Alfa Romeo Milano : pourquoi le SUV fait déjà polémique dans son pays natal

Alfa Romeo Milano : pourquoi le SUV fait déjà polémique dans son pays natal

La dernière nouveauté de la marque au Biscione cumule les premières dont une qui passe plutôt mal en Italie. Décryptage.

Premier modèle de la gamme à être décliné en électrique, premier SUV urbain, le Milano cumule décidément les premières puisqu’il est aussi le tout premier véhicule Alfa Romeo destiné aux Italiens non assemblé sur place. “Dans le passé, d’autres voitures Alfa Romeo ont été fabriquées dans des usines étrangères, mais uniquement pour d’autres marchés”, note le journal italien Il Giornale. La chose est connue depuis longtemps, il est étonnant que la polémique n’ait pas éclaté plus tôt, mais il est en effet construit en Pologne, dans l’établissement de Tichy, aux côtés de ses cousins techniques les Jeep Avenger et Fiat 600. Une décision qui ne passe pas du tout de l’autre côté des Alpes.

“Une voiture appelée Milano ne peut pas être produite en Pologne”

Depuis quelques mois, les tensions sont grandes et les bras de fer se succèdent entre le groupe Stellantis présidé par Carlos Tavares et le gouvernement italien qui aimerait bien qu’il produise davantage sur son sol. Si la situation s’était néanmoins quelque peu apaisée depuis que l’Italie avait annoncé débloquer 950 millions d’euros pour accompagner l’électrification du parc automobile local, une chose que le patron de Stellantis estimait nécessaire pour faire face aux enjeux d’aujourd’hui (après tout, il produit de moins en moins de véhicules thermiques), la présentation du Milano vient à nouveau jeter de l’huile sur le feu.

Dans une déclaration largement relayée par la presse nationale, le ministre de l’Industrie du Made in Italy Adolfo Urso a fait connaître son mécontentement : “une voiture appelée Milano ne peut pas être produite en Pologne”. Milano, c’est en italien le nom de la ville de Milan, dans laquelle se trouve le siège d’Alfa Romeo. Une appellation “à forte teneur historique”, “hommage explicite à la ville natale d’Alfa Romeo, ambassadrice du Made in Italy”, ainsi que se targuait Alfa Romeo dans un communiqué publié en décembre dernier. Un nom assez logique pour un modèle à l’importance capitale qui se veut l’ambassadeur de la marque et sur lequel l’avenir de cette dernière repose.

Seulement, c’est bien cette qualification qui pose souci à Adolfo Urso rappelant qu’une loi datant de 2003 empêche les marques d’utiliser des noms ou références géographiques à consonance italienne pour des produits fabriqués à l’étranger puisque cela induirait “le consommateur en erreur”. Le Milano est selon lui de ceux-là.

Carlos Tavares tente d’éteindre l’incendie

Voilà pour les doléances du ministre de l’Industrie. Logiquement, Carlos Tavares ne pouvait pas rester sans réagir. Dans une table ronde organisée à l’occasion de la présentation du modèle, il a tenu à expliquer son choix : “Si nous l’avions construit en Italie, un Milano aurait démarré aux alentours de 40 000 € et pas de 30 000 €, ce qui aurait limité son potentiel sur le marché”. Comme souvent avec lui, tout est une question de coût. Nous l’avons souligné plus haut, il était prévu de longue date que le Milano soit produit en Pologne, même avant que PSA Peugeot-Citroën et Fiat Chrysler Automobiles fusionnent pour devenir le géant automobile qu’il dirige aujourd’hui. Partager un maximum d’éléments communs, c’est le meilleur moyen de réduire les coûts et Stellantis ne le sait que trop bien. En outre, le coût de la main d’œuvre est également bien moins élevé en Pologne, tout s’explique. Sachant que les consommateurs italiens privilégient les modèles accessibles (la Panda, éternelle n°1 des ventes, en est la preuve), Carlos Tavares – en sa réputation non usurpée de “cost-killer” – a donc préféré joué la carte de la simplicité et ne pas modifier les plans préalables.

Pour apaiser le gouvernement italien, le dirigeant a confirmé que les remplaçants des Stelvio et Giulia, prévus respectivement pour 2025 et 2026, seront toujours assemblés dans l’usine de Cassino, dans le centre du pays. 100 millions d’euros seront investis à cette occasion pour développer la plateforme STLA Large sur laquelle ils reposeront tous deux. Autre élément de réassurance, il a également annoncé que la Panda thermique, qu’il faut désormais appeler Pandina, sera fabriquée non pas jusqu’en 2027 mais jusqu’en 2030. Enfin, récemment, le groupe a publié un communiqué pour évoquer le sort du site de Mirafiori sur lequel sera produit entre autres une transmission qui équipera “la prochaine génération de modèles hybrides de Stellantis”.

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