La pression monte autour de TikTok Lite en Europe

La pression monte autour de TikTok Lite en Europe

À peine disponible, déjà interdite ? L’application TikTok Lite, qui récompense les utilisateurs pour leur temps passé sur la plateforme chinoise en pièces virtuelles convertibles en bons d’achat, était apparue fin mars à bas bruit en France et en Espagne? Mais elle se retrouve déjà dans le viseur de la Commission européenne, qui menace de suspendre cette dernière par crainte de l’addiction que peut générer une telle incitation.

Une nouvelle pierre dans la chaussure de cette application aux 150 millions d’utilisateurs actifs par mois en Europe, axée sur des vidéos courtes et souvent virales, qui est aussi attaquée sur le front outre-Atlantique. Les États-Unis travaillent sur un projet de loi qui menace d’interdire ce réseau social sur leur territoire si l’application n’est pas revendue et reste aux mains de ByteDance, la maison mère chinoise de TikTok, jugée trop proche des autorités de Pékin.

Protéger les jeunes de l’addiction

«Ã‚ Ces incitations financières à passer plus de temps sur l’application peuvent créer une dépendance et conduire à un temps d’écran excessif et à des risques pour la santé mentale des utilisateurs, notamment les plus vulnérables », s’inquiète un collaborateur de Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur.

Et par « vulnérables » la Commission entend surtout préserver les utilisateurs mineurs. « Les flux incessants de vidéos courtes et rapides peuvent sembler amusants, mais ils exposent nos enfants à des risques d’addiction, d’anxiété, de dépression, de troubles alimentaires, de réduction des capacités d’attention, a estimé Thierry Breton dans un communiqué. Nous ne ménagerons aucun effort pour protéger nos enfants. »

Le 17 avril, la Commission européenne a donc adressé à TikTok une demande d’informations sur ce nouveau service pour donner à l’application la possibilité de prouver qu’avant de le lancer elle avait procédé à une évaluation des risques liés à cette fonction de récompenses et adopté des mesures d’atténuation efficaces. Une requête laissée lettre morte dans les 24 heures que lui laissait Bruxelles pour fournir ces données, comme le prescrit le DSA ? Digital Services Act ?, nouveau règlement sur les services numériques.

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D’ailleurs, une commission d’enquête sénatoriale avait déjà tiré la sonnette d’alarme en juillet dernier sur la dangerosité potentielle de TikTok pour la jeunesse. « Il faut faire quelque chose contre les algorithmes qui ne touchent pas seulement des adolescents, mais aussi des enfants de 8 ou 9 ans, expliquait alors Claude Malhuret, son rapporteur, au Point. N’oublions pas que TikTok possède l’algorithme le plus addictif possible pour les enfants. »

Si TikTok se défend en affirmant que son programme Lite ne présente aucun risque pour les mineurs puisqu’il n’est pas autorisé aux personnes de moins de 18 ans, les autorités européennes craignent que cette interdiction ne soit trop facilement contournable. Et la Commission européenne ne compte pas en rester là.

TikTok Lite bientôt mis au ban de l’Europe ?

«Ã‚ Nous ouvrons une nouvelle procédure de non-conformité contre TikTok pour manquement à l’obligation d’analyser, d’évaluer et d’atténuer avec diligence l’impact du programme de récompenses TikTok Lite sur le bien-être physique et mental de ses utilisateurs, poursuit le conseiller du commissaire européen au Marché intérieur. Nous ordonnons à TikTok de soumettre dans les 24 heures le rapport d’évaluation des risques, sous peine de paiement de pénalités pour chaque jour de retard. Nous lui donnons également jusqu’au 3 mai pour fournir les informations complémentaires dont nous avons besoin pour en évaluer la conformité : l’absence de réponse dans les délais pourrait également être sanctionnée par des pénalités de retard. »

Et, cette fois, TikTok a plutôt intérêt à être au rendez-vous puisque, si ce n’est pas le cas, la Commission européenne se réserve le droit, dès ce jeudi 25 avril, de suspendre TikTok Lite dans l’Union européenne pendant soixante jours afin d’avoir « le temps d’évaluer la sécurité de ce programme de récompenses sans que les citoyens européens soient des cobayes ». Le compte à rebours est lancé, et la plateforme chinoise a moins de deux jours pour présenter les arguments en défense de son produit? Sous peine de le voir mort-né sur le Vieux Continent.

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