« Comme pour l’accouchement, le projet de post-partum se prépare en amont », conseille Sonia Krieff

Dans son ouvrage « J’accueille mon post-partum » (éd. Albin Michel), Sonia Krief donne aux futurs parents les clés pour aborder le plus sereinement possible cette période qui peut être aussi belle que délicate à traverser

« comme pour l’accouchement, le projet de post-partum se prépare en amont », conseille sonia krieff

Pour aborder plus sereinement l’arrivée de son bébé, rédiger un projet de post-partum peut être d’une aide précieuse pour les futurs parents.

Interview – Dans son ouvrage « J’accueille mon post-partum » (éd. Albin Michel), Sonia Krief donne aux futurs parents les clés pour aborder le plus sereinement possible cette période qui peut être aussi belle que délicate à traverser

C’est peut-être l’une des aventures les plus belles dans une vie. L’une des plus fortes, et éprouvantes aussi. Accueillir un bébé, devenir parent de cet enfant que l’on a attendu et porté durant neuf mois, c’est découvrir un amour inconditionnel. C’est aussi découvrir les nuits blanches, les pleurs de bébé et tout ce qui accompagne le post-partum : cette période de l’après grossesse où le corps éprouvé par l’accouchement se remet, et durant laquelle la fatigue, les changements hormonaux et l’apprentissage de son rôle de parent peuvent rendre vulnérables les jeunes mamans (et les coparents aussi).

Dans son ouvrage J’accueille mon post-partum (éd. Albin Michel), Sonia Krief, auxiliaire de puériculture depuis plus de quarante ans et fondatrice du réseau d’accompagnement mespremiersjours.com, livre de précieux conseils pratiques pour se préparer à l’arrivée de son bébé et à son rôle de parent.

Est-il possible de se préparer à son post-partum ? Et comment faire ?

Oui ! En France, on prépare à l’accouchement mais pas au post-partum. Or, c’est important de savoir ce qui nous attend, physiquement et psychologiquement. Le savoir, c’est le pouvoir ! Donc s’informer et anticiper aide beaucoup. On se doute que le quotidien va changer, mais c’est important d’avoir conscience que l’arrivée de ce petit être dont on va être responsable va chambouler nos vies et redéfinir la place de chacun dans la famille. De prendre conscience que ce corps qui donne beaucoup pendant la grossesse va être en convalescence, et subir les tranchées et les lochies : ces contractions qui permettent à l’utérus de retrouver sa taille normale et les saignements vaginaux qui peuvent durer jusqu’à six semaines après l’accouchement. Il y a aussi le cerveau de la jeune mère qui se modifie, comme s’il fonctionnait au ralenti — le fameux mommy brain — et parfois aussi des pensées noires dues à la fatigue extrême. Tous ces changements, qui sont normaux, peuvent désemparer une maman si elle n’en a pas connaissance.

Ensuite, au même titre que l’on prépare un projet d’accouchement, on rédige un projet de post-partum : c’est, je pense, l’une des clés pour un post-partum plus serein. Et si on le vit à deux avec son partenaire, on l’écrit à deux, en discutant en amont de ce que l’on risque de traverser : sautes d’humeur, pleurs, fatigue extrême ou libido en berne. C’est aussi le moment d’aborder les signes de la dépression du post-partum aussi. Ce n’est pas parce qu’on en parle que cela va arriver, mais au moins on est préparé, informé, pour ne pas laisser traîner.

En pratique, ce projet de post-partum est un plan qui consiste à déterminer vos souhaits sur l’organisation de cette période, de la gestion des levers nocturnes pour le bébé à la répartition des tâches ménagères, l’organisation des visites des proches, les sorties que l’on va s’accorder seul ou à deux pour souffler ou se retrouver, les temps privilégiés à trois avec le bébé… Il consiste aussi à identifier les personnes-ressources qui pourront vous soutenir durant cette période.

Des personnes-ressources qui font partie du « village » dont on a besoin pour élever un enfant et aider la mère, comme vous le rappelez dans votre ouvrage. Comment se constituer un tel village ?

Durant le post-partum, qui est une période aussi merveilleuse qu’exigeante, c’est très important de demander de l’aide si on ressent le besoin. Il ne faut pas hésiter, ce n’est pas un aveu de faiblesse, c’est une force. Dans d’autres cultures, au Maghreb ou en Asie, la tradition veut que durant les premières semaines de vie du bébé, les femmes de la communauté prennent soin de l’enfant et de sa mère, en la massant, en lui préparant des repas chauds pour l’aider à reprendre des forces après l’accouchement, en l’aidant à s’occuper du bébé, des tâches ménagères. Ce village, c’est tout ce réseau de proches prêts à vous donner un coup de main : si mon frigo est vide ou que je n’ai plus de couches et que je suis maman solo ou que mon conjoint est en déplacement, à qui je peux demander de me faire quelques courses, de me préparer un repas chaud parce que je suis trop épuisée pour cuisiner, ou de venir garder le bébé qui pleure le temps que je fasse une sieste ou que je prenne une douche.

