Aux États-Unis, les jeunes de 18 à 30 ans ont de plus en plus recours à la stérilisation. Le phénomène s’est accéléré fortement après l’annulation en 2022 de la protection du droit à l’avortement par la Constitution.
Des défenseurs du droit à l’avortement devant la Cour suprême des Etats-Unis le 1er décembre 2021 à Washington
Les États-Unis connaissent une augmentation fulgurante du nombre de stérilisations comme moyen de contraception depuis que la garantie constitutionnelle du droit à l’avortement a été annulée au niveau fédéral il y a deux ans, selon une étude publiée vendredi 12 avril.
Depuis que la Cour suprême des États-Unis, remaniée par l’ex-président Donald Trump, a annulé la protection constitutionnelle du droit à l’avortement en 2022, une vingtaine d’États américains ont interdit ou sévèrement restreint l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
La question de l’avortement est depuis devenue un thème central de la campagne présidentielle qui oppose le républicain Donald Trump au président démocrate sortant Joe Biden.
Une hausse accélérée par la restriction de l’avortement
L’étude publiée vendredi souligne que le taux de stérilisation avait certes déjà augmenté au cours des années précédant cette décision historique, avec 2,8 procédures pour 100.000 femmes par mois et 1 pour 100.000 hommes.
Mais la décision a déclenché un bond spectaculaire avec 58 procédures de stérilisation pour 100.000 femmes par mois et 27 pour 100.000 hommes, selon l’étude qui se concentre sur les 18-30 ans.
Passé le choc initial du revirement de jurisprudence, le nombre de vasectomies chez les hommes est toutefois revenu aux tendances antérieures, alors que le taux de ligatures des trompes chez les femmes a continué à augmenter plus rapidement qu’avant la décision de la Cour suprême, relèvent les chercheurs.
Les femmes plus nombreuses
Cette différence notable “reflète probablement le fait que les jeunes femmes portent largement la responsabilité d’empêcher les grossesses”, a déclaré la principale autrice de l’étude Jacqueline Ellison, de l’université de Pittsburgh.
“Et elles subissent de manière disproportionnée les conséquences sanitaires, sociales et économiques des interdictions de l’avortement”, a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Pourtant, les procédures de stérilisation sont beaucoup plus complexes et deux à six fois plus coûteuses chez les femmes que chez les hommes, précisent les auteurs de l’étude dans le communiqué. De plus, inverser une stérilisation féminine nécessite une chirurgie complexe et invasive, ce qui est beaucoup moins le cas pour les hommes.
Les sondages montrent qu’une majorité d’Américains soutiennent le droit à l’avortement, ce qui fragilise le parti républicain à quelques mois de l’élection de novembre.
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