Les Français ont retrouvé le goût des espèces avec l'inflation (et ce n'est pas forcément une bonne nouvelle)

74% des Français de plus de 18 ans ont utilisé quotidiennement des espèces en 2023 (6 points de plus qu’en 2022).

Après le Covid qui avait favorisé le paiement sans contact, l’inflation a eu l’effet inverse sur nos moyens de paiement. Les espèces ont en effet connu un regain d’intérêt en 2023 de la part des Français.

Selon le baromètre annuel Ifop pour la Monnaie de Paris, 83% des Français se disent attachés au cash, soit quatre points de plus qu’en 2022, indique Le Parisien. Et ce n’est pas qu’un attachement émotionnel aux billets et aux pièces puisque 74% des adultes majeurs assurent avoir utilisé les espèces quotidiennement en 2023 contre 68% en 2022.

Une enquête qui confirme les précédents chiffres dévoilés en septembre dernier par le GIE Carte Bancaire. Selon ce groupement, les sommes retirées aux distributeurs automatiques de billets (DAB) étaient en hausse de 5% sur les six premiers mois de l’année passée.

En pleine inflation, les espèces constituent un moyen plus efficace pour gérer son budget. En témoigne le succès sur les réseaux sociaux des vidéos de “cash stuffing” qui consistent à organiser ses dépenses en mettant de l’argent dans des enveloppes.

Le cash pour épargner

Mieux dépenser et surtout dépenser moins. Le paiement en espèce engendre un phénomène que les psychologues appellent la “douleur de payer” qui rend plus difficile de se délecter ou de “casser” un billet que d’effectuer le même paiement avec une carte sans contact.

L’argent liquide est aussi un moyen de se protéger.

“Le cash n’est pas qu’un mode de paiement, il reste un moyen privilégié de se constituer une épargne de précaution, estime Marc Schwartz, le PDG de la Monnaie de Paris dans Le Parisien. Les ménages sont de plus en plus nombreux à garder une réserve d’argent liquide chez eux.”

Forme de monnaie la plus accessible, les pièces et billets conservent une dimension symbolique forte dans les périodes d’incertitude.

Un attachement qui traduit toutefois une crainte dans l’avenir. Se constituer une épargne de précaution en cash, qui plus est en période d’inflation avec des taux de rémunération de livrets au plus haut, est une incohérence économique dans la mesure où le bas de laine perd de sa valeur à mesure que les prix augmentent.

Un symptôme de perte de confiance qui est d’ailleurs récurent lors des crises économiques. Durant la dépression de 2008, la demande d’espèces s’était accrue avant de refluer la décennie suivante.