Dans l’étreinte des montagnes corses, à 620 m d’altitude, au sud de Corte et au nord d’Ajaccio, le vieux village de Muracciole ne dénombre pas plus d’une trentaine d’habitants à l’année. C’est là, dans une vieille bâtisse en pierre du XIXe siècle, construction typique de cette région de Corse où les murs épais en granit s’érigent en remparts du temps, que l’architecte Charlotte Carrasco s’attèle à la rénovation d’un appartement de 39 mètres carrés composé de deux pièces, une principale dans la maison d’origine et l’autre dans une extension latérale en béton construite il y a une trentaine d’années. « Les lieux étaient dans un état de délabrement avancé, abandonnés depuis de nombreuses années ; le plancher menaçait de s’effondrer, des cloisons avaient été ajoutées au fil du temps sans grande réflexion globale… » La première étape consiste donc à simplifier et rationaliser le plan en retirant les éléments superflus. L’architecte va révéler les volumes existants et « les fonctions cachées des mètres carrés modestes » avec une nouvelle affectation des pièces. Avec une réflexion en termes de volume et non de superficie, elle crée un espace libre de 28 mètres carrés pour la pièce de vie et un espace nuit avec une chambre séparée – une volonté du propriétaire – à l’emplacement de l’ancienne cuisine, la salle de bains ne changeant pas de place.
Murs en pierre épais, poutres et plafond en châtaignier comme la porte d’entrée, plancher en chêne : les matières brutes sont associées à d’autres, aussi brutes mais plus contemporaines comme l’Inox de l’îlot B2 (Bulthaup) et des éléments de cuisine. Au mur à la chaux, un diptyque photographique intitulé Still life polaroids de Julien Drach. Suspension Baccarat vintage.
Une approche sensorielle
Se remémorant son enfance dans les vieilles maisons de villages empreintes de chaleur, de convivialité, d’intimité aussi, dans le souvenir des tons sombres, de l’odeur de feu de bois, du parquet qui craque… Charlotte Carrasco entreprend de curer les murs afin de mettre au jour la pierre de granit et ainsi « retrouver l’essence de la construction, du village, pour que l’âme de la maison puisse respirer à nouveau ». Mettant en lumière les nuances subtiles de chaque pierre telle une palette sculptée, la rugosité du granit désormais à nu devient pour l’architecte « une toile texturée sur laquelle la lumière danse et écrit des ombres ». Elle l’accompagne d’une rénovation des éléments menuisés, portes, fenêtres, charpente, poutres, plancher structurel par l’intermédiaire d’un sablage qui fait apparaître la patine naturelle du châtaignier et du chêne. Les parties du plancher qui doivent être remplacées le sont par du bois sourcé 25 km à la ronde tout au plus : ici, tout n’est que restauration, décapage et réutilisation. Le plan de travail est en châtaignier, les portes et les étagères en chêne, l’ensemble travaillé par des artisans des villages alentours.
La simplicité des lignes de la cheminée apporte sa contemporanéité au projet. Au sol une œuvre de Viktor Popov. À droite, une assise pliante Pippa (Maison Hermes) et une chaises pliante vintage de Shanghai des années 1920. Au mur, deux œuvres de Li Xin. Tapis Ilet (Liaigre).
Modernité et tradition
Pierre, bois, Inox… Charlotte Carrasco utilise les matériaux dans leur état brut. Les murs trop altérés reçoivent un enduit à la chaux choisi tant pour sa matiérité que pour ses caractéristiques de respirabilité qui régule l’hygrométrie naturellement. Les pierres apparentes sont aussi réinterprétées de façon plus contemporaine dans le projet : « Le propriétaire souhaitait un vrai refuge montagnard, mon intervention à travers des lignes pures se fait dans un respect entier à l’histoire des lieux en créant un dialogue entre modernité et tradition. » Ainsi le mobilier choisi avec soin vient en résonance avec les matériaux bruts dans une mise en valeur de l’existant par le contraste. À l’exemple de l’îlot signé Bulthaup et des éléments bas de la cuisine ouverte – des caissons IKEA habillés d’Inox et coiffés d’un plan de travail de 4 cm d’épaisseur en châtaignier. On remarque les portes façon volets intérieurs qui ouvrent l’accès à la chambre – « des portes toute hauteur qui viennent souligner la hauteur du passage et réinterprètent les portes à deux vantaux » –, plaquées dans l’embrasure épaisse des murs, elles ne prennent pas de place. Pour des questions un peu techniques la cheminée est entièrement reconstruite, en foyer fermé pour plus de confort à l’usage, dans un dessin à la fois sobre et contemporain, fruit de ce contraste savamment cultivé par l’architecte entre passé et modernité.
charlottecarrasco
Le propriétaire souhaitait un vrai refuge montagnard. L’intervention de Charlotte Carrasco, tout en lignes pures, se fait dans un respect total pour l’histoire des lieux. Canapé Rocco de chez Liaigre, 1996. Au sol, l’œuvre photographique Hauts plateaux du Sichuan de l’artiste chinois Fan Shao. Le radiateur de style fonte est électrique (Hudson Reed).
Dialogue entre modernité et tradition : l’îlot central de cuisine B2 (Bulthaup) et ses lignes à la géométrie pure répond aux murs de granit à la rugosité assumée et à une suspension vintage Baccarat. Autour de l’îlot, des tabourets de bar Form (Normann Copenhagen). Tapis Ilet (Liaigre).
L’accès à la chambre se fait par une double porte à battants toute hauteur qui se calent dans l’épaisseur du mur et laissent entrer la lumière.
Derrière les doubles portes en châtaignier, la partie nuit qui comprend la chambre et la salle de bains. Aux murs à la chaux, Charlotte Carrasco associe des couleurs chaudes dans la droite ligne du bois : un plaid orange (Maison Hermès) et des rideaux en tissu marron (Jim Thomson Fabrics).
Au-dessus du lit, des appliques murales Mitsu Swing Arm (Astro Lighting) et, sur une étagère sobre, deux tableaux de Richard Texier. Table de chevet traditionnelle chinoise. Commutateurs Iris (Modelec). Sur le plaid orange (Maison Hermès), un plateau laqué (Neri & Hu). Ventilateur (Mr.Ken).
Une porte coulissante mène à la salle de bain traitée dans une combinaison de blanc et de gris perle.
Toutes portes ouvertes, la lumière circule et rebondit sur l’Inox, le bois et le canapé blanc lumineux Rocco de chez Liaigre, 1996.
Le satiné de l’Inox répond à la pierre quand les deux essences de bois, chêne et châtaignier dialoguent avec la chaux des murs.
Charlotte Carrasco a créé une vaste pièce de vie confortable et chaleureuse de 28 m2, moderne mais pas sans âme, dans laquelle la cheminée a repris son rôle central.
Le plan de l’appartement avant les travaux.
Le plan de l’appartement après les travaux.
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