Le dirigeant israélien a présenté un plan qui pose les grandes lignes de son projet pour Gaza à la fin de la guerre, mais de nombreuses zones d’ombre subsistent. REUTERS/Ronen Zvulun
Les combats font toujours rage, mais Israël réfléchit déjà « au jour d’après ». Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a proposé jeudi soir au cabinet de sécurité de son gouvernement un premier plan pour « l’après-guerre » avec le Hamas, alors que les pressions se font de plus en plus marquées pour dessiner l’issue du conflit, en particulier venant des États-Unis. Il prévoit notamment le maintien d’un « contrôle sécuritaire » d’Israël en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza, des pistes d’ores et déjà rejetées par les organisations palestiniennes.
Que prévoit l’accord du point de vue militaire ?
Le plan rappelle en préambule les objectifs de Tsahal à Gaza, à savoir le démantèlement du Hamas et du Djihad islamique et la libération des quelque 130 otages encore retenus sur place, à l’heure où des pourparlers s’intensifient ce week-end à Paris, en vue d’une trêve de plusieurs semaines. Mais il prévoit surtout de maintenir l’enclave palestinienne sous étroite surveillance, même après la fin de l’offensive israélienne menée en représailles de l’attaque du 7 octobre, qui a déjà fait plus de 29 500 morts, en majorité des civils, selon le gouvernement du Hamas.
Le document stipule ainsi que l’armée israélienne « exercera un contrôle sécuritaire sur toute la zone à l’ouest de la Jordanie, y compris la bande de Gaza » et ce « pour empêcher le renforcement sur place des éléments terroristes » et endiguer « les menaces contre Israël », avec l’objectif affiché d’une « démilitarisation complète de Gaza ». Tsahal conservera « sa liberté d’action opérationnelle dans toute la bande de Gaza, sans limite de temps ». Israël veut aussi garder une capacité de contrôle sur la frontière stratégique entre l’Égypte et le sud de la bande de Gaza, où le Hamas a creusé depuis plus d’une décennie un dédale de tunnels pour la contrebande d’armes.
À terme, Israël envisage à Gaza « une solution à la cisjordanienne », résume le géopolitologue Frédéric Encel. En Cisjordanie, « huit villes palestiniennes principales sont en principe totalement désinvesties de l’armée israélienne, mais Israël s’autorise des incursions au coup par coup quand elle identifie, selon elle, des menaces terroristes », détaille le spécialiste, professeur à Sciences-po et auteur d’un « Atlas géopolitique d’Israël » (éd. Autrement). Depuis le début de l’offensive à Gaza, cette région est le théâtre de tensions croissantes, souvent meurtrières.
Qu’est-il envisagé pour remplacer l’administration du Hamas ?
Mais le plan israélien veut s’en tenir à ce contrôle militaire, souhaitant confier l’administration de la bande de Gaza, gérée pour l’heure par le Hamas, à des « fonctionnaires locaux ayant une expérience administrative », et qui ne sont « pas liés à des pays ou à des entités qui soutiennent le terrorisme ». Autrement dit, « le plan annonce que ce ne seront pas les Israéliens qui resteront en permanence faire l’administration et la gestion de la bande de Gaza », insiste Frédéric Encel.
Par ce « pas en arrière calculé », Benyamin Netanyahou ne revient pas sur la création d’un État palestinien, qu’il continue d’exclure, mais espère tout de même apaiser la diplomatie américaine, qui multiplie les pressions ces dernières semaines, en particulier à l’approche d’une intervention terrestre à Rafah préparée par Tsahal et redoutée par Washington. « Le gouvernement israélien ne peut pas se permettre de recevoir moins d’approvisionnements en armement », analyse le spécialiste.
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Le Premier ministre israélien espère aussi calmer une opinion publique qui lui est très défavorable, en assurant que « les soldats ne resteraient pas ad vitam aeternam à Gaza, à la merci d’attentats quotidiens », poursuit le géopolitologue. Mais le pari est loin d’être gagné, à l’heure où plus de 80 % des Israéliens estiment toujours que la responsabilité des massacres du 7 octobre incombe à son gouvernement. Et le plan, « pas complètement ficelé », est encore loin d’être réalisable.
Le plan a-t-il des chances d’aboutir ?
Le document entretient le flou sur un point crucial : il ne précise pas qui seraient ces « fonctionnaires locaux » qui viendraient prendre le relais du gouvernement du Hamas. Il ne mentionne pas l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, rivale de l’organisation islamiste qui siège actuellement en Cisjordanie occupée, mais il n’exclut pas pour autant sa participation.
Sans attendre plus de précisions, Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président de l’institution, s’est d’ores et déjà opposé à ce projet, accusé de « perpétuer l’occupation israélienne des territoires palestiniens et à empêcher la création d’un État palestinien ». Quant au Hamas, il a bien évidemment critiqué un projet israélien qui ne réussirait « jamais », par la voix d’un responsable en exil à Beyrouth, Oussama Hamdane.
«Ã‚ Si Israël se retire de Gaza mais que l’Autorité israélienne refuse de revenir, le Hamas reste en place, ce qui n’est pas envisageable pour l’État hébreu », souligne Frédéric Encel. Il faudra donc apporter des réponses àWashington, qui n’accepterait un contrôle militaire israélien sur l’enclave palestinienne qu’àla condition que l’Autorité palestinienne assure sa gestion sociale et administrative. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déjàrappelé l’opposition des États-Unis àtoute « réoccupation » de Gaza.
Dernière pierre d’achoppement, le plan de Benyamin Netanyahou prévoit également le démantèlement de l’agence des Nations unies pour le soutien des réfugiés palestiniens (UNRWA), dont plusieurs employés ont été accusés par Israël d’avoir participé à l’attaque meurtrière du 7 octobre. Plusieurs pays donateurs ont suspendu leur financement à l’agence, qui se trouve désormais à « un point de rupture », selon son chef Philippe Lazzarini. L’ONU a déjà licencié des employés mis en cause et entamé une enquête interne, mais Israël ne pourra pas faire sans son accord pour modifier l’intégralité de l’organisme.
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