Le gouvernement a réuni jeudi à Bercy des parlementaires pour tenter de s’accorder sur de nouvelles coupes budgétaires, deux jours après l’annonce du dérapage du déficit 2023, un rendez-vous qui a toutefois débouché sur peu de propositions d’économies.
Ministère du Budget, à Bercy
Mercredi soir, le Premier ministre Gabriel Attal a réaffirmé sur TF1 le “cap” de son gouvernement: ramener le déficit en dessous de 3% du PIB en 2027, un effort chiffré à 50 milliards d’euros par la Cour des comptes.
10 milliards d’euros d’économies ont déjà été actés pour 2024, et 20 milliards de coupes sont annoncés pour 2025.
Mais des “économies supplémentaires” seront nécessaires dès 2024, selon le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, alors que le déficit public s’est établi à 5,5% du produit intérieur brut en 2023, bien au-delà des 4,9% initialement prévus par l’exécutif.
Trouver des économies “réalistes, documentées et significatives”
L’effort reposera non seulement sur l’État, mais aussi sur la Sécurité sociale et les collectivités territoriales, dont les représentants seront reçus le 9 avril à Bercy. L’objectif est d’anticiper autant que possible la préparation du budget pour 2025, en identifiant d’ici la “fin juin” les premières pistes d’économies, a détaillé Gabriel Attal.
C’est précisément pour trouver des économies “réalistes, documentées et significatives” que Bruno Le Maire avait convié députés et sénateurs jeudi à Bercy, avec ses collègues Thomas Cazenave (ministre délégué aux Comptes publics), Catherine Vautrin (Travail) et Frédéric Valletoux (Santé).
Bruno Le Maire “se voulait très ouvert avec tout le monde”, a commenté à l’issue de la réunion Eric Coquerel (LFI), le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale.
“Mais j’ai un peu l’habitude de cette tactique depuis deux ans, à l’arrivée ça ne bouge pas beaucoup par rapport à ce que veut le gouvernement”, a-t-il aussitôt tempéré.
Tout aussi sceptiques, les députés du groupe Liot et les groupes LR et communistes de l’Assemblée nationale et du Sénat avaient tout bonnement choisi de boycotter la réunion. Seule exception côté LR: le sénateur Jean-François Husson, qui était bien présent mais en sa qualité de rapporteur général de la commission des Finances.
“Le grand flou a demeuré”, a-t-il regretté auprès de l’AFP. Le gouvernement a insisté sur la nécessité du désendettement, “mais on ne sait pas à quel niveau. Ils ont maintenu les 3% en 2027, mais on sait bien qu’il n’y a aucune chance” d’atteindre cet objectif, a-t-il déploré.
“Décisions difficiles”
Rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale, la sénatrice Elisabeth Doineau (Union centriste) s’est félicitée du fait que “malgré les postures, tout le monde avait quelque chose à dire et tout le monde l’a fait de façon très calme et sereine”.
Bruno Le Maire et les élus de la majorité “ont confirmé qu’ils ne voulaient pas augmenter les impôts, en tout cas sur les particuliers”, a-t-elle ajouté. Au contraire des propositions fiscales, Eric Coquerel n’a pas entendu “beaucoup de propositions sur la baisse de la dépense publique”, l’objectif pourtant affiché de la réunion.
“Beaucoup de députés ont demandé un projet de loi de finances rectificative”, a ajouté l’élu insoumis.
Mercredi, l’agence Moody’s a estimé “improbable” que le gouvernement atteigne son objectif de déficit de 4,4% du PIB en 2024 et de moins de 3% en 2027.
La trajectoire de déficit du gouvernement “est basée sur des hypothèses (…) optimistes et une modération sans précédent de la dépense”, ajoute Moody’s, soulignant qu’hors pandémie de Covid, le gouvernement n’est parvenu qu’une fois à réduire son déficit de plus d’un point de pourcentage en un an depuis le début du siècle.
Pour la – moins influente – agence de notation Scope, “la France est confrontée à d’importants obstacles budgétaires, sociaux et politiques dans sa quête d’économies supplémentaires” d’ici à 2027.
“Des décisions politiques difficiles seront nécessaires pour réformer l’État-providence et réduire les rigidités de la dépense publique. Les mouvements sociaux pourraient empêcher des progrès rapides, vu l’ampleur de la contestation récente contre la réforme des retraites”, juge encore Scope.
Enfin, au fur et à mesure que l’élection présidentielle de 2027 approchera, la “volonté politique” de tailler dans les dépenses “pourrait s’évanouir”, anticipe l’agence.
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