Alors qu’en France, les tensions étudiantes autour du conflit israélo-palestinien semblent se cristalliser à Sciences-po Paris – une cinquantaine d’étudiants ont planté leurs tentes, mercredi en fin de journée, sur le campus Saint-Thomas avant d’être évacués -, celles qui agitent les plus grandes universités américaines ne cessent de prendre de l’ampleur.
Dès le 7 octobre, les campus les plus prestigieux avaient été le théâtre de discours et de menaces antisémites, conduisant le Congrès à convoquer les présidentes de Harvard, du MIT et de l’Université de Pennsylvanie pour exiger une explication. Son manque de réponses crédibles avait conduit Claudine Gay la présidente de Harvard, meilleure université au monde selon le classement de Shanghai, à la démission. Puis est venu le tour d’Elizabeth Magill, présidente de l’université de Pennsylvanie. Sans que les tensions ne s’apaisent.
Depuis le milieu de la semaine dernière, le campus de la prestigieuse université américaine Columbia est le théâtre d’une recrudescence des manifestations, certaines laissant place à des actes antisémites. L’arrestation et le renvoi d’étudiants de l’élitiste établissement new yorkais ont nourri la colère, et le mouvement touche désormais des établissements aux quatre coins du pays.
À l’université d’Austin, au Texas, un rassemblement de centaines d’étudiants s’est d’abord déroulé, certains brandissant des drapeaux palestiniens et portant le keffieh, ce foulard emblématique de la cause palestinienne, tandis que d’autres, encadrés par des policiers, s’étaient enveloppés dans des drapeaux d’Israël. Mais les plus déterminés ont refusé de se disperser et des affrontements ont eu lieu avec les forces de l’ordre. À 21 heures, heure locale (2 heures du matin ce jeudi, heure française), la police avait procédé à 34 arrestations.
À l’immense Université de l’État de Californie, l’University Park Campus, à Los Angeles, a été évacué en raison des manifestations qui s’y déroulaient. 93 personnes ont été interpellées, dont une pour agression avec une arme mortelle, a affirmé lors d’un point presse la capitaine Kelly Muniz, de la police de Los Angeles. « Pas de blessés signalés. Les patrouilles de police continueront dans le secteur » jeudi, ont indiqué les forces de l’ordre dans un message posté sur le réseau social X. Pour sa part, l’établissement a indiqué que le campus resterait « fermé jusqu’à nouvel avis » mais que « les étudiants, le corps professoral, le personnel et les personnes ayant à faire sur le campus peuvent entrer avec l’identification adéquate ».
À 300 km, le campus de polytechnique d’Humboldt, près de San Luis Obispo, est, lui, partiellement occupé par des manifestants dont des « non-étudiants non identifiés aux intentions inconnues », selon l’administration qui a décrété la fermeture des lieux pour tout le week-end. Les cours se feront jeudi et vendredi à distance et les autorités pourraient maintenir le campus fermé plus longtemps. Des graffitis qualifiés de « haineux » ont été peints sur le campus. Si l’université dit soutenir la liberté d’expression, elle refuse « l’antisémitisme, l’islamophobie, la haine et le sectarisme sous toutes ses formes ».
À Harvard (Massachusetts), des étudiants propalestiniens ont entamé un campement à Harvard Yard, l’immense espace de 10 ha situé au cœur des lieux. La direction avait pourtant fermé cet espace jusqu’à vendredi, pour éviter toute installation. Les étudiants dénoncent la suspension par l’université du « Comité de solidarité avec la Palestine », un groupe qui accuse Harvard de « réprimer sans relâche les voix de sa communauté qui s’élèvent contre les actions de l’État israélien et pour les droits du peuple palestinien ».
Netanyahou appelle « Juifs et non-Juifs ensemble » à « se lever et s’exprimer »
Un « campement de solidarité avec Gaza » est toujours en place à Columbia. La présidente de l’université, Minouche Shafik, a autorisé la police de New York à l’évacuer mais il s’est reconstitué sur la pelouse d’en face. 108 manifestants ont été interpellés, selon le maire Éric Adams, sans « aucune violence ni blessure pendant les troubles ». Tous avaient été libérés dans la soirée, ont affirmé au Spectator deux étudiants de la faculté de droit.
Mercredi soir, les étudiants propalestiniens de Columbia s’apprêtaient à passer une nouvelle nuit sur le campus, pour dénoncer la situation à Gaza, et l’éviction de leurs pairs défendant la cause palestinienne. REUTERS/Caitlin Ochs
Le très conservateur président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, y a tenu mercredi soir, sous les huées, un discours de fermeté. Il a réclamé la démission de Minouche Shafik « si elle ne remet pas immédiatement de l’ordre à ce chaos ». « Si la situation n’est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale », a-t-il affirmé. Le porte-parole de Columbia, Ben Chang, a balayé l’idée de faire appel à la Garde nationale. « Notre objectif est de rétablir l’ordre et si nous pouvons y parvenir par le dialogue, nous le ferons », a-t-il insisté.
Faire appel à la Garde nationale pour rétablir le calme sur les campus rappelle de douloureux souvenirs aux Américains : le 4 mai 1970, la Garde nationale de l’Ohio avait ouvert le feu à l’université d’État de Kent sur des manifestants étudiants pacifiques, qui protestaient contre l’intervention américaine au Cambodge en marge de la guerre du Viêt Nam. Quatre personnes avaient été tuées en 13 secondes.
Lors d’une allocution télévisée, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s’est ému que « des hordes antisémites se (soient) emparées des universités de premier plan » aux États-Unis, comparant la situation à celle de l’Allemagne dans les années 1930. Il a appelé « Juifs et non-Juifs ensemble » à « se lever et s’exprimer ». « Nous devons stopper l’antisémitisme », a-t-il martelé, « parce que l’antisémitisme (…) précède toujours des embrasements plus vastes qui engloutissent le monde entier ».
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