« La Couleur pourpre » : un remake musical éblouissant

Phylicia Pearl Mpasi et Halle Bailey jouent les sœurs fusionnelles Celie et Nettie dans leurs jeunes années. Warner Bros. Entertainment

Après le film culte de 1985 avec Whoopi Goldberg et Danny Glover, voici un remake musical de « la Couleur pourpre ». Et c’est Steven Spielberg, le réalisateur du long-métrage originel, qui coproduit cette nouvelle version aux côtés d’Oprah Winfrey et Quincy Jones (la première jouait dans le film de 1985 et le second en avait composé la musique). L’histoire reste la même : elle se déroule en Géorgie, dans le sud des États-Unis, entre 1909 et 1945, et raconte le destin de Celie, une jeune femme maltraitée par son père et vendue à un homme alcoolique qui la bat. Séparée de sa sœur chérie Nettie, Celie va supporter un quotidien de souffrances grâce au soutien de deux femmes rebelles à l’énergie inébranlable : sa belle-fille Sofia et la chanteuse Shug Avery, qui est aussi la maîtresse de son mari…

Ce récit sombre, cruel, peuplé d’hommes violents et abusifs, est éclairé par une émouvante histoire de solidarité féminine. Et le film se trouve servi par une mise en scène très inventive et ponctuée de chorégraphies flamboyantes sur des morceaux de blues, de gospel ou de pop. Cette nouvelle version s’inspire en effet de la comédie musicale sortie à Broadway en 2005, et plusieurs acteurs du spectacle reprennent ici leur rôle, rejoints notamment par Halle Bailey (l’interprète de « la Petite Sirène », de Rob Marshall).

Lorsqu’il avait signé « la Couleur pourpre » en 1985, qui est l’adaptation du roman de l’Afro-Américaine Alice Walker, couronné du prix Pulitzer deux ans plus tôt, Steven Spielberg avait subi de vives critiques. On lui avait reproché d’avoir réduit la relation entre Shug et Celie à un simple bisou alors qu’elle était très érotique dans le livre. Le réalisateur avait reconnu avoir « été timide à ce sujet » afin que son film, nommé 11 fois aux Oscars, ne soit pas interdit aux moins de 17 ans. Pas de changement dans ce nouveau long-métrage : si Shug et Celie se réveillent à un moment dans le même lit, on ne les voit qu’échanger un chaste baiser.

L’Afro-Américain Blitz Bazawule à la caméra

En revanche, Spielberg semble avoir tenu compte d’un autre type de critique… En 1985, certains avaient estimé que ce n’était pas à un cinéaste blanc de « raconter une histoire noire », d’autant que les hommes noirs étaient présentés dans le film comme des brutes. Alice Walker, qui avait pourtant coécrit le scénario du drame, avait même considéré qu’elle avait « trahi ses ancêtres ». Cette fois-ci, le long-métrage est réalisé par l’Afro-Américain Blitz Bazawule, qui avait cosigné « Black is King », album visuel de Beyoncé à partir des chansons du « Roi Lion ». Et le dossier de presse précise que cette version a été fabriquée par « une équipe d’artistes et techniciens noirs qui livrent leur propre point de vue sur l’œuvre d’origine ».

Sorti aux États-Unis le 25 décembre dernier, « la Couleur pourpre » version 2024 connaît un joli succès en salles. Ce mardi, le long-métrage vient aussi de décrocher une nomination aux Oscars dans la catégorie meilleur second rôle pour Danielle Brooks, qui s’était fait connaître dans la série « Orange Is the New Black ».