« Dans les stades de football, le racisme est transgénérationnel »

«Ã‚ Dans les stades de football, le racisme est transgénérationnel »

Mercredi 10 avril au soir, des supporters du FC Barcelone ont été aperçus en train d’effectuer des saluts nazis ainsi que des cris de singe dans les gradins du Parc des Princes où le PSG rencontrait le FC Barcelone en Ligue des Champions. Dans la foulée, deux personnes ont été interpellées pour « apologie de crime de guerre et injure publique à caractère raciste », a annoncé la préfecture de police de Paris. Jeudi soir, le parquet de Paris a indiqué qu’elles avaient été relâchées avec une nouvelle convocation pour l’une d’entre elles.

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Ces dernières semaines, plusieurs rencontres de football, notamment en Europe, ont été perturbées par des incidents racistes en tribunes, qui ont parfois contraint les arbitres à interrompre les matchs. « Il y a des problèmes dans le football », a reconnu jeudi le président de la Fédération internationale Gianni Infantino, appelant à « être unis pour combattre le racisme (…) et la violence ». Comment explique-t-on ce phénomène ? Sollicité par « Le Nouvel Obs », Albrecht Sonntag, auteur d’un rapport pour l’UNESCO sur la lutte contre le racisme et la discrimination dans le football, revient sur cette question.

Constatez-vous une hausse ou une baisse des actes racistes chez les supporters de football ?

Selon les différentes interviews que j’ai menées auprès d’experts dans le cadre de mon rapport, le racisme dans le football est en léger déclin. Mais c’est une tendance lente. Les incidents de nature raciste continuent de se produire avec une certaine régularité. Toutefois, notons que ces actes rencontrent désormais une indignation plus rapide et spontanée et davantage partagée par le public. Le racisme était davantage banalisé auparavant. Cette prise de conscience date de la fin des années 90, avec la naissance d’associations qui luttent contre le racisme dans le football. Ces groupes ont vu le jour d’abord en Angleterre, puis dans toute l’Europe. Cette initiative a permis d’abaisser légèrement le taux d’actes racistes dans les stades.

Est-ce que le football est le seul sport concerné ? Y a-t-il d’autres sports touchés aussi par le racisme ?

Le racisme existe dans plusieurs sports mais en particulier dans le football car c’est un sport médiatique. C’est aussi un sport où les supporters ont cette impression qu’ils peuvent peser sur l’issue d’un match. Ils vont donc utiliser des moyens parfois cyniques pour déstabiliser l’adversaire, même si certains sont racistes de nature. Et ça, on ne le retrouve pas dans d’autres sports.

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Quel est le profil de ces « supporters » ?

Dans le cadre de mon enquête sur le racisme dans le foot, que j’ai effectuée entre 2014 et 2015, on constate qu’il n’y a pas de tranche d’âge, ni forcément un mouvement politique rattaché à ce type de supporters. Dans les stades, le racisme est transgénérationnel. En discutant avec des directeurs de clubs de foot et des associations, on peut néanmoins identifier certains types d’usages d’injures qu’utilisent ces individus. Tout d’abord, il y a l’insulte du supporter de nature purement xénophobe, que l’on retrouve dans un stade et ailleurs. Puis le supporter qui utilise l’insulte raciste pour déstabiliser l’adversaire. Enfin, il y a le supporter au racisme refoulé, qui va reproduire des actes discriminatoires sous l’effet de groupe.

Quelles sont les mesures pour lutter efficacement contre le racisme dans les stades ?

La reconnaissance faciale est assez efficace. Validée par plusieurs stades, elle permet d’identifier la personne au cours du match. Ce dispositif a été observé dans différents championnats et a plutôt bien fonctionné. L’interdiction de match est également très répandue maintenant.

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Les organisations sportives prennent également des mesures punitives, comme infliger des amendes à des personnes ayant commis des actes racistes, signaler aux autorités judiciaires l’individu, ou bien l’exclure du stade partiellement ou définitivement. Il y a aussi les campagnes de prévention et de sensibilisation au racisme, mais les opinions divergent quant à leur efficacité. Enfin, il faut que les initiatives pour lutter contre le racisme dans ce sport proviennent aussi des supporters eux-mêmes.