Bruno Le Maire fragilisé à Bercy ?
Lundi 8 janvier, à 11 heures, Bruno Le Maire était encore un des hommes les plus puissants et les moins contestés du pays : pour assister à ses vœux à Bercy, une longue file de patrons faisait la queue à l’entrée du ministère de l’Economie. Même Patrick Pouyanné, le PDG de Total Energies, était venu sur place. Dans les salons du ministère, 1 300 personnes, serrées, assistaient au septième discours successif de vœux du ministre, un record sous la Ve République.
Bruno Le Maire était impérial : certes, Elisabeth Borne n’était plus en poste, et son propre avenir était incertain, mais l’Elysée l’avait autorisé à prononcer ses vœux, et il avait vu le président de la République la veille du week-end, signes qu’il était bien parti pour rester en place et consolider son record.
Et puis, les rumeurs ont commencé à circuler. Etait-ce bien certain ? Le poids lourd de l’équipe Borne, avec le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, n’allait-il pas devoir accepter un autre rôle, voire une division de Bercy en plusieurs morceaux pour briser son pouvoir sur l’économie française ?
Retour à l’orthodoxie
Ces derniers mois, des interrogations avaient déjà filtré. On avait dit que Bruno Le Maire était partant pour des rôles internationaux, comme la présidence du FMI, le Fonds monétaire international, à Washington : le poste qu’avait choisi Dominique Strauss-Kahn pour préparer sa candidature à la présidence… L’Elysée lui a aussi proposé de conduire la liste Renaissance aux prochaines élections européennes, ce dont il n’a pas voulu. Par contre, il est certain qu’aujourd’hui il veut garder Bercy, pour préparer la prochaine présidentielle.
Et il a profité de ses vœux pour présenter sa feuille de route d’ici là. En résumé, c’est un retour à l’orthodoxie économique, au Bruno Le Maire d’avant le Covid et les « gilets jaunes », quand il se présentait en ministre libéral, souhaitant diminuer le poids de l’Etat, les impôts… et la dette publique – qui n’a cessé de gonfler sous sa conduite. Il veut désormais tout faire pour amener la France au plein-emploi, passer de 7,4 % de taux de chômage – au plus bas depuis des lustres – à 5 % comme dans la plupart des autres pays. Ce qui supposera une remise en cause des avantages sociaux actuels, et sans doute un durcissement des allocations-chômage. Plus rien à voir avec l’époque du « quoi qu’il en coûte », une volte-face à droite toute, comme on a rarement vu sous la Ve République.
A la recherche des Harlequin de Bruno Le Maire
Si on regarde son bilan, il est difficile de donner une ligne directrice à son action, en dehors d’un vrai pragmatisme – ce qui n’est pas une mauvaise chose. Le premier Bruno Le Maire à Bercy voulait tout privatiser, de cela il n’est plus question, au contraire : il a même nationalisé EDF. Le premier Bruno Le Maire a baissé ou supprimé des impôts, mais l’an dernier, devant l’ampleur des déficits, il a renoncé à effacer les derniers impôts de production qui pèsent sur les entreprises… tout en promettant aux patrons pendant ses vœux de le faire le plus vite possible. Le nouveau Bruno Le Maire promet de ne plus dépenser d’argent public, en dehors de ce qu’a voté le Parlement, de commencer à réduire les déficits publics, d’être inflexible :
«Ã‚ Nous devons trouver au minimum 12 milliards d’euros d’économies en 2025. Appelons donc un chat un chat : en matière de finances publiques, le plus dur est devant nous. »
Est-ce cela qui aurait déplu à l’Elysée, et qui aurait conduit à le mettre sur la sellette ? Rien n’est moins certain, car c’est aussi la feuille de route de l’Elysée. Bruno Le Maire reste d’ailleurs « serein », selon un de ses proches, sur sa reconduction. Mais tout de même, ces derniers jours, avec toute cette incertitude, ont été une remise en cause de son pouvoir.
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