La symptothermie, une contraception « 100 % naturelle » vraiment plus fiable que la pilule ?

Si la symptothermie peut s’avérer « très efficace » chez les femmes motivées et très rigoureuses, elle présente plusieurs limites, notamment chez celles ayant des cycles irréguliers

la symptothermie, une contraception « 100 % naturelle » vraiment plus fiable que la pilule ?

La symptothermie est une méthode de contraception naturelle qui consiste à repérer sa période de fertilité.

vraix du faux – Si la symptothermie peut s’avérer « très efficace » chez les femmes motivées et très rigoureuses, elle présente plusieurs limites, notamment chez celles ayant des cycles irréguliers

Clémence, énergéticienne, Alix, instructrice en symptothermie, ou Nadège, naturopathe, expliquent sur leurs réseaux sociaux comment « vous reconnecter à votre cycle ». Sur Instagram, TikTok et YouTube, de nombreuses femmes font ainsi la promotion de la symptothermie. Une méthode contraceptive « 100 % naturelle » qui aurait une efficacité de 98 %.

Alors que de plus en plus de femmes se détournent des contraceptions hormonales, on a voulu démêler le vrai du faux. En quoi consiste exactement cette technique reposant sur de l’auto-observation. Et surtout, est-elle vraiment si efficace ? On a posé la question à des gynécologues obstétriciens.

Comment fonctionne la symptothermie ?

Contrairement aux hommes, qui sont fertiles tous les jours, les femmes ne le sont qu’une dizaine de jours par mois. Pour éviter de tomber enceinte, celles pratiquant la symptothermie vont donc repérer cette période de fertilité et éviter d’avoir des pénétrations vaginales non protégées à ce moment (ce qui n’empêche donc pas les rapports protégés). « Si on dit que J1 est le premier jour des règles, par sécurité, il faut éviter ce type de rapports entre J5 et J16 », illustre Julia Maruani, gynécologue, l’ovulation ayant lieu à J14.

Pour repérer cette période, elles vont utiliser trois techniques. La première consiste à mesurer l’évolution de leur température corporelle, prise chaque jour à la même heure. Lors de la phase pré-ovulatoire, elle diminue, passant en moyenne de 36,6 à 36,2 °C, avant de remonter subitement après ovulation, pour atteindre 37 °C.

La deuxième consiste à observer la modification de leur glaire cervicale (du col de l’utérus), soit en s’essuyant après avoir uriné, soit en insérant un doigt dans leur col. « Trois jours avant l’ovulation, la glaire devient plus filante, fluide et transparente, comme un blanc d’œuf cru, ce qui permet de laisser passer les spermatozoïdes », explique François Guillibert, gynécologue obstétricien. Après ovulation, la glaire se réepaissit et devient opaque et collante.

Certaines ont recours à un troisième indice, la position de leur col de l’utérus, visible également en y insérant un doigt. Pour schématiser : quand la femme n’est pas en période de fertilité, son col est bas, dur, ferme et légèrement ouvert. Et à l’approche de l’ovulation, il s’ouvre davantage et devient plus haut, mou et humide.

Quelles sont ses limites ?

La symptothermie présente plusieurs limites, selon les gynécologues interrogés. « Certaines femmes sécrètent très peu de glaire cervicale, ce qui complique l’observation de changements », souligne Julia Maruani. Autre difficulté : les modifications hormonales. « Qu’elles soient liées à un traitement médicamenteux, un changement d’alimentation, une prise ou une perte de poids, elles peuvent changer la température et le profil de glaire », assure François Guillibert. Certaines personnes, comme celles souffrant d’un syndrome des ovaires polykystiques ou d’anorexie, peuvent également avoir des cycles irréguliers, rendant difficile – si ce n’est impossible – l’utilisation de la symptothermie.

«Ã‚ Ce n’est pas pour rien que nous, spécialistes de la fertilité, n’utilisons plus la courbe des températures et l’observation de la glaire pour mesurer la période de fertilité de nos patientes », appuie Geoffroy Robin, gynécologue médical au CHU de Lille, maître de conférences et secrétaire général du CNOF.

Julia Maruani, qui émet peu de réserves sur les deux premières techniques, est plus sceptique concernant le toucher du col. « Ce n’est vraiment pas évident à voir. Selon moi, ça complexifie la méthode et peut conduire à un taux d’échec. »

Que disent les études sur son efficacité ?

Le taux d’efficacité d’une méthode contraceptive se mesure grâce à l’indice de Pearl. Il indique, sur une base de 100, le nombre de femmes utilisant cette méthode qui sont tombées enceintes. Les adeptes de la symptothermie vantent un taux de 2 %. Un chiffre que l’on retrouve dans un comparatif réalisé par l’OMS, quand la contraception est utilisée de manière courante et non parfaite (contre 7 % pour la pilule).

Mais les résultats des quelques études réalisées sur la symptothermie sont très contrastés. Une étude menée durant un an en Allemagne, en 1985, et portant sur 900 femmes, a montré un taux de grossesse de 0,6 %. Problème : elles n’avaient eu aucun rapport sexuel pendant leur période fertile. Plus récemment, différentes études ont montré des taux de grossesse variant de 1,8 % à 33,6 % quand la symptothermie était utilisée de manière courante, et de 0,4 % à 12,1 % quand elle était parfaitement utilisée.

Selon les gynécologues interrogés, ces études sont réalisées chez des femmes extrêmement motivées et scrupuleuses, rendant les résultats très positifs. « Mais si on propose ces méthodes à des personnes qui font moins attention, les chiffres vont se casser la figure », assure François Guilibert. C’est la raison pour laquelle Geoffroy Robin ne conseille pas cette méthode aux femmes pour qui tomber enceinte serait très problématique.

Le maître de conférences soulève un autre biais. « Beaucoup de femmes se tournent vers ces méthodes une fois qu’elles ont eu plusieurs enfants et sont donc plus âgées ». Selon lui, leur fertilité est donc naturellement plus baisse. « Chez une femme bien informée qui a des cycles réguliers et qui apprend à connaître son corps sur plusieurs mois, c’est une méthode qui peut être très correcte en termes d’efficacité, conclue la gynécologue Julia Maruani. Elle restera moins performante qu’un implant, un stérilet ou une pilule parfaitement prise. Mais la pilule aussi, on peut oublier de la prendre. »

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