Abderrahim Sayah assigne le maire d’Hautmont, Stéphane Wilmotte, pour avoir refusé de le marier le 10 juin 2023, avec sa compagne depuis 20 ans. (Illustration) LP/Marine Legrand
L’ex-responsable d’une mosquée du Nord, expulsé en juin vers l’Algérie, a assigné en justice jeudi le maire d’Hautmont pour avoir refusé de le marier peu avant son expulsion, pointant une confusion des pouvoirs et une atteinte à une liberté fondamentale.
Ex-responsable algérien d’une mosquée du Nord fermée en 2018 pour apologie du terrorisme, considéré par la préfecture comme un « leader du salafisme » dans le bassin de la Sambre, Abderrahim Sayah a été expulsé le 13 juin sur instruction du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Dans cette procédure civile en référé, il assigne le maire UDI d’Hautmont, Stéphane Wilmotte, pour avoir refusé de le marier le 10 juin 2023, avec sa compagne depuis 20 ans, mère de ses six enfants. Le maire n’a pas le pouvoir de s’opposer à la célébration d’un mariage qui n’est pas interdit par le procureur, a pointé à l’audience l’avocate de Sayah, Emmanuelle Lequien, soulignant que le mariage n’aurait de toute façon pas empêché l’expulsion.
Des pièces d’identité douteuses ?
Elle a accusé Wilmotte de s’être fait « tenir la main » par le préfet du Nord, qui « enrage parce qu’il n’arrive pas expulser Sayah ». En septembre 2022, le procureur d’Avesnes-sur-Helpe avait conclu qu’il n’y avait pas matière à s’opposer à ce mariage, a-t-elle fait valoir. Elle a dénoncé « un rouleau-compresseur qui s’est mis en place » contre Abderrahim Sayah, accusé à tort selon elle d’être un leader salafiste, rappelant avoir saisi la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH).
Outre la reconnaissance que le refus du mariage constitue une voie de fait, elle demande une indemnité de 5 000 euros. Au nom de Wilmotte, Emmanuel Riglaire a récusé toute voie de fait, assurant que la veille du mariage, le couple avait voulu changer de témoins et produit des pièces d’identité douteuses, puis ne s’était pas présenté le jour dit. La décision sera rendue le 15 février.
Arrivé à l’âge de cinq ans en France, Abderrahim Sayah avait fondé l’association cultuelle Assalem en 2014, ouvrant par cet intermédiaire la mosquée As-Sunnah d’Hautmont. Dans l’arrêté d’expulsion, les autorités indiquaient que ce lieu de culte était « connu pour dispenser un islam salafiste wahhabite », avec des prêches prônant « le djihad armé » et « la violence » envers les juifs et les chrétiens. Sayah a aussi été en lien avec un homme « accusé d’avoir fourni de faux papiers d’identité aux responsables des attentats » de Paris, était-il écrit.
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