotte à côté de celui de l’Empire Byzantin orné de l’aigle à deux têtes, symbole de l’Église orthodoxe. La petite cabane, construite de planches et de tôle, se trouve sur un îlot du delta, tout près de la mer et à 18 km à l’est d’Alexandroupolis. Le couple l’a construite en 1982. Avant, ils allaient à leur village, Loutro, une fois par mois. Maintenant, ils rentrent les week-ends. Leurs deux filles ont grandi avec leurs grands-parents au village. Les petites passaient leurs vacances ici à nettoyer les filets »,
se rappelle Artemis.
Je me suis mariée à 18 ans. Nikos en avait 25 et venait de terminer son service militaire. J’ai décidé de venir vivre ici et pêcher avec lui. En mer, il faut être deux
.
Ces habitations sont illégales. Elles existent grâce à des dérogations renouvelées annuellement. Les écologistes ne veulent pas de nous, mais l’armée nous soutient. On protège la frontière, on les alerte des passages de migrants. Puis, la cabane c’est tout ce qu’on possède
.
Artemis et Nikos, un couple de pêcheurs dans leur cabane dans le delta de l’Evros, près de la frontière entre la Grèce et la Turquie, ou ils vivent depuis 42 ans. Photographie de Polyvios Anemoyannis / Hans Lucas.
Canots pneumatiques dégonflés
On l’appelle la Dame du delta
. Elle montre fièrement un drapeau grec encadré sous verre offert par l’armée grecque en signe de reconnaissance. On m’accuse d’être de l’extrême droite ! Parce que j’aime ma patrie ? Mon grand-père a été torturé car il était de gauche comme toute ma famille
.
Au début des années 2000, les pêcheurs sauvaient les migrants qui essayent d’atteindre la Grèce par le delta. On leur donnait de l’eau et de la nourriture. Une fois, 42 hommes, femmes et enfants ont débarqué ici même, affamés. Ils y ont trouvé refuge […]
Maintenant il n’y a que des hommes qui migrent pour trouver du travail. Mais il n’y en a pas, même pour nous
.
Depuis 2020, le déploiement des gardes-frontières et la construction d’un mur auraient stoppé les flux. Or, les canots pneumatiques dégonflés, enfouis dans le sable à quelques centaines de mètres de la cabane, témoignent que les passages continuent. Des passeurs existent-ils de ce côté de la frontière ? Les doigts d’une main ne sont pas tous pareils. Moi, j’ai gagné ma vie à la sueur de mon front
.
Artemis montre le drapeau encadre offert par l’armée grecque pour ses services rendus au pays. Elle vit avec son époux Nikos dans une cabane du delta du fleuve Evros, près de la frontière entre la Grece et la Turquie, depuis 42 ans. Ils sont tous les deux pêcheurs. Photographie de Polyvios Anemoyannis / Hans Lucas.
La nuit peint le ciel en violet. On entend l’appel du muezzin depuis Enez, en Turquie. Ce no man’s land est à un kilomètre de la frontière. Dans la cabane, ça sent le poêle à bois et la mer. Toute la nuit le chien aboie à des fantômes.
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