Polémique après des propos sur les « smicards » : Macron nie avoir employé « une formule comme celle-ci »

En Une de son édition du 24 février, le journal La Marseillaise attribue à Emmanuel Macron des propos sur les « smicards ». La Marseillaise

« Les smicards préfèrent des abonnements VOD à une alimentation plus saine ». La phrase choc a été publiée en Une du journal La Marseillaise ce samedi qui l’attribue à Emmanuel Macron. Ces propos auraient été tenus lors d’une rencontre avec le syndicat agricole Modef, le 14 février au sein du palais de l’Élysée à Paris.

Depuis le Salon de l’agriculture, le président de la République a nié avoir tenu ces propos. « Je n’ai jamais eu une formule comme celle-ci, il faut arrêter les conneries », a-t-il fustigé.

« Le problème que nous avons dans notre pays aujourd’hui, c’est que la part du revenu que les Français allouent à l’alimentation, en 30 ans, elle a baissé. C’est-à-dire que les gens, ils dépensent plus d’argent pour le logement, pour les abonnements téléphoniques, pour des voyages, pour la télévision. Le mode de vie a changé », a expliqué le chef de l’État, dénonçant au passage « la déontologie » des journalistes ayant relayé ces propos.

Plus tôt dans la journée, Élysée avait déjà démenti fermement ces propos tenus devant un syndicat agricole.

L’entourage d’Emmanuel Macron, concédant que « le sujet de la part de l’alimentation dans le budget des ménages » ait pu être évoqué, réfute absolument ces mots, ajoutant que « publier entre guillemets des propos rapportés sans vérification est par ailleurs curieux déontologiquement ».

Des questions autour de l’emploi des termes

Interrogée par l’AFP, Lucie Illy, vice-présidente du Modef et présente à cette réunion, a affirmé que « le président ne s’est pas exprimé en ces termes, mais le fond est le même ».

Cette arboricultrice bio dans les Hautes-Alpes a notamment interpellé le président sur les « marges abusives que l’on constate parfois sur le bio, et la difficulté pour des personnes qui touchent le smic de se fournir en produits bios ».

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« Il m’a dit d’abord qu’il n’y avait pas de marges abusives en bio. Puis il a dit que : bien se nourrir est un choix de vie. Alors qu’on a 70 chaînes gratuites en France, on peut se passer d’un abonnement (télé) pour se payer des pommes bios », a-t-elle relaté.

Se disant « un peu choquée », Lucie Illy a fait valoir que « quand on travaille et qu’on gagne le smic, c’est dur de s’entendre dire de choisir entre bien manger et les loisirs, ça peut aller loin ».

« Mépris de classe permanent » pour Le Pen

Face à ces propos, le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a immédiatement dénoncé « le mépris de classe jusqu’au bout de la part de celui qui, de toute sa vie, n’aura jamais eu d’arbitrage à faire entre manger mieux et avoir accès à la culture ».

La cheffe des députés RN Marine Le Pen a également épinglé un « mépris de classe permanent » du président. « Communication blessante et provocatrice, Emmanuel Macron, dérangeant dans ses attitudes, inquiétant dans ses comportements, incompétent dans sa fonction, accentue la crise politique », a-t-elle insisté.

Emmanuel Macron a déjà été taxé de méprisant à plusieurs reprises. En 2017, il aurait évoqué lors d’une rencontre avec des entrepreneurs, « les gens qui ne sont rien ». La même année, il avait désigné « ceux qui foutent le bordel » lors d’une visite d’un campus en Corrèze, interpellé par des anciens salariés automobiles de GM&S. Cette nouvelle polémique monte alors que le Salon de l’agriculture s’est ouvert en retard et sur des heurts. Le président, qui n’a pas pu inaugurer l’événement à 9 heures comme prévu, a improvisé une rencontre avec les paysans. Pendant deux heures, il a appelé au calme tout en écoutant les propositions.