Masques et décontamination : NBC-Sys met les gaz
Séance de décontamination pour le Griffon, un transport de troupe de l’armée française. Deux techniciens, en combinaison de protection et masques à gaz sur la tête, aspergent sur la surface du blindé de l’eau sous haute pression et une mousse chimique. Une procédure à réaliser en cas d’attaque nucléaire, radiologique, biologique ou chimique (NRBC) qui aurait contaminé véhicules, personnes, vêtements et bâtiments.
Mais ce jeudi 14 mars, dans la cour de NBC-Sys à Saint-Chamond (Loire), le véritable objet de la démonstration se trouve à côté du Griffon. L’entreprise, filiale de KNDS, a développé l’Essential Decon, une nouvelle solution de décontamination tout terrain. Sur un châssis modifié de camion, les ingénieurs ont monté différents modules qui peuvent se retirer ou s’ajouter en fonction des besoins. Réservoir d’eau ou de produits chimiques supplémentaires, appareil pour décontaminer les vêtements? Les cinq modules sont enchâssés dans des structures d’acier pour faciliter transport et installation sur d’autres porteurs comme des pick-up.
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Après l’attaque de la Ghouta en Syrie, la prise de conscience
Résultat, le délai de production d’un Essential Decon est de sept mois entre la commande et la livraison, avec une cadence de cinq unités par mois. « Nous sommes passés de la haute couture au prêt-à-porter », se félicite Jean-Marie Mathelin, directeur de NBC-Sys, filiale de Nexter. L’entreprise a basculé d’une logique de sur-mesure pour les armées clientes à celle d’une gamme unique capable de réaliser 80 % des missions de type NRBC. Un pays aurait d’ores et déjà montré son intérêt. L’armée française pourrait être, elle aussi, intéressée, alors que ses véhicules NRBC, déjà construits par NBC-Sys, datent du début des années 2000.
Après une période de relatif désintérêt de la menace des armes chimiques, 2013 marque un tournant dans l’histoire contemporaine. Cette année-là, en Syrie, l’armée de Bachar el-Assad mène une série d’attaques au gaz sarin contre la population civile de la région de la Ghouta près de Damas. Plus de 1 400 personnes, dont de nombreux enfants, sont tuées. Une prise de conscience des risques NRBC pour les pays occidentaux.
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NBC-Sys fournit les masques à gaz de l’armée depuis 1951
La France a de son côté toujours maintenu une unité, le 2? régiment de dragons, capable de prévenir ou gérer ces situations. De son côté, NBC-Sys se targue d’une solide expérience. Du masque à gaz de 1951 à celui actuellement en service, c’est elle qui a toujours fourni l’armée française. En 2027, l’entreprise devrait commencer la production d’un nouveau modèle, avec une meilleure vision panoramique et la possibilité d’installer sur le côté la cartouche, indispensable pour filtrer l’air. Ce seront 10 000 masques qui seront produits par an.
Pour répondre à la demande, NBC-Sys s’est agrandie, passant de 50 salariés à 2016 à 90. Le site historique de Saint-Chamond a gagné 1 000 mètres carrés supplémentaires, et un autre site a ouvert à Saint-Étienne. Pour la production des cartouches de masques à gaz, six robots ont automatisé la fabrication, aidée par de l’intelligence artificielle. « L’objectif de chiffres d’affaires 2023 a été dépassé pour atteindre les 34 millions d’euros », se félicite le directeur.
Protéger les Jeux olympiques
La crise sanitaire et la guerre en Ukraine n’ont pas mis à mal la production, qui ne s’est jamais arrêtée. « Nous avons assuré la ligne d’approvisionnement des matières premières », explique Jean-Marie Mathelin. C’est le cas du papier et du charbon de noix de coco, les deux « ingrédients » de base pour faire une cartouche.
De gauche à droite, le futur masque à gaz de l’armée française, une cagoule de protection et une cagoule de protection pour nourrisson. NBC-Sys produit en priorité pour les armées, notamment française, mais aussi pour les services de protection civile. © Clément Machecourt
De gauche à droite, le futur masque à gaz de l’armée française, une cagoule de protection et une cagoule de protection pour nourrisson. NBC-Sys produit en priorité pour les armées, notamment française, mais aussi pour les services de protection civile. © Clément Machecourt
Si « la priorité est de fournir les armées », NBC-Sys s’adresse également au secteur civil en fournissant du matériel aux pompiers et aux hôpitaux. Une mallette noire contenant le nécessaire pour réaliser des tests rapides de détection de l’anthrax et de la peste est assemblée aussi à Saint-Chamond. L’entreprise a confectionné des milliers de cagoules de protection respiratoire, à destination de la population. Ces dernières sont disséminées dans des lieux tenus secrets en France, en cas d’attaque NRBC visant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
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