Il suffit d’une personne de confiance sur qui pouvoir compter en cas de besoin pour changer la donne. Cela peut être une mère, une amie, une voisine, une collègue ou encore sa belle-sœur : l’important, c’est de savoir que l’on n’est pas seule. Et si on a d’autres enfants, on peut solliciter d’autres parents ou prendre une babysitter pour les récupérer à l’école, et ainsi s’éviter de sortir dans le froid avec son nouveau-né dans la poussette. C’est une entraide précieuse, que l’on pourra à notre tour rendre à d’autres plus tard.

Justement, pour les personnes qui pourraient constituer ce village et qui voudraient se rendre utiles aux jeunes parents, que conseilleriez-vous ?

On peut déjà repenser les cadeaux de naissance : un quinzième doudou qui prendra la poussière ne sert à rien. Si vous voulez offrir quelque chose d’utile et qui fera vraiment plaisir, offrez du service : un massage postnatal à la maman, en se proposant pendant ce temps-là de garder le bébé. On peut aussi offrir aux parents une semaine de repas livrés à domicile, une consultation avec des accompagnantes à la parentalité ou même des heures de ménage.

On peut aussi demander à l’avance aux parents quel est le meilleur moment pour leur rendre visite, et s’ils ont besoin de quelques courses ou d’un autre service qu’on peut leur rendre lorsqu’on vient les voir.

Quels conseils pratiques donnez-vous aux futurs parents pour se faciliter la logistique à la maison durant le post-partum ?

Là encore, l’anticipation aide. Durant la grossesse, la future maman peut profiter de son congé pour se constituer un village de professionnels de santé : trouver une sage-femme disponible pour assurer son suivi du post-partum, ou encore un ostéopathe pas loin de la maison au cas où elle aurait quelques douleurs. Mais aussi trouver un pédiatre avant la naissance du bébé : repérer ceux de son quartier, s’assurer qu’ils prennent de nouveaux patients. Idem pour d’autres spécialistes en périnatalité, comme une auxiliaire de puériculture ou une consultante en lactation. Ou encore un psychologue, pour avoir quelqu’un à qui parler au cas où l’on se sentirait submergée par ses émotions après la naissance, pour ne pas risquer de glisser vers une dépression du post-partum. Prévoir toutes ces choses-là apaise et libère du temps de cerveau à l’arrivée du bébé.

Si on s’est organisé au maximum en amont, c’est mieux, surtout si on n’a pas ce « village » sur lequel compter. Quelques détails peuvent vraiment soulager, comme faire un gros plein de courses avant l’accouchement pour avoir des plats et des snacks sains à disposition au retour de la maternité. Il peut aussi s’agir de se préparer en amont un petit panier avec tout le nécessaire pour préparer un biberon ou une tétée à côté de son lit quand on a son bébé en cododo, sans avoir besoin de se lever. Des petites choses qui semblent faciles et évidentes, mais qu’il est utile de transmettre aux mamans, surtout quand c’est leur premier bébé et qu’elles ont tout à apprendre. Parce qu’on ne naît pas mère, on le devient.

SantéPost-partum : « Une sorte de crash-test »… Comment les couples gèrent leur sexualité après l’accouchementSanté« Douleurs vaginales, crevasses aux seins, couches… J’ai eu la totale ! »… Des mamans racontent la réalité du post-partum

News Related

OTHER NEWS

Vieillir à domicile coûte-t-il vraiment moins cher qu'aller en Ehpad?

1216 euros par mois en moyenne, c’est le coût moyen sur 20 ans qu’il faut prévoir pour vieillir dignement chez soi de 65 ans à plus de 85 ans. Aller ... Read more »

Face à une fronde syndicale majeure en Suède, Tesla décide de poursuivre l’État

À l’origine des protestations : le refus de Tesla d’adhérer à une convention collective sur les salaires. Le géant américain Tesla, confronté au refus des employés du secteur postal suédois ... Read more »

Nucléaire : près de 100 millions d'euros pour six projets français de réacteurs innovants

Vers l’infini, et au-delà (ou pas). Six projets supplémentaires de réacteurs nucléaires “innovants” feront l’objet d’un soutien de l’État français, à hauteur de 77,2 millions d’euros, auquel s’ajoute un accompagnement ... Read more »

JO-2024: quasi doublement du prix des tickets de métro parisiens pendant l'été

JO-2024: quasi doublement du prix des tickets de métro parisiens pendant l’été Le prix du ticket de métro parisien à l’unité va quasi-doubler durant l’été, a annoncé la présidente du ... Read more »

Hautes-Alpes: 10 à 15 cm de neige en vallée, jusqu'à 25 dans le Valgaudemer et les Écrins

Le département des Hautes-Alpes a engagé pas moins de 150 personnes depuis 4 heures du matin ce mardi 28 novembre. 10 à 15 cm de neige sont tombés en vallée ... Read more »

Hyundai et Kia dévoilent l'«Universal Wheel Drive System»

Module du système Uni Wheel SEOUL, 28 nov. (Yonhap) — Les constructeurs automobiles locaux Hyundai Motor et Kia Corp. ont dévoilé un nouveau système de traction intégré dans la roue ... Read more »

L’oryctérope du Cap, un animal unique en son genre

L’oryctérope du Cap est le seul membre de son genre, n’ayant aucun parent proche vivant aujourd’hui. Même s’il est appelé aardvark en afrikaans, ce qui signifie “cochon de terre”, il ... Read more »
Top List in the World