Gabriel Attal tacle le patron de Stellantis et salue celui de Michelin sur les salaires

Aujourd’hui, près d’une personne sur cinq dans le secteur privé non agricole touche le Smic, contre 17,3 % en 2023.

Michelin entend assurer un salaire décent à tous ses collaborateurs ? Gabriel Attal travaille justement à la «désmicardisation» du pays, a rappelé le Premier ministre ce jeudi lors de son interview sur BFM, à l’occasion de ses 100 jours à Matignon. Il juge en revanche les 36 millions d’euros du rémunération du patron de Stellantis «choquante pour certains Français».

Deux patrons de l’automobile, deux ambiances. Lundi, Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, défendait bec et ongles sa rémunération de 36 millions d’euros devant la presse, à la veille de l’assemblée générale du constructeur automobile. Une peine qu’il n’aurait au passage pas dû se donner, les actionnaires ayant approuvé ses émoluments mardi 17 avril. Ce jeudi 18, c’est de Smic dont le fabricant de pneus Michelin, lui, a parlé. Un Smic que son président, Florent Menagaux, ne juge «pas décent». A tel point que le groupe clermontois, emblématique du patronat paternaliste, est décidé à assurer un «salaire décent» à l’ensemble de ses collaborateurs dans le monde.

Une initiative qui a rencontré un écho auprès du Premier ministre Gabriel Attal, qui a rappelé, ce jeudi sur BFM, dans le cadre d’une interview sur ses 100 premiers jours à Matignon, que «la désmicardisation fait partie de (ses) chantiers». A 1 398,69 euros au 1er janvier 2024, le Smic en France est pourtant «l’un des plus hauts d’Europe», a souligné Gabriel Attal. Mais, «l’autre différence, c’est qu’il y a en France beaucoup plus de gens qui ont des salaires proches du Smic que dans les autres pays d’Europe», a convenu le chef du gouvernement. Aujourd’hui, près d’une personne sur cinq dans le secteur privé non agricole touche le Smic, contre 17,3 % en 2023, et 12 % seulement en 2021, selon la Dares.

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La rémunération de 36 millions de Tavares «démesurée»

Le Premier ministre a ainsi ressorti l’exemple donné lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, en janvier : «Aujourd’hui, pour augmenter de 100 euros le revenu d’un employé au Smic, l’employeur devra débourser 300 à 400 euros de plus». De quoi dissuader d’augmenter un salarié au Smic, d’autant que celui-ci verra ses cotisations sociales augmenter, sa prime d’activité diminuer, et pourrait payer l’impôt sur le revenu. Gabriel Attal souhaite donc que «moins de Français soient bloqués au Smic». Il «travaille» donc «pour annoncer, dans les prochains mois, qu’il sera moins cher pour les patrons d’augmenter les gens touchant des salaires proches du Smic». Les deux économistes missionnés pour lui faire des propositions, Étienne Wasmer et Antoine Bozio, doivent les lui remettre en juin.

A l’autre extrémité de l’échelle des rémunérations, le chef du gouvernement a qualifié la rémunération de 36 millions d’euros de Carlos Tavares de«démesurée, stratosphérique, choquante pour une partie des Français». Mais Stellantis est une entreprise privée et Gabriel Attal a rappelé, si besoin était, que «l’Etat ne fixe pas les salaires dans les entreprises privées, on n’est pas dans une économie administrée». Ce qui ne veut pas dire que le gouvernement est totalement impuissant sur ce sujet, le Premier ministre rappelant son «combat», qui est aussi celui du président de la République et du ministre de l’Economie Bruno Le Maire, pour une imposition minimale sur les plus hauts revenus, au niveau international.