« Où est l’humanité dans cette scène ? » : prison ferme pour l’agresseur d’un brancardier

«Ã‚ Où est l’humanité dans cette scène ? » : prison ferme pour l’agresseur d’un brancardier

Sans les images, peut-être que la version des proches de l’accusé aurait pu tenir. Si Guy s’est retrouvé allongé au sol, le samedi 6 avril peu après midi et demi, c’est parce qu’il a été renversé par une voiture sur le parking de l’hôpital, ont osé affirmer certains dans leurs premières auditions? Mais les images sont formelles : ce brancardier d’une soixantaine d’années a été littéralement assommé par un violent coup porté par Lionel Fauveau, devant les urgences de Challans, en Vendée.

Diffusés vendredi 26 avril sur l’écran de la salle du tribunal correctionnel des Sables d’Olonne, en préambule des débats, ces extraits de la vidéosurveillance de l’hôpital racontent tout le déroulé de la scène. On y distingue, sous deux angles différents (à l’intérieur et à l’extérieur de l’établissement), plusieurs individus accompagnant aux urgences deux hommes brûlés dans un choc électrique. Sur les images prises par la caméra à l’intérieur de l’hôpital, on voit qu’une équipe médicale s’enquiert immédiatement de leur état. Pourtant, Lionel F., le fils de l’un des blessés, perd patience et casse l’entrée de l’hôpital.

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La caméra installée dehors a, elle, capté les quelques secondes précédentes durant lesquelles ce même individu s’en prend, par-derrière, au brancardier, qui partait en pause déjeuner. Tombé au sol inanimé, Guy reste face contre terre dans l’indifférence générale. Il est ensuite secouru par plusieurs infirmiers et emmené sur une civière en soins intensifs. Pendant ce temps, son agresseur, les blessés et leurs proches, une dizaine de personnes en tout dont un enfant au moins, quittent les lieux au volant de leur camion de chantier avec lequel ils étaient arrivés, et filent vers l’hôpital de La Roche-sur-Yon et le CHU de Nantes pour y être admis.

Entre l’arrivée aux urgences et l’agression, trois minutes s’écoulent

Interpellé deux jours plus tard, l’auteur du coup a évoqué, pêle-mêle, une alcoolisation massive au moment des faits, la panique et des injures stigmatisant la communauté des gens du voyage. En passant près de lui, le brancardier lui aurait lancé : « Sales gens du voyage, vous n’avez rien à faire ici. » Faux, rétorque fermement l’avocat de la partie civile, maître Boezec, et plusieurs témoins l’attestent.

En réalité, l’agression semble purement gratuite? Quant au défaut de prise en charge qui expliquerait cette flambée soudaine de violence, la chronologie la balaie d’un trait : le coup a été porté seulement trois minutes après l’arrivée aux urgences. « L’humanité, elle est où dans cette scène ? Nulle part. Sauf dans les soignants qui se penchent sur Guy », assène la procureure qui requiert le maximum dans ce cas de figure, soit cinq ans de prison.

Âgé de 23 ans et au casier judiciaire déjà fourni (six mentions pour des vols et des défauts de permis de conduire), Lionel F. a écopé de quatre années de prison, dont deux ferme, assorties d’un mandat de dépôt, et deux autres avec un sursis probatoire de trois ans. Il a par ailleurs interdiction de paraître en Vendée. Les indemnités totales, elles, seront décidées en audience civile en septembre mais d’ici là, il devra verser une provision de 5 000 euros à sa victime et le double à l’hôpital.

Le brancardier pourrait ne plus pouvoir travailler

Depuis ces événements, qui avaient suscité un émoi national jusqu’au ministère de la Santé, l’établissement a dû se réorganiser en faisant appel à une société de sécurité (250 000 euros par an) et en imposant aux brancardiers de se déplacer désormais à deux lorsqu’ils sortent du service. Dans sa plaidoirie, maître Boezec avait, lui, rappelé ce chiffre affolant issu d’un rapport de l’Observatoire des violences en milieu de santé : en 2020 et 2021, près de 70 000 atteintes aux personnes et aux biens ont été signalées en France dans un service de soins.

Quant à Guy, qui s’est vu notifier 21 jours d’interruption temporaire de travail, son état de santé pourrait le conduire prochainement en bloc opératoire pour de la chirurgie maxillo-faciale. Il n’est pas certain qu’il pourra un jour reprendre son métier de brancardier.