Grosse polémique autour d’un projet de golf dans les Pyrénées-Orientales : « Cela ne me fait pas peur »

Jacqueline Irlès dans sa mairie de Villeneuve de-la-Raho. LP/Christian Goutorbe

La maire de Villeneuve de-la-Raho, commune à moins de 10 km au sud de Perpignan, répond aux récentes attaques contre le projet de dix-huit trous qui, selon elle, sera un vrai poumon vert.

Des propriétaires préparent des plaintes au plan judiciaire pour notamment détournement de fonds et favoritisme. Qu’avez-vous à leur répondre ?

Je n’ai rien à répondre à des plaintes qui ne sont pas encore formées. Et cela ne me fait pas peur puisque toutes ces procédures, celles-ci à venir comme vous me le dîtes et les autres ne sont pas de nature à suspendre le chantier qui a déjà débuté dans un cadre strictement légal comme nous l’a confirmé le préfet dernièrement. Nous avons l’habitude de ces procédures depuis vingt ans. Et elles ont toutes été perdues par ceux qui les portaient. Nos opposants veulent-ils décrocher le titre de champion du monde du plus long marathon de procédures ?

Il y a aussi l’opposition des scientifiques à ce projet de golf. Cette tribune de 92 chercheurs de l’université de Perpignan qui dénoncent la poursuite de ce chantier alors que le département va cruellement manquer d’eau cette année et possiblement les années suivantes…

Notre golf n’est pas responsable de la situation de sécheresse dans le département. L’université de Perpignan, est à 10 minutes de notre commune. À ce jour, aucun d’entre eux a pris le temps de venir à la mairie pour consulter le dossier et comprendre ce que nous faisons notamment pour recycler l’eau. Ils signent sans savoir. Ces scientifiques, qu’ont-ils fait comme recherches pour éviter que nous nous trouvions dans la situation difficile qui est la nôtre aujourd’hui ? Je les invite à venir me rencontrer pour qu’ils puissent comprendre quelle est notre démarche environnementale. Peut-être ont-ils à apprendre de notre projet.

Que leur diriez-vous ?

La France est très en retard sur le deuxième usage de l’eau. C’est 1 % seulement contre 13 % en Italie ou en Espagne. Ici on continue de laver les camions des éboueurs, de nettoyer les rues, d’arroser les stades avec de l’eau potable. C’est parfaitement stupide.

Nouvelle polémique la semaine dernière avec la prise de position puis le revirement de Pascal Grizot, le président de la fédération française de golf.

Oui, lors d’une interview Pascal Grizot a exprimé son hostilité mais il s’était trompé de projet. Ce n’est pas notre chantier qui finalement est visé par ses critiques. Il a rectifié. Et désormais, il nous soutient.

Ce projet comprend un golf et aussi un programme immobilier de six cents logements. Est-ce bien raisonnable de bétonner encore ?

Si nous n’avions pas monté ce projet à partir de 2003, la zone aurait été entièrement bétonnée comme vous dites. Car cet espace, notamment de déprise agricole est totalement constructible aux portes de Perpignan. Nous avons contribué à divise par six les constructions autour de ce golf qui sera opérationnel dans dix-huit mois. Car il faut seulement dix-huit mois pour construire un dix-huit trous. Les entreprises des opérateurs ont raclé la terre sur la parcelle pour constituer une réserve à utiliser pour modeler le golf.

Des opposants proposent que cet ensemble de parcelles soit transformé en parc arboré au lieu du programme immobilier et du golf.

Mais le projet est acté aujourd’hui et toutes les opérations se font dans la légalité. La préfecture nous a assuré que tout pouvait désormais avancer. Le chantier a donc pu débuter pour les opérateurs Belin Promotion et GGL. Quant à transformer cet espace en parc arboré, il faudrait qu’on me dise avec quel argent on rachète les parcelles.

Qui paie les arbres à planter et les personnes qui auront à s’occuper de cette forêt ? Le poumon vert, ici, c’est le golf. Et nous avons les moyens de l’arroser dans de très bonnes conditions avec les effluents traités par ultraviolet. Aujourd’hui on ne peut plus irriguer un golf avec de l’eau potable. Et ce programme sera un modèle pour toute l’Europe.