En France, il faut avoir travaillé au moins six mois sur deux ans pour toucher une allocation chômage. REUTERS/Stephane Mahe
Vers un durcissement des droits au chômage ? Le Premier ministre Gabriel Attal a exposé mercredi soir, lors d’une interview sur TF 1, différentes pistes à l’étude pour modifier l’accès et les conditions de l’allocation-chômage en France. Parmi elles, la réduction de la durée d’indemnisation maximum. « Aujourd’hui, vous pouvez être indemnisé au chômage jusqu’à 18 mois, c’est plus que dans beaucoup de pays », a-t-il déclaré.
Mais si on veut comparer la situation française, ne serait-ce qu’avec nos voisins européens, le calcul est complexe. « Chaque pays a son propre système, sa propre cohérence », selon Didier Demazière, chercheur au CNRS, travaillant sur la sociologie du travail, « cela dépend des critères de comparaison utilisés ».
« Les conditions les plus sévères sont au Royaume-Uni »
Gabriel Attal en a exposé trois : la durée d’indemnisation maximum, les conditions d’obtention du chômage et le montant des cotisations. Pour le premier, avec 6 à 18 mois d’indemnisation maximum pour le moment, la France se situe plutôt dans la moyenne haute. En Europe, cette durée est plus élevée dans certains pays : jusqu’à 24 mois en Italie ou aux Pays-Bas. « Les conditions les plus sévères sont au Royaume-Uni, avec environ 180 jours d’indemnisation maximum », souligne Didier Demazière.
Mais ce chiffre doit être mis en perspective avec d’autres critères. Ainsi en Italie, il suffit de trois mois travaillés les quatre dernières années – contre six mois sur deux ans en France – pour recevoir une allocation-chômage. Mais ces trois mois n’ouvrent des droits que pour un mois et demi. Pour obtenir les 24 mois maximum, il faut donc avoir été employé… quatre ans. Et aux Pays-Bas, à partir d’un certain seuil, il faut travailler une année complète pour obtenir un mois d’indemnité.
En ce sens, « en termes d’éligibilité et de durée d’indemnisation, la France se trouve quand même tout en haut » du classement, précise Bertrand Martinot, expert associé à l’institut Montaigne, spécialiste du marché du travail.
« L’un des pays les plus avantageux, le Danemark »
Il faut également mettre en avant le montant de l’indemnisation reçue, plus ou moins haut selon les pays, et plus ou moins dégressif dans le temps. La France se situe dans la moyenne européenne, avec 57 % du salaire journalier de référence et une dégressivité au 7e mois d’indemnisation pour certains. En Italie, l’allocataire part avec 75 % du salaire de référence, mais perd ensuite 3 % chaque mois à partir du 6e mois, détaille l’Unédic (Union nationale interprofessionnelle pour l’emploi).
Sur ce sujet, « l’un des pays les plus avantageux est le Danemark, avec 90 % du salaire de référence », souligne Didier Demazière. Le plafond est tout de même de 2 564 euros par mois. Alors qu’en Suisse, « l’allocataire perçoit 70 % de son salaire de référence dans la limite d’un plafond de 8 817 euros », écrit l’Unedic.
Le Royaume-Uni se situe, encore une fois dans la fourchette basse, avec un forfait. Quel que soit votre salaire auparavant, tout le monde touche la même chose : 76 euros par semaine pour les moins de 25 ans, 95 euros au-delà. « Mais d’autres aides s’ajoutent », explique Bertrand Martinot.
Pour ajouter à la complexité, toutes ces données sont à moduler avec des spécificités nationales, qui peuvent donner certains avantages. Ainsi en France, la durée d’allocation est par exemple plus longue pour les plus âgés : jusqu’à 22,5 mois au-delà de 53 ans, jusqu’à 27 mois après 55 ans. En Suède, la durée d’indemnisation est de 300 jours, et peut monter jusqu’à 450 pour une personne avec des enfants à charge.
« Une indemnité longue avec une allocation faible ou l’inverse ? »
En durcissant les règles du chômage, Gabriel Attal explique vouloir « faire bouger un système pour inciter davantage à la reprise d’un emploi ». Mais il reste difficile aujourd’hui de savoir comment le durcissement, ou l’assouplissement, de l’accès à ces allocations peuvent influer sur le retour à l’emploi.
Le taux de chômage de la France se situe actuellement à plus de 7 %, au-dessus de la moyenne européenne de 6 %. Mais si le Royaume-Uni tourne autour de 4 % et l’Allemagne autour de 3 %, les contrats courts et précaires y sont beaucoup plus nombreux. « Il ne faut pas que ce soit trop drastique, sinon les gens retrouvent n’importe quoi, avec des emplois pas stables », explique Bertrand Martinot.
Parmi tous les leviers à disposition, il faut réussir à trouver un équilibre permettant de suffisamment protéger les personnes sans emploi tout en encourageant le retour à l’activité, explique le spécialiste, qui s’interroge : « Qu’est-ce qu’il vaut mieux ? Une indemnité longue avec une allocation faible ou l’inverse ? Il faut essayer de trouver l’optimum. »
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