Football : pourquoi Stéphanie Frappart ne fera ni l’Euro, ni les Jeux olympiques

Stéphanie Frappart, arbitre française de 40 ans, n’est pas sélectionnée par l’UEFA pour l’Euro 2024. (Photo by Marcel ter Bals/DeFodi Images) – Photo by Icon Sport

La « pionnière » disparaîtra des radars durant l’été. Stéphanie Frappart, la première femme à officier lors d’une rencontre internationale masculine, n’est pas retenue par l’UEFA pour l’Euro 2024 (14 juin – 14 juillet) en Allemagne, ni par la Fifa pour les Jeux olympiques de Paris 2024 (26 juillet – 11 août). Un coup dur pour l’arbitre de 40 ans, qui avait pourtant été sélectionnée lors des Coupe du monde masculine et féminine, en 2022 au Qatar et en 2023 en Australie et Nouvelle-Zélande. Elle restait aussi sur deux participations aux JO, à Rio (Brésil) en 2016 et Tokyo (Japon) en 2021.

Pour l’Euro 2024, la France sera représentée par François Letexier et Clément Turpin, chacun entouré de ses adjoints. L’Hexagone place aussi deux émissaires à la vidéo avec Jérôme Brisard et Willy Delajod. Des choix communiqués par l’UEFA ce mardi 23 avril. Pour les JO de Paris, la décision revenait à la Fifa, qui a désigné début avril François Letexier, ses adjoints (Cyril Mugnier et Mehdi Rahmouni) et Jérôme Brisard comme participants français.

Pour Stéphanie Frappart, son absence aux Jeux n’est pas une surprise. La Fifa applique un principe de turn-over et profite des tournois olympiques pour « tester » des promesses de l’arbitrage. Un seul (la Japonaise Yoshimi Yamashita) était déjà présent à Tokyo en 2021 sur les 21 arbitres principaux désignés par la Fifa. Par ailleurs, l’instance mondiale ne souffre pas d’un manque d’arbitre femme : 8 seront présentes parmi les 21. Nous ne sommes pas encore à la parité mais on s’en rapproche.

99 arbitres, 0 femme

À l’UEFA, ce point pose question. 19 arbitres principaux ont été désignés (18 Européens et 1 Argentin) et aucun n’est une femme. Parmi les 99 officiels (arbitres, assistants, vidéos et quatrièmes), il n’y en a pas non plus. La Suédoise Tess Olofsson, arbitre de la finale de la Ligue des nations féminine entre Espagne et France (2-0) et régulièrement appelée dans les compétitions masculines en Suède, pouvait espérer y être, au même titre que l’Anglaise Rebecca Welch ou Stéphanie Frappart. D’autant que la Française avait officié lors de l’Euro 2021 en Angleterre.

VIDÉO. Quand Stéphanie Frappart devenait la première femme à arbitrer un match lors du Mondial au Qatar

«Ã‚ L’Euro 2024 est le sommet des équipes nationales européennes. C’est pourquoi nous avons convoqué les meilleurs arbitres pour diriger ces matchs », justifie Roberto Rosetti, le responsable en chef de l’arbitrage de l’UEFA. Comprendre donc que Stéphanie Frappart n’a pas réalisé une saison assez satisfaisante aux yeux de l’instance européenne. Un déclassement qui se confirme dans les chiffres : en 2022-2023, la Val-d’oisienne avait pris part à dix rencontres européennes (clubs et sélections) contre deux cette saison seulement.

Moins présente en Ligue 1

Dans les compétitions hexagonales aussi, Stéphanie Frappart est moins présente. En Ligue 1, elle avait officié lors de 20 journées l’an dernier. Elle n’en a fait que 12 cette saison et s’arrêtera à un maximum de 17 si elle est sélectionnée lors des cinq dernières journées. « Ils ne jurent que par la performance (à l’UEFA), explique Éric Borghini, président de la commission arbitrage à la FFF auprès de RMC Sport. Ils ne veulent pas prendre de risques avec leur compétition phare. »

Avant de préciser que « Stéphanie n’a sans doute pas fait sa meilleure saison, mais ne pas la voir quatrième arbitre ou même à la VAR est décevant. » Et un très mauvais signal envoyé au monde quant à l’objectif affiché par l’UEFA elle-même d’encourager l’arrivée de femmes dans ce monde de l’arbitrage.