L’immigration, ce monde parallèle
Que nous dit l’immense malaise des enseignants face à l’émergence d’une forme de contre-culture qu’est le fanatisme islamique ? L’affaire du Lycée Maurice-Ravel, comme toutes les autres, depuis le vote de la loi de 2004 sur l’interdiction du voile à l’école, est révélatrice des difficultés d’intégration d’une partie de la population de notre pays. On pourrait limiter le sujet au travail de sape d’organisations islamistes, dont l’objectif est de grignoter du terrain, au quotidien, face à la laïcité, fondement de notre République. Elles avancent souvent masquées, armées du concept fourre-tout d’islamophobie, organisant des ripostes puissantes sur les réseaux sociaux, entraînant la panique dans les lycées ou les collèges et des passages à l’acte assassins, comme ceux contre Samuel Paty ou Dominique Bernard.
Le départ du proviseur du lycée Maurice-Ravel est une petite victoire de ces artisans de la terreur. Elle n’explique pas la sensation de la plupart des professeurs, confrontés à cette vague obscurantiste, que le monde leur échappe, qu’ils ne comprennent plus pourquoi des gamins les menacent de mort quand ils donnent un cours sur l’art et qu’un nu apparaît. C’est donc bien un choc des cultures, entre une pensée moyenâgeuse et le monde des Lumières. Dans ce dossier gravissime, qui révèle l’incurie de l’État, lui aussi dépassé par les événements, souvent replié dans le « pas de vagues », pour ne pas dire dans la couardise, il y a un impensé, un angle mort qu’il est encore difficile de comprendre, celui d’un communautarisme lié au nouveau monde du numérique et de la vitesse.
Un télescopage inévitable
Depuis plus de dix ans, les immigrés, qu’ils soient de confession musulmane ou autre, habitent en France, travaillent en France, mais vivent, parfois, mentalement dans leur pays d’origine. Via Internet, Facebook, Instagram, TikTok, ils communiquent chaque jour avec leurs familles, proches ou éloignées, dans la langue vernaculaire, suivent les prêches des imams sur les réseaux, regardent les télévisions en langue arabe, turque, wolof, thaï, et tant d’autres, par les antennes paraboliques qui fleurissent sur tous les toits de nos cités.
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La langue française n’est plus un vade-mecum pour vivre en France. Une poignée de mots suffisent pour le quotidien. Le surgissement des compagnies low cost leur permet aussi de revenir plus fréquemment dans leur pays. Contrairement aux vagues d’immigrés des décades précédentes, ils n’ont plus besoin de s’intégrer au sens où nous l’entendions à l’époque du débat sur le voile, il y a une vingtaine d’années. Ils mènent une existence parallèle qui ne dérange personne jusqu’aux portes de l’école. Là, les choses se compliquent. Le télescopage est inévitable.
Aujourd’hui, la porosité entre des cultures si éloignées, parfois violemment antagonistes, n’existe plus. C’est cette autarcie intellectuelle, culturelle, provoquée par les réseaux sociaux, que nos gouvernants ont tant de mal à appréhender, provoquant ce trouble chez nos hussards de la République, de plus en plus désemparés. Comment intégrer des gens qui vivent en vase clos, physiquement en France, mentalement dans leur patrie originelle ? La démission du proviseur d’un lycée parisien n’est pas le signe d’un abandon en temps de guerre, mais surtout celui d’une perte de repères, pas seulement de l’Éducation nationale, mais de toute la communauté nationale.
Comment sortir de ce piège et ne pas glisser dans un défaitisme aux conséquences tragiques ? C’est la question que pose Didier Leschi, patron de l’Office de l’immigration et de l’intégration, dans un ouvrage indispensable, Le Grand Dérangement (Gallimard), pas vraiment politiquement correct. Si des gens ne veulent pas s’intégrer, nous fait-il comprendre à demi-mot, c’est tout simplement parce qu’ils n’ont nul besoin de le faire. Comment réduire les effets de cette intégration à la carte ? Sacré challenge pour un gouvernement, quel qu’il soit.
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