De Ceylan ou de Chine, toutes les variétés de cannelle sont-elles bonnes pour la santé ?

Antioxydante et anti-diabète, la cannelle a de nombreuses vertus santé, mais toutes les variétés de cette écorce ne sont pas de même qualité

Si la cannelle a de nombreuses vertus pour la santé, certaines variétés consommées en excès pourraient présenter des risques sanitaires.

Epice – Antioxydante et anti-diabète, la cannelle a de nombreuses vertus santé, mais toutes les variétés de cette écorce ne sont pas de même qualité

Sans son parfum et sa saveur uniques, les spéculoos n’existeraient pas. La cannelle, épice aromatique tirée de l’écorce du cannelier, est le secret de nombreux chefs professionnels et amateurs pour relever plats en sauce et pâtisseries. C’est aussi une épice aux mille et une vertus santé.

Mais toutes les cannelles de se valent pas, et certaines sont de meilleure qualité que d’autres. Pire, certaines seraient dangereuses pour la santé. Sur Instagram, nombreux sont les posts avertissant contre les dangers potentiels d’une variété de cannelle qui serait toxique pour le foie. Alors, peut-on continuer à saupoudrer sans risque nos assiettes de cannelle ou pas ?

Des risques liés à la coumarine

Sur Instagram, nombre de naturopathes et autres doctoresses es bien-être et nutrition mettent en garde contre la cannelle cassia, une variété qui vient notamment de Chine, en raison de sa teneur en coumarine, une substance naturelle qu’elle contient. Consommée à haute dose, la cannelle cassia présenterait des risques d’hépatotoxicité. En clair, elle pourrait abîmer le foie. Les adorateurs de café saupoudré à la cannelle (oui il y en a) et de cinnamon rolls sont-ils foutus ? « Non, rassure le Dr Aline Mercan, médecin spécialiste de la phytothérapie et de la nutrition, et autrice du Manuel de phytothérapie écoresponsable (éd. Terre vivante). En usage alimentaire, il faudrait en consommer des doses énormes pour qu’il y ait un risque véritable. En revanche, là où la cannelle peut poser problème, c’est pour les patients sous traitement anticoagulants et antiagrégants, eux-mêmes à base de coumarine. Cette substance a un effet fluidifiant, donc à haute dose, il y a un risque d’interaction avec les médicaments », prévient le médecin.

Autre risque : « lorsque la cannelle est prise sous forme de compléments alimentaires, notamment dans le cadre d’un diabète, pour son action bénéfique sur la régulation de la glycémie. Le risque est lié à la haute concentration de certains de ces compléments, comme on l’observe avec le curcuma ces dernières années. Ces plantes, épices et herbes aux propriétés médicinales avérées sont désormais disponibles sous forme de compléments alimentaires ultraconcentrés. Au point que maintenant, il y a des hépatites dues au curcuma pris en compléments alimentaires ».

Des cas de surdoses recensés

Et les cas de surdoses de coumarine sont heureusement très rares, ils existent : depuis 2006, l’Anses a recensé 114 signalements. « Les compléments alimentaires contenant de la coumarine disponibles sur le marché français sont le plus souvent formulés avec des cannelles ou des extraits standardisés d’écorce de canneliers, rappelle l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) dans un avis relatif à « l’évaluation du risque d’hépatotoxicité lié à la teneur en coumarine de certaines plantes pouvant être consommées dans les compléments alimentaires », dont la cannelle de Chine. En pratique, « les fabricants conseillent d’ingérer 1.000 à 8.000 mg de cannelle par jour. Avec de la cannelle de Chine, cela représente 3 à 24 mg de coumarine. Or, pour limiter l’exposition par voie alimentaire, l’Efsa [l’Autorité européenne de sécurité des aliments] a fixé une dose journalière tolérable (DJT) de 0,1 mg/kg de poids corporel par jour, soit 6 mg pour une personne de 60 kg, rappelle l’Anses. Une personne de 60 kg risque donc d’ingérer jusqu’à 4 fois la dose maximale recommandée, alerte-t-elle. On ne peut donc pas exclure un risque pour la santé humaine, d’autant plus élevé pour une utilisation subchronique du produit, correspondant à une durée de cure recommandée par certains opérateurs pouvant aller jusqu’à 3 mois ».

«Ã‚ Une précaution très simple est de faire des cures pas trop longues », prescrit le Dr Mercan. « Comme c’est une plante puissante, l’idéal est de ne pas dépasser trois semaines de cure et d’observer au moins quinze jours de pause avant de reprendre », abonde Michel Pierre, herboriste et auteur de La grande encyclopédie de l’herboristerie (éd. EPA).

Autre risque associé à la cannelle : l’utilisation « sous forme d’huile essentielle, ajoute le Dr Mercan, parce qu’elle est très caustique ». Elle peut ainsi « causer une réaction allergique voire une brûlure en utilisation par voie cutanée. C’est pourquoi je ne conseille pas la cannelle sous cette forme ».

De multiples bienfaits

Mais en choisissant une cannelle de qualité, il est possible de profiter sans risque de ses multiples bienfaits. « La cannelle à des propriétés antidiabétiques, antiseptiques, digestives, et régulatrices de beaucoup de bactéries au niveau du microbiote », énumère le Dr Mercan. « C’est une épice formidable, renchérit Michel Pierre. C’est une plante tonique, elle redonne de l’énergie, elle est riche en minéraux, fibres et antioxydants. Et comme beaucoup d’autres plantes aromatiques, elle a la vertu de renforcer le système immunitaire ». Dans son herboristerie parisienne, Michel Pierre propose la cannelle « sous forme de tisane, poudre et gélules. La gélule va être plus intéressante parce qu’elle est gastrorésistante : elle va se dissoudre dans le système digestif voire le colon, pour une meilleure sur le microbiote notamment. Ce qui est le plus plébiscité, c’est la cannelle de Ceylan en bâtons, puis celle sous forme de gélules, utilisée pour augmenter les défenses immunitaires ou en complément de traitements contre le diabète ».

Et dans la gamme qu’il propose, l’herboriste mise sur « la Cannelle de Ceylan, vraiment originaire de Ceylan, qui est de bien meilleure qualité que la variété cassia. Elle est extraite de la deuxième écorce de l’arbre, ce qui la rend très fine et subtile. Alors que celle de Chine, c’est de l’écorce entière, beaucoup plus épaisse et grossière. C’est d’ailleurs le moyen de les distinguer ». ça, et leur couleur : celle de Ceylan est plus brune, quand celle de Chine est d’une couleur plus vive, plus rouge. Mais « la différence majeure, c’est le goût, assure l’herboriste. La différence est marquée : un chef préférera toujours une cannelle de Ceylan à une autre ».

Pourtant, certains trouvent la « vraie » cannelle un peu fade, et lui préfèrent la cassia, qui a en outre l’avantage d’être beaucoup moins chère. « Toutes les variétés de cannelles ont à peu près les mêmes principes actifs », indique Michel Pierre. Et, rassure le Dr Mercan, « en utilisation alimentaire, vous ne risquez pas une hépatite parce que vous préférez la cannelle cassia ! »

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