"De toutes mes vannes, j’en retirerais 20" : Laurent Baffie ne regrette (presque) rien des années Ardisson

Laurent Baffie, 65 ans aujourd’hui, avait un rôle de vanneur à toutes épreuves sur le plateau d’Ardisson.

« La gifle ». C’est comme ça que l’écrivaine Christine Angot a qualifié, dans une tribune à Libération, la décoration de Thierry Ardisson, avec la remise de la Légion d’honneur à l’Élysée par Emmanuel Macron le 11 avril dernier. Depuis l’annonce de l’attribution de la médaille à « l’homme en noir », qui a fait les beaux jours du service public, un extrait de l’un des vieux numéros du programme, datant de 2000, est abondamment relayé sur les réseaux sociaux. On y voit Christine Angot, qui publie alors son livre Quitter la ville, stopper son interview et sortir du plateau, déclarant que l’exercice ne l’« amuse pas ». Quelques secondes avant, Laurent Baffie, permanent de l’émission, lui a lancé un « Je suis en train de parler Christine : tu m’écoutes sinon j’te claque. » C’est cet humour trash qui nourrit désormais les détracteurs de l’émission et de la consécration de Thierry Ardisson par les institutions.

Comment reçoit-on ces critiques dans la galaxie Ardisson ? Y voit-on un procès a posteriori amené par l’air du temps, un jugement anachronique… ou au contraire voit-on les choses différemment avec le recul des années ? Pour le savoir, Marianne s’est donc tourné vers Laurent Baffie, comédien, metteur en scène, auteur… et sniper ardissonien. Aujourd’hui âgé de 65 ans, il fait l’inventaire de cette émission où la parole allait loin, très loin. Trop loin ?

Marianne : Qu’est ce que vous retenez, personnellement, de « Tout le monde en parle », émission devenue culte ?

Laurent Baffie : Ce qui m’a vraiment fait connaître, avec Thierry Ardisson, c’est « Double jeu ». Mais de « Tout le monde en parle » je ne retiens que du positif. C’était une période où on pouvait dire des choses, et puis cette collaboration avec Thierry Ardisson, c’était comme Montaigne et La Boétie : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi. » Je n’étais pas formaté pour faire de la télé, lui non plus. Et on s’est bien trouvé tous les deux et on a eu beaucoup de chance.

Vous avez popularisé le rôle de « sniper », qui ponctue l’émission de vannes, que ce soit face à une star mondiale ou une personne moins à l’aise sur les plateaux. Avec le recul, vous êtes parfois allés trop loin ?

C’est clair que parfois on se laissait aller à des facilités. Je le regrette. Quand il y avait des chanteuses comme les L5, par exemple, c’était de la chair à canon, et si j’ai pu leur faire de la peine je le regrette franchement. J’ai entendu dire que Lara Fabian s’était plainte de nous dans une interview [donnée à l’émission « Clique », N.D.L.R.] et franchement je la comprends. On n’était pas très tendres avec les chanteuses, et pas toujours finauds.

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Rétrospectivement, est-ce que vous pensez que vous avez été plus durs avec les femmes qu’avec les hommes ?

La facilité de nos vannes, elle était aussi avec des chanteurs. On appelait ça des proies faciles, mais il n’y a jamais eu de malice, c’était juste pour faire des vannes. Je me rappelle de passages avec Frédéric François où il se passait la même chose, ou avec Jean-Luc Lahaye qui était un peu ma tête de turc. Donc non, on ne visait pas que les femmes.

Depuis la remise de la légion d’honneur à Thierry Ardisson, le 11 avril, ressort un extrait où vous dites à Christine Angot « tu m’écoutes sinon j’te claque » alors qu’elle venait présenter son livre. Elle a ensuite quitté le plateau. Vous regrettez votre attitude sur des sujets de violences sexistes et sexuelles ?

Ma vanne était extrêmement maladroite. Elle était nulle et je la regrette. Mais il faut bien dire que partout où elle passait c’était le malaise. Elle prenait les émissions en otage. Depuis quelques années Christine Angot se répand partout. Je m’en fous d’elle. Pour moi, elle est extrêmement désagréable et malhonnête. D’autant que je ne réagissais absolument pas au sujet évoqué dans son livre mais au malaise qu’elle instaurait. Il y avait une chape de plomb quand elle arrivait : il ne fallait rien dire. C’était flippant.

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Est-ce que, au vu de votre ton sur le plateau, certains invités n’auraient pas dû l’être ?

Ce n’est pas mon job d’inviter les gens. Les invités, souvent, je ne les connaissais pas, contrairement à Thierry Ardisson qui bossait ses fiches comme un malade pendant une semaine. Je foutais les pieds sous le bureau, je voulais être frais. Évidemment, j’ai fait des vannes que je regrette. Quand Jean-Hugues Anglade a évoqué le viol qu’il a subi pour la première fois, j’ai fait une vanne complètement nulle qui est tombée à plat. Des milliers de vannes que j’ai faites, j’en retirerais une vingtaine, dont celles à Christine Angot et Jean-Hugues Anglade. Mais en général je fermais ma gueule sur les sujets dramatiques. J’étais assez rigoureux sur ces sujets. J’étais là pour dire des conneries, j’ai cédé à des facilités, mais j’ai fait des bonnes vannes aussi, parfois.

Vous pensez que « Tout le monde en parle » laisse un héritage positif ?

Ce que je retiens de cette émission c’est que c’était le reflet d’une époque. À l’époque des gens ne sortaient pas le samedi soir pour pouvoir regarder l’émission. Ils avaient peur de louper un truc. Et le lundi matin tout le monde en parlait à la machine à café. C’est fini maintenant. Les gens s’en foutent de la télé. Il n’y a aucune émission qui retient les gens devant la télé quand ils ont envie de sortir.

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Plus tard, avec « Salut les terriens » j’avais un peu moins de plaisir parce que je trouvais que les invités étaient moins prestigieux et c’était plus polémique. Et moi je déteste les polémiques et je déteste la politique, puis les débats je n’étais pas très à l’aise donc je savais que là j’allais subir un débat. Au bout de la dixième fois on était on était moins enthousiastes à l’idée de recevoir Amir et Amel Bent.

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