La marque de luxe Chanel vend des pièces produites par… France Travail
Ce lundi 22 avril, Mediapart a dévoilé que la célèbre marque de luxe Chanel vendait certaines de ses pièces en réalité produites par des personnes en formation, rémunérées par France Travail (ex-Pôle emploi). Sélectionnées via le dispositif AFPR, deux personnes ont témoigné.
«Je trouve Г§a inadmissible, c’est du travail dissimulГ©.В» Par ces mots, Sylvie*, 55 ans, ne dГ©colГЁre pas. Le 20 avril 2023, elle a participГ© Г une rГ©union d’information organisГ©e par l’agence PГґle emploi de Millau (Aveyron). Une formation en maroquinerie chez le gantier Causse leur a Г©tГ© prГ©sentГ©e, via le dispositif AFPR (Action de formation prГ©alable au recrutement), financГ© par France Travail (ex-PГґle emploi). La manufacture est spГ©cialisГ©e dans la ganterie, et s’est lancГ©e dans la petite maroquinerie en 2016, aprГЁs avoir Г©tГ© rachetГ©e par Chanel en 2012. Une formation qui enchante Isabelle*, 52 ans, l’une de ses futures collГЁgues, pour qui travailler pour Chanel est В«un rГЄve de gamineВ».
Seulement, comme le dévoile Mediapart, même si un CDD est promis par Causse à l’arrivée, les deux femmes se verront éjecter de la formation, à trois jours de la fin. Au début de leur formation, Sylvie, Isabelle et six autres personnes s’attèlent à apprendre les gestes professionnels sur des pièces d’essai pour Chanel. Une fois les premiers tests passés, et quatre stagiaires évincées, les choses changent. «On nous dit : “Vous êtes prêtes ? On va travailler avec du cuir et de vraies pièces, et si elles sont correctes, ça part à la vente”», se remémore Isabelle auprès de nos confrères. Des dires confirmés par la marque de luxe : «Si la pièce confectionnée remplit l’ensemble de nos critères d’excellence, et uniquement dans ce cas, elle peut être commercialisée.»
À lire aussi 10 formations diplômantes ou certifiantes 100% en ligne pour booster votre carrière en 2024
Des droits épuisés et un salaire à peine plus élevé que leur production
Dès ce moment-là, les quatre stagiaires restantes se posent des questions quant à cette méthode douteuse. «La personne en formation, en situation de précarité, attend le contrat de travail, dans un lien de subordination avec l’employeur, et de fait, va travailler gratuitement», témoigne Guillaume Bourdic, élu CGT chez France Travail. Quoi qu’il en soit, tout le monde poursuit la formation. Une fois celle-ci terminée, les rescapées enchaînent sur trois semaines de «tutorat interne», fait pour «voir si vous suivez la cadence de production», selon Sylvie. Une soixantaine de porte-cartes doit être produite chaque semaine. Mais le rythme est dur à tenir, et les deux collègues le concèdent : elles en produisent soixante-cinq en trois semaines, contre quatre-vingt-quinze pour les deux autres personnes.
À lire aussi Envie de changer de métier ? Ce dispositif vous permet de financer votre reconversion
À trois jours de la fin du dispositif, Sylvie et Isabelle sont convoquées dans le bureau des ressources humaines : elles n’auront pas de contrat. Le souci étant que, durant les trois mois de formation, Isabelle a épuisé ses droits au chômage, qui continuaient d’être décomptés durant son stage. Sylvie, elle, a été rémunérée 723 euros par mois par France Travail, n’ayant pas droit aux allocations chômage. Son salaire était à peine plus que le prix unitaire des porte-cartes qu’elle produisait : 660 euros. Pour autant, Chanel assure à Mediapart avoir gardé cinquante personnes au sein de l’atelier d’assemblage depuis le début des AFPR, il y a cinq ans. Soit «94% des personnes formées», selon leurs calculs. Un chiffre qui serait plutôt biaisé, puisque cela impliquerait que cinquante-trois personnes au total aient participé aux formations, et que seules trois d’entre elles n’aient pas été gardées. Or, «dans la seule promotion de mai 2023, six stagiaires ont été écartées avant l’obtention d’un contrat».
*Les prénoms ont été modifiés.
News Related-
Foot: Cristiano Ronaldo la joue fair-play en Ligue des champions asiatique
-
A Panmunjom, des soldats nord-coréens munis d'un pistolet après l'annulation de l'accord militaire intercoréen
-
Assurance chômage: les partenaires sociaux ont six mois pour renégocier, notamment sur les seniors
-
«Je ne regardais les réseaux sociaux que 15 minutes par jour»: la méthode d’Ulysse, major à HEC
-
Décarbonation, souveraineté, compétitivité... Macron attendu aux assises de l'économie de la mer à Nantes
-
Sam Bennett, un sprinteur à relancer pour Decathlon-AG2R La Mondiale
-
Burkina Faso: une attaque terroriste d'ampleur vise la ville de Djibo, dans le Sahel
-
VIDÉO. Fair-play, Cristiano Ronaldo obtient un penalty avec Al-Nassr et le fait annuler
-
EXCLU EUROPE 1 - Vieillir à domicile, un luxe de plus en plus coûteux
-
Guerre en Ukraine : quel est le rapport de force avant l’hiver ?
-
Pollution : Pourquoi la qualité de l’air n’est-elle jamais « bonne » en Bretagne ?
-
Ligue des champions. Le PSG qualifié pour les huitièmes de finale de C1 si…
-
Les trois meilleurs sacs banane en 2023
-
Assurance chômage : comment l’État met la pression sur les partenaires sociaux