Xavier Bouvet devant l’immeuble qui fut occupé à Tallinn par Otto Tief, personnage majeur de son roman Le bateau blanc.
L’Estonie le passionne et il a choisi d’y vivre. Xavier Bouvet s’apprête aussi à publier un roman, Le bateau blanc, qui raconte la lutte désespérée du petit pays pour recouvrer son indépendance en 1944 face à l’URSS.
Un grand saut de deux mille kilomètres de Metz (Moselle) à Tallinn, la capitale de l’Estonie où il a choisi de s’installer l’année dernière avec femme et enfants (4 ans et 15 mois). Un dépaysement ? Pas vraiment. Xavier Bouvet, 38 ans, ne compte plus trop les voyages dans ce pays balte. Dès la première rencontre, il a voulu en savoir beaucoup plus sur cette petite nation des marges de l’Europe et s’est senti inexorablement attiré par ces paysages, les forêts, le silence des grands espaces
.
Une défaite aux municipales comme élément déclencheur
Il y a aussi tout le poids d’une histoire tragique qui voit un pays gagner enfin son indépendance avant de subir l’invasion nazie, puis celle de l’Armée rouge pour vivre sous la coupe de l’URSS pendant presque un demi-siècle. L’indépendance ne reviendra qu’après l’éclatement de l’empire soviétique.
Tout cela n’aurait pas conduit pour autant à ce lointain déménagement s’il n’y avait pas eu les élections municipales de 2020 à Metz. Xavier Bouvet y mène une liste de rassemblement de la gauche et des écologistes. Ancien proche collaborateur de l’ancien maire PS de la ville, Dominique Gros, il rate l’élection de 197 voix, à la surprise générale. Il garde son bâton de pèlerin d’opposant mais l’exercice a ses limites. Il croit à la politique mais être confiné dans l’opposition finit par le lasser. On est associé à rien et responsable de rien
, glisse-t-il.
«Ã‚ J’avais envie d’un nouvel horizon »
L’envie d’aller voir ailleurs se fait pressante. S’il souhaite prendre de la distance, Xavier Bouvet ne peut partir qu’en Estonie, tant ce pays et son histoire lui parlent. Cette terre lointaine continue de le questionner, comme si la réponse à une question apportait une nouvelle interrogation. « J’avais envie d’un nouvel horizon », confie Xavier Bouvet, qui continue à y exercer son métier de consultant en analyses de l’opinion.
Et puis, il est tombé sur l’histoire d’Otto Tief et de ce groupe d’hommes politiques estoniens qui proclament l’indépendance de leur pays en septembre 1944. Leur histoire est fascinante et désespérée à la fois. L’armée allemande bat en retraite et l’Armée rouge s’apprête à s’installer.
Ils déclarent l’indépendance de l’Estonie alors, qu’autour d’eux, le monde n’est que chaos. Cette parenthèse vouée à l’échec ne dure que cinq jours et se met en place avec un formalisme juridique pointilleux. Le gouvernement s’appuie sur la dernière constitution du pays pour défendre son intégrité. Un combat au bord du précipice : le droit contre la barbarie de l’URSS.
Xavier Bouvet étudie cette histoire qui l’accapare et se plonge dans les archives. Cette histoire d’un gouvernement qui ne dure que cinq jours a quelque chose de vertigineux. Ces hommes vont au bout de leur choix personnel. Ils croient au droit et à l’authenticité de la parole au milieu d’un monde qui n’a plus aucun sens. Ils affirment leur foi en la loi, ce qui peut sembler de la candeur. J’ai voulu partager cette histoire
, explique-t-il.
«Ã‚ Une nation qui a attendu désespérément d’être européenne »
Cette indépendance légitime, même si elle n’a duré que cinq jours, ce gouvernement estonien la paiera de son sang. Ses membres seront assassinés par les Russes ou déportés. Otto Tief qui ne reverra jamais sa famille, heureusement exilée en Suède, connaîtra les camps de travail soviétiques et la relégation.
La suite logique et évidente, c’est ce livre, Le bateau blanc qui paraîtra dans quelques jours. Xavier Bouvet raconte le destin d’Otto Tief et l’espoir infime de ce dernier de voir venir, depuis la plage de Puise, sur les bords de la Mer baltique, un bateau qui lui offrira, à lui et à d’autres, la liberté et l’espoir de faire vivre en exil un gouvernement estonien. Ce bateau, qui donne au livre son titre, il ne le verra jamais. Il ne connaîtra que quelques mois de répit avant d’être happé par la machine répressive soviétique. Lorsqu’un officier de l’Armée rouge vient l’arrêter, il a cette phrase glaçante : « Prenez quelques affaires avec vous. Des vêtements d’hiver. Il peut faire froid, là-bas. »
Le roman de Xavier Bouvet, documenté avec précision, a été bien sûr rattrapé par l’actualité et l’invasion de l’Ukraine par la Russie. « L’Estonie, c’est l’histoire d’une nation qui a attendu désespérément d’être européenne », rappelle l’auteur. L’Ukraine aussi.
Le bateau blanc, Le Bruit du monde, 315 pages, 22 €.
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