Hypertension nocturne : signes, diagnostic, prise en charge
La pression artérielle suit un rythme circadien : elle a tendance à baisser pendant la nuit et à remonter le matin. À l’exception de certains patients chez qui l’absence de baisse de la pression artérielle durant la nuit est plus fortement corrélée aux événements cardiovasculaires. Le point avec le Pr Gérard Helft, cardiologue et président de la Fédération française de cardiologie.
En France, selon les chiffres de Santé Publique France, 17 millions de personnes souffrent d’hypertension artérielle (HTA) et 6 millions n’ont pas connaissance de leur maladie. Or, l’hypertension artérielle est une des principales causes de complications cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral), rénales (insuffisance rénale) ou cognitives (démence…). D’où l’importance de la dépister précocement.
Hypertension artérielle nocturne : de quoi parle-t-on ?
Maladie chronique la plus fréquente dans le monde, l’hypertension artérielle correspond à une pression excessive dans les artères. “La pression artérielle doit être inférieure à 140 mmHg (millimètres de mercure) pour la pression systolique et 90mmHg pour la pression diastolique, précise d’emblée le Pr Gérard Helft. Au-delà, on parle d’hypertension artérielle.” Notre tension varie au cours de la journée : elle est plus élevée le matin et peut augmenter en situation de stress… notamment lors d’une consultation chez le médecin ! “C’est l’effet ‘‘blouse blanche’’”, confirme le spécialiste. Et d’ajouter : “Normalement, la tension artérielle est nettement plus basse la nuit : elle n’est pas censée dépasser 120/70. L’hypertension nocturne est généralement le reflet d’une hypertension diurne. Dans la plupart des cas, les patients qui ont une tension artérielle normale le jour n’ont pas une tension nocturne élevée. En revanche, l’absence de baisse de la pression artérielle la nuit chez les hypertendus est plus fortement corrélée aux événements cardiovasculaires.”
Selon la Fondation Alzheimer, le risque de maladie d’Alzheimer et de maladies apparentées serait également accru chez les individus âgés présentant une hypertension artérielle nocturne.
Quels sont les signes de l’hypertension ?
L’hypertension artérielle est le plus souvent asymptomatique sauf en cas de chiffres très élevés. Il arrive qu’elle s’associe à des signes assez peu spécifiques comme :
- des maux de tête ;
- des difficultés de concentration ;
Comment la diagnostiquer ?
Maladie asymptomatique, l’hypertension artérielle est souvent découverte de manière fortuite lors d’un examen clinique chez le médecin généraliste. “L’important est de faire le diagnostic à partir d’une série de mesures et non d’un seul chiffre, rappelle le Pr Helft. En cas de tension artérielle supérieure à 140/90, on demandera au patient de faire des auto-mesures à domicile à l’aide d’un tensiomètre. Comparativement à la mesure de la tension prise au cabinet, celle réalisée à la maison est plus fiable et a l’avantage de comporter plusieurs mesures qui seront moyennées.”
Selon certaines études[1], une personne sur quatre ayant une tension diurne normale pourrait souffrir d’hypertension nocturne. “L’hypertension nocturne est difficile à mesurer puisqu’elle est faussement augmentée en cas de réveil, précise le cardiologue. Si nécessaire, elle peut être évaluée au moyen d’une mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) sur 24 heures.”
Quelles sont les causes de l’hypertension nocturne ?
Les principales causes connues de l’absence de baisse de la pression artérielle durant la nuit sont :
- les troubles du sommeil ;
- les pathologies respiratoires (apnée du sommeil, insuffisance respiratoire) ;
- le tabagisme ;
- l’obésité ;
- le diabète ;
- l’excès de sel dans l’alimentation ;
- l’insuffisance rénale ;
- et l’âge avancé.
Comment traiter l’hypertension artérielle nocturne ?
Si l’hypertension artérielle est souvent qualifiée, à raison, de “tueur silencieux”, de nombreux traitements existent pour y remédier. “Dans un premier temps, on conseillera au patient d’adopter des mesures hygiéno-diététiques : perte de poids en cas de surcharge pondérale, réduction de la consommation de sel, arrêt du tabac, pratique d’une activité physique régulière… “, détaille le cardiologue. Si ces nouvelles habitudes de vie ne permettent pas d’atteindre des valeurs tensionnelles normales après trois mois, le médecin généraliste prescrira un traitement antihypertenseur.
En cas d’hypertension artérielle nocturne, il est important de traiter la cause : par exemple un syndrome d’apnée obstructive (SAOS) ou des troubles du sommeil qui peuvent empêcher une baisse de la tension pendant la nuit. Enfin, certaines études – notamment l’étude HOPE – suggèrent que la prise du traitement (Ramipril) le soir plutôt que le matin entraînerait une diminution des effets secondaires consécutifs à l’hypertension, permettrait un meilleur contrôle de la pression artérielle nocturne et serait associée à un meilleur pronostic.
Sources :
[1] Sleep blood pressure self-measured at home as a novel determinant of organ damage: Japan morning surge home blood pressure (J-HOP) study. J Clin Hyperten, Kario, K., Hoshide, S., Haimoto, H., Yamagiwa, K., Uchiba, K. et al. 2015.
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