Le portefeuille XXL dont a hérité jeudi l’ancienne ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, suscite les inquiétudes d’une partie du monde de l’enseignement. Cette fidèle d’Emmanuel Macron, ancienne joueuse de tennis à l’origine de ses propositions sur le sport lors de la campagne en 2022, est en effet chargée au sein du nouveau gouvernement resserré de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques.
La ministre de 45 ans devra donc gérer de front deux dossiers considérés comme prioritaires par l’exécutif : l’Éducation nationale, dont une grande réforme, le « choc des savoirs », a été annoncée par Gabriel Attal en décembre, et les Jeux olympiques et paralympiques, qui débutent dans six mois à peine. Le chantier du service national universel (SNU) lui incombera sans doute également en tant que ministre de la Jeunesse.
Amélie Oudéa-Castéra, une « ministre à mi-temps » ?
Un large programme, qui inquiète les syndicats enseignants. Claire Guéville, secrétaire nationale lycée au Snes-FSU (majoritaire), fustige ainsi le « mépris représenté » par la nomination d’une « ministre à mi-temps ». « C’est simple, le ministère des Sports absorbe l’Éducation nationale, ironise-t-elle. Avec les Jeux olympiques en plus de l’Éducation nationale, je ne vois pas comment elle pourra consacrer à temps plein son énergie sur les dossiers en cours, alors qu’ils sont urgents. »
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L’enseignante déplore également la mainmise de l’exécutif sur les questions liées à l’école, qui transparaît selon elle derrière cette nomination. Gabriel Attal a ainsi assuré que « tout ce que nous avons entamé ira jusqu’au bout », et qu’il emmenait « à Matignon la cause de l’école », tandis que le président de la République a déclaré en août dans le Point vouloir en faire son « domaine réservé ».
Le précédent Jean-Michel Blanquer
«Ã‚ Ces multiples rôles de la nouvelle ministre nous montrent encore une fois que les décisions pour l’école vont continuer àêtre prises de manière opaque, dans le secret du cabinet présidentiel, pointe Claire Guéville. Pourtant, des dossiers très importants sont en cours, et nous inquiètent énormément. Avoir des ministres fantoches est problématique en termes tant démocratiques que de gouvernement. Qui sera l’interlocuteur, dans cette grande maison qu’est l’Éducation nationale, avec ses 1,2 million de personnels ? »
Une inquiétude que le SNPDEN-Unsa, qui rassemble le personnel de direction de l’Éducation nationale, tempère. « Ce n’est pas la première fois que nous avons un grand ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, rappelle ainsi le secrétaire national, Olivier Beaufrere. Jean-Michel Blanquer était déjà doté d’un ministère de cette envergure, même s’il n’était pas chargé des Jeux olympiques. »
«Ã‚ Il est clair que Mme Oudéa-Castéra ne pourra pas tout piloter, poursuit le proviseur. Elle devra s’entourer de conseillers très compétents, et les JO comme le SNU risquent de lui prendre beaucoup de temps? Mais il est trop tôt pour porter un jugement. Nous allons attendre de voir comment tout cela s’organise et se structure. »
Appel à la grève dans la fonction publique le 1er février
Selon Olivier Beaufrere, l’urgence est surtout aux arbitrages devant être réalisés prochainement pour la mise en ?uvre du plan « choc des savoirs » annoncé en décembre dernier à la prochaine rentrée.
«Ã‚ Nous avons besoin de réponses en termes de temporalité, de faisabilité organisationnelle et de moyens, développe-t-il. La feuille de route qui nous a été donnée n’est pas suffisante. Si le budget n’évolue pas, il va falloir faire des choix, nous ne pourrons pas appliquer àtous les élèves les mesures promises par Gabriel Attal. Et nous avons besoin d’être rapidement fixés, car nous devons commencer àrépartir les moyens pour la prochaine rentrée dès février. »
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Le syndicat s’inquiète notamment de la mise en place pour la rentrée 2024 de groupes de niveau en sixième et en cinquième pour les mathématiques et le français, qui nécessitent bien davantage que les 2 300 postes d’enseignants supplémentaires prévus par le ministère. Et si Gabriel Attal a négocié en décembre la création de 574 postes dans le second degré, la question de l’attractivité risque en outre de continuer à se poser, les concours de professeur peinant toujours à attirer.
Les syndicats FSU, Fnec FP-FO, CGT Éduc’action et Sud éducation appellent ainsi à une grève dans la fonction publique le 1er février pour demander une revalorisation du point d’indice.
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