Médecins. « On a réduit drastiquement le numerus clausus »

La faculté de santé de Rennes. (Photo d’illustration).

Courrier des lectrices et des lecteurs. « C’est ainsi qu’a été mis en place le fameux numerus clausus qui n’était qu’un simple outil. Un outil peut être la meilleure ou la pire des choses selon la manière dont on s’en sert. […] Aussi, ce n’est pas le numerus clausus, et donc ceux qui l’ont inventé et décidé, qui est responsable de la pénurie actuelle de médecins en France, mais celles et ceux qui ont contribué à réduire le nombre d’étudiants admis en seconde année de médecine. »

Michel Bolopion (Ille-et-Vilaine) :

«Ã‚ […] Il y a quelques décennies s’est imposée la pertinente nécessité de mieux organiser et réguler la formation des médecins, au risque de voir leur nombre exploser bien au-delà des besoins. Et cela dès le tout début des années 70.

C’est ainsi qu’a été mis en place le fameux numerus clausus qui n’était qu’un simple outil. Un outil peut être la meilleure ou la pire des choses selon la manière dont on s’en sert. […] Aussi, ce n’est pas le numerus clausus , et donc ceux qui l’ont inventé et décidé, qui est responsable de la pénurie actuelle de médecins en France, mais bel et bien celles et ceux qui ont contribué à réduire de manière irresponsable le nombre d’étudiants admis en seconde année de médecine.

Des chiffres sont accessibles, à prendre avec précaution, mais qui n’en sont pas moins révélateurs de l’inconséquence des décideurs. Au fil des décennies passées, on a réduit drastiquement le numerus clausus, avant de le faire remonter, bien trop tardivement. Et de fait, les courbes accessibles sont vertigineuses. 1972 : 8 588 heureux élus. 1993 : 3 500 (le niveau le plus bas). 2018 : 8 205 pour 57 591 candidats. Ce qui fait mentir l’argument avancé par certains d’un manque d’attractivité des carrières de médecine.

Mais quand on cherche à savoir quels sont les véritables responsables de la réduction du numerus clausus, il est bien difficile de mettre des noms. Qu’ils s’agissent de personnalités politiques (qui se contentent bien souvent de suivre les avis de leurs conseillers, dans un domaine très technique), ou de hautes personnalités scientifiques et autres hauts fonctionnaires qui peuplent diverses instances soi-disant éclairées.

Des responsables qui ont fini par admettre (bien trop tardivement) que la politique d’un numerus clausus toujours plus bas était absurde, avant de le faire remonter, trop lentement, comme à regret. Comme une manière de ne pas renoncer trop vite à leur lubie et celles de leurs aînés, dans un esprit de corps remarquable.

Et c’est là que joue l’omerta qui consiste à essayer de noyer le poisson pour protéger la réputation d’une poignée de grands décideurs. Mais comme il faut bien un responsable désigné, on met tout sur le dos du fameux numerus clausus. Alors que rien ne change véritablement, sauf que la détermination du nombre d’étudiants en médecine admis en deuxième année est plus complexe qu’elle n’a jamais été.

Certes, on tape sur certains élus, mais pas trop fort. On sait très bien qu’ils n’y sont pour rien, ou si peu. Comme si on voulait rendre M. Kalachnikov responsable de tous les crimes commis avec son mythique fusil-mitrailleur.

Effets secondaires parmi tant d’autres de ce fiasco insensé : toute une génération d’étudiants brillants qui rêvaient de faire carrière dans la médecine a été sacrifiée tandis que des citoyens doivent galérer pour obtenir certains rendez-vous dans des délais raisonnables. Pour certains, il s’agit de parcourir de grandes distances pour trouver un généraliste pourtant indispensable. »