« Idées reçues », refus des familles… les greffes d’organes remontent sans atteindre le niveau d’avant-Covid

« idées reçues », refus des familles… les greffes d’organes remontent sans atteindre le niveau d’avant-covid

La première greffe de larynx en France s’est déroulée les 2 et 3 septembre à l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon. (Illustration) Hospices Civils de Lyon

Les greffes d’organes remontent en France mais toujours pas au niveau d’avant-Covid ni à la hauteur des besoins, selon le bilan 2 023 de l’Agence de la biomédecine. Troisième pays au monde pour les greffes derrière l’Espagne et les Pays-Bas, la France a effectué plus de 5 634 transplantations en 2023, le plus souvent de rein, mais aussi du foie, ou encore du cœur et des poumons.

C’est plus qu’en 2022 (+ 2,5 %, soit 139 greffes supplémentaires) et surtout qu’en 2020, année chamboulée par le Covid, a noté en conférence de presse par Marine Jeantet, directrice générale de l’Agence de la biomédecine, soulignant qu’un don d’organes permet de « sauver entre trois et quatre personnes ». Mais le niveau d’avant-Covid, à savoir 5 903 transplantations en 2019, n’est toujours pas rattrapé.

Et les besoins, croissants, ne peuvent être entièrement satisfaits : plus de 21 866 patients restent en attente de greffe, dont 11 422 immédiatement appelables. « L’activité de greffe augmente en France deux fois moins vite que le nombre de nouveaux inscrits en attente », a résumé François Kerbaul, directeur du prélèvement. Combler davantage cet écart sera « un vrai défi collectif en 2024 », a reconnu Marine Jeantet. D’autant que le taux d’opposition au don d’organe de proches décédés de mort encéphalique a connu une « hausse significative » sur un an (+ 9,4 %), passant à 36,1 %. Sur le territoire, ce taux dépasse les 50 % dans les Outremers, avoisine 49 % en Île-de-France, mais est inférieur à 25 % en Bretagne, Pays-de-la-Loire ou Corse.

« Idées reçues »

Difficile d’expliquer la montée des refus, « multifactorielle », selon l’agence, qui veut renforcer l’information, en attendant de mieux comprendre. Depuis 1976, la loi prévoit que chacun est donneur d’organes à sa mort, sauf s’il a exprimé son refus de son vivant, en s’inscrivant sur le registre national des refus ou en informant ses proches.

Les inscriptions au registre des refus « restent minimes – environ 0,7 % de la population – », mais avec « une augmentation importante des moins de 35 ans – avant c’étaient majoritairement des plus de 60 ans – », a relevé Marine Jeantet. Favorables à plus de 80 %, selon un baromètre de l’Agence, à un don de leurs organes, « les Français sont trop peu nombreux à avoir fait part de leur position à leurs proches, qui, faute de connaître la volonté du défunt, préfèrent rapporter une opposition », selon David Heard, directeur de la communication.

Face à des « idées reçues », l’agence veut « rassurer » : « les organes prélevés servent à des interventions thérapeutiques, pas à des recherches scientifiques ; les greffons sont attribués sur des critères uniquement médicaux, la catégorie socioprofessionnelle ou l’origine ne rentrent pas en compte » ; « aucune religion monothéiste ne s’oppose au don d’organes, et il est possible de faire tous les rites funéraires ».

Objectif : entre 6 700 et 8 300 greffes en 2026

Autre obstacle à une augmentation des greffes : l’hôpital reste « en souffrance », « l’activité chirurgicale n’a pas retrouvé le niveau d’avant-Covid » par manque de personnel, a pointé Marine Jeantet, évoquant des choix parfois « cornéliens » entre « un patient attendant une opération depuis 3-4 mois » et une greffe. Pour les hôpitaux, une greffe implique une grosse logistique. Souvent, les opérations se font la nuit, quand toutes les équipes sont mobilisables et les blocs disponibles. Et, pour une greffe sur donneur vivant, principalement du rein, deux blocs doivent fonctionner simultanément.

L’association de malades Renaloo a déploré mardi, dans un communiqué, « une activité de greffes de donneurs vivants fragilisée, qui repose sur l’engagement d’un faible nombre d’équipes ». Pour mobiliser davantage les soignants, au-delà des équipes spécialisées, l’Agence de biomédecine mise aussi sur la formation des internes, la sensibilisation des infirmières et aides-soignantes, ou encore des généralistes. Une incitation financière des équipes de prélèvements et greffes, inspirée de l’Espagne, est aussi à l’étude, selon Marine Jeantet.

L’objectif reste d’atteindre entre 6 700 et 8 300 greffes en France à l’horizon 2026, en vertu d’un plan pluriannuel. Critiquée par la Cour des comptes fin janvier, l’Agence de la biomédecine met en avant ses multiples actions pour respecter ce quatrième plan greffe. Sa directrice sera auditionnée mercredi au Sénat.

